LES QUATRE SANCTUAIRES
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héréditaire, devenue une vraie tribu, qui remontait aux origines mêmes de la vie sédentaire
dans l’oasis au IIe millénnaire. C’est dans ce sanctuaire que les benê Ma'zîn sont allés
chercher les compagnons de triade pour leur dieu Ba'alsamên, lorsqu’ils décidèrent de
former un système théologique conforme aux usages contemporains 154. Ajoutons que
ces nouveaux venus s’intégraient ainsi dans la vie religieuse de leur nouvelle patrie. Le
culte de 'Aglibôl et Malakbel fait ainsi figure du vrai culte ancestral, desservi dès l’origine
par des officiants qui étaient prêtres par excellence, comme leur nom tribal l’indique.
L’emplacement du « bois » n’est pas malheureusement défini ; deux inscriptions qui
s’y réfèrent ont été retrouvées dans la région à l’est du temple de Bel, encore aujourd’hui
recouverte de jardins, mais trois nous viennent du Camp de Dioclétien 155. La provenance
des autres n’est pas connue, mais on peut présumer que la plupart des textes de l’Inven-
taire XI publiés par J. Teixidor a été trouvée lors de la démolition de l’ancien village,
donc aux abords du temple de Bel, sinon dans son téménos même. Je suis donc enclin
à admettre qu’il faut chercher de ce côté. Pourtant, la présence de trois textes au Camp
de Dioclétien (et il s’agit dans chaque cas d’une lourde base de statue) appelle une expli-
cation. Nous y reviendrons en analysant l’ensemble des monuments du Camp.
L’identité de deux autres tribus du quattuor, dont l’une était peut-être la Claudia,
est inconnue ; s’il est juste que leurs sanctuaires étaient ceux d’Arsû et d’Atargatis (ce qui
est en effet très probable), nous ne sommes pas plus avancés. Aucune tribu n’est attachée
à ces cultes dans les documents existants. Un texte qui commémore l’érection d’un autel
à Arsû par un membre des benê Mattabôl ne saurait suffire comme argument156. Le
culte d’Atargatis est d’ailleurs très peu attesté 157 : une tessère mise a part, le seul témoi-
gnage est fourni par une inscription sur une base de colonne qui présente la dédicace d’une
statue à un certain Ahofalî (Αοφαλειν), fils de Hairan Saba Hairan Bônnâ, datée de juillet 140
par les soins du Sénat (fig. 8) :
J—--] w [m]gd lh h[r]nT Pim’ w[m]qlwt’ w’m[r m]hr[mn] l[ml]kb[l]
w [g]d tymy wPtf'th [w]l’[-—]b[. . . ,]!t dmysyt lyqrh byrh [qnyn] snt45[l]
/
«... et il lui (c’est-à-dire au Sénat) a offert une largesse perpétuelle et sacrifice holocauste,
et il a permis des fondations (pieuses) à Malakbel et à Gad Taimai et à 'Atar'ateh[-—-[
des deniers publics, pour l’honorer. Au mois de juillet de l’an 45[1] ».
Le nabatéen fournit mhrmf avec le sens de « sanctuaire, lieu de culte », mais ici il
s’agit évidemment d’autre chose. Je traduis d’après le sens général de hrm et par analogie
du grec. La restitution [m\qlwf, « holocauste », et plusieures corrections sont dues à
J. T. Milik. Je traduis dmysyt d’après δημοσίοις 158. Voici le fragment correspondant du
grec:
... έπανγει[λο]μένον αύτγ) έπιδόσιν αίώνιαν [κα]ί θυσίαν και ε[τε]ρα αναθέματα [Μα]λαχβηλω
και Τύχη Θαιμειος κ[αι Άτα]ργατει πατρώοις θεοϊς ...
154 Η. Seyrig, Bel de Palmyre, Syria 48, 1971, p. 113.
155 H. I n g h o 11, Berytus 3, 1936, p. 109, H. Seyrig, Syria 18, 1937, p. 372 (à l’est du temple de
Bel); RSP 162 (= Syria 47, 1970, p. 319), 157 (= Inv. VI, 6), 160.
156 CIS II 3975; cf. pourtant Milik, p. 29.
157 CIS II 3927, RTP 201.
158 Pour les restitutions de Milik, p. 3 ; pour δημοσίοις , cf. p.ex. Chr. Dunant, Museum Helve-
cum, 13, 1956, 216.
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héréditaire, devenue une vraie tribu, qui remontait aux origines mêmes de la vie sédentaire
dans l’oasis au IIe millénnaire. C’est dans ce sanctuaire que les benê Ma'zîn sont allés
chercher les compagnons de triade pour leur dieu Ba'alsamên, lorsqu’ils décidèrent de
former un système théologique conforme aux usages contemporains 154. Ajoutons que
ces nouveaux venus s’intégraient ainsi dans la vie religieuse de leur nouvelle patrie. Le
culte de 'Aglibôl et Malakbel fait ainsi figure du vrai culte ancestral, desservi dès l’origine
par des officiants qui étaient prêtres par excellence, comme leur nom tribal l’indique.
L’emplacement du « bois » n’est pas malheureusement défini ; deux inscriptions qui
s’y réfèrent ont été retrouvées dans la région à l’est du temple de Bel, encore aujourd’hui
recouverte de jardins, mais trois nous viennent du Camp de Dioclétien 155. La provenance
des autres n’est pas connue, mais on peut présumer que la plupart des textes de l’Inven-
taire XI publiés par J. Teixidor a été trouvée lors de la démolition de l’ancien village,
donc aux abords du temple de Bel, sinon dans son téménos même. Je suis donc enclin
à admettre qu’il faut chercher de ce côté. Pourtant, la présence de trois textes au Camp
de Dioclétien (et il s’agit dans chaque cas d’une lourde base de statue) appelle une expli-
cation. Nous y reviendrons en analysant l’ensemble des monuments du Camp.
L’identité de deux autres tribus du quattuor, dont l’une était peut-être la Claudia,
est inconnue ; s’il est juste que leurs sanctuaires étaient ceux d’Arsû et d’Atargatis (ce qui
est en effet très probable), nous ne sommes pas plus avancés. Aucune tribu n’est attachée
à ces cultes dans les documents existants. Un texte qui commémore l’érection d’un autel
à Arsû par un membre des benê Mattabôl ne saurait suffire comme argument156. Le
culte d’Atargatis est d’ailleurs très peu attesté 157 : une tessère mise a part, le seul témoi-
gnage est fourni par une inscription sur une base de colonne qui présente la dédicace d’une
statue à un certain Ahofalî (Αοφαλειν), fils de Hairan Saba Hairan Bônnâ, datée de juillet 140
par les soins du Sénat (fig. 8) :
J—--] w [m]gd lh h[r]nT Pim’ w[m]qlwt’ w’m[r m]hr[mn] l[ml]kb[l]
w [g]d tymy wPtf'th [w]l’[-—]b[. . . ,]!t dmysyt lyqrh byrh [qnyn] snt45[l]
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«... et il lui (c’est-à-dire au Sénat) a offert une largesse perpétuelle et sacrifice holocauste,
et il a permis des fondations (pieuses) à Malakbel et à Gad Taimai et à 'Atar'ateh[-—-[
des deniers publics, pour l’honorer. Au mois de juillet de l’an 45[1] ».
Le nabatéen fournit mhrmf avec le sens de « sanctuaire, lieu de culte », mais ici il
s’agit évidemment d’autre chose. Je traduis d’après le sens général de hrm et par analogie
du grec. La restitution [m\qlwf, « holocauste », et plusieures corrections sont dues à
J. T. Milik. Je traduis dmysyt d’après δημοσίοις 158. Voici le fragment correspondant du
grec:
... έπανγει[λο]μένον αύτγ) έπιδόσιν αίώνιαν [κα]ί θυσίαν και ε[τε]ρα αναθέματα [Μα]λαχβηλω
και Τύχη Θαιμειος κ[αι Άτα]ργατει πατρώοις θεοϊς ...
154 Η. Seyrig, Bel de Palmyre, Syria 48, 1971, p. 113.
155 H. I n g h o 11, Berytus 3, 1936, p. 109, H. Seyrig, Syria 18, 1937, p. 372 (à l’est du temple de
Bel); RSP 162 (= Syria 47, 1970, p. 319), 157 (= Inv. VI, 6), 160.
156 CIS II 3975; cf. pourtant Milik, p. 29.
157 CIS II 3927, RTP 201.
158 Pour les restitutions de Milik, p. 3 ; pour δημοσίοις , cf. p.ex. Chr. Dunant, Museum Helve-
cum, 13, 1956, 216.
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