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LE GRAND TEMPLE
byrh ’b §nt 39[. sim mqymw]
rb’ br zbdbw<l> 'rym5 sim z[bdbwl brh sim]
mlkw brh sim bwrp’ brh [— -]
« Ces statues et leurs niches et [leurs bases a fait] et construit Moqîmû, fils de Moqîmfû,
fils de Zabdibôl] en l’honneur de Moqîmû son père et de [ses frères -—· — —] au mois
de Ab de l’an 39[. Statue de Moqîmû] l’Ancien, fils de Zabdibô<l> 'Arîmâ. Statue de
Z[abdibôl son fils. Statue] de Malikû son fils. Statue de Bôrrefâ son fils [— — ·—] ».
Le groupe comprenait donc au moins quatre statues, placées dans les niches d’une
construction. La date correspond à 79 ou quelques ans plus tard.
Dans l’inscription du temple de Belhammôn, le « portique en marbre » signifie les deux
colonnes calcaires du vestibule accolé au bastion, tandis que le « portique au-dessus »
était sans doute formé par des colonnes à l’étage de l’édifice. Quant à l’objet en bronze,
A. Dupont-Sommer voulait l’identifier au « mur du bassin» ou « margelle (d’un puits) » 101,
mais à vrai dire l’idée d’un mur en bronze paraît assez surprenante. J. Teixidor a cru
plutôt à un « mur latéral » 102. On pourrait penser au « cratère circulaire », les deux com-
posantes du mot étant d’origine mésopotamienne (saru + gnbbu)103, mais le « cratère »
s’écrivait en palmyrénien gb’f 104 et le sens de « puits, citerne » pour gb’, attesté en pal-
myrénien 105, ne convient évidemment pas ici, étant donné que le sanctuaire est situé
sur une hauteur. J. Starcky me suggère que l’objet pouvait être la cupule en bronze d’un
autel à feu de dimensions monumentales ; on verra tout à l’heure que le nom même de
Belhammôn pourrait signifier « Maître de l’autel à feu ». L’étymologie de srgtf restera
toujours inexpliquée.
Une inscription que je viens de publier 106 ajoute une donnée nouvelle à la person-
nalité de Belhammôn et de Manawat. Il s’agit d’un autel, dédié en 128 au dieu anonyme
par ces deux divinités bgmwt, c’est-à-dire, dans ma traduction assez incertaine, « à l’oc-
casion de l’hiérogamie » (d’après le grec γάμος). Si mon interprétation est juste, on aurait
célébré la mariage sacré de Bel dans son avatar de Belhammôn avec Manawat. La nature
et l’origine de Belhammôn sont sujettes à discussion. H. Ingholt explique le nom de
ce dieu, connu déjà à Ugarit et en Phénicie comme Ba'al Hammon 107, par « Ba'al
du havimân », c’est-à-dire du pyrée (θυμιατήριον), brûle-parfum métallique élevé sur un
autel en pierre, comme il ressort clairement des occurences bibliques du mot hammân los.
L’inscription palmyrénienne d’un autel dédié à Śamś 109 parle de lirnti dnh w'if dh, « ce
hammanâ et cet autel » ; H. Ingholt remarque que le relief sur l’autre face de l’autel
représente un pyrée métallique entre deux dédicants et conclue que cet objet était précisé-
101 CRAI 1966, pp. 188-189 {Sûr gubbâ).
102 BES 1968, p. 380, n° 98.
103 Je l’ai proposé dans Syria 48, 1971, p. 410, n. 3.
104 PNO 22 {gb’tn ; les éditeurs coupent gb’ t[— — —]) et un inédit où le mot est complet (cour du Musée
de Palmyre). Dans l’inscription Tadmorea 33, Syria 19, 1938, p. 80, reproduite telle quelle par M i 1 i k, p. 147,
on restituera ’lt’ \dh wgb~\’t’, « cet autel et cratère », objets offerts en 37 p.C. à 'Aglibôl et Malakbel par deux
particuliers.
105 Cf. RSP 127 {bt gb’) et infra, p. 116.
106 Syria 48, 1971, p. 407.
107 Ne pas confondre avec Juppiter Hammon de Boçra, qui est Ammon de Siwa, cf. D. S o u r d e 1,
Les cultes du Hauran à l’époque romaine, Paris 1952, pp. 88-91.
108 Dans Mélanges syriens offerts à M. René Dussaud II, 1939, p. 795 suiv., en particulier p. 801, n. 6;
cf. BES 1968, n° 98.
109 CIS II 3978.
LE GRAND TEMPLE
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« Ces statues et leurs niches et [leurs bases a fait] et construit Moqîmû, fils de Moqîmfû,
fils de Zabdibôl] en l’honneur de Moqîmû son père et de [ses frères -—· — —] au mois
de Ab de l’an 39[. Statue de Moqîmû] l’Ancien, fils de Zabdibô<l> 'Arîmâ. Statue de
Z[abdibôl son fils. Statue] de Malikû son fils. Statue de Bôrrefâ son fils [— — ·—] ».
Le groupe comprenait donc au moins quatre statues, placées dans les niches d’une
construction. La date correspond à 79 ou quelques ans plus tard.
Dans l’inscription du temple de Belhammôn, le « portique en marbre » signifie les deux
colonnes calcaires du vestibule accolé au bastion, tandis que le « portique au-dessus »
était sans doute formé par des colonnes à l’étage de l’édifice. Quant à l’objet en bronze,
A. Dupont-Sommer voulait l’identifier au « mur du bassin» ou « margelle (d’un puits) » 101,
mais à vrai dire l’idée d’un mur en bronze paraît assez surprenante. J. Teixidor a cru
plutôt à un « mur latéral » 102. On pourrait penser au « cratère circulaire », les deux com-
posantes du mot étant d’origine mésopotamienne (saru + gnbbu)103, mais le « cratère »
s’écrivait en palmyrénien gb’f 104 et le sens de « puits, citerne » pour gb’, attesté en pal-
myrénien 105, ne convient évidemment pas ici, étant donné que le sanctuaire est situé
sur une hauteur. J. Starcky me suggère que l’objet pouvait être la cupule en bronze d’un
autel à feu de dimensions monumentales ; on verra tout à l’heure que le nom même de
Belhammôn pourrait signifier « Maître de l’autel à feu ». L’étymologie de srgtf restera
toujours inexpliquée.
Une inscription que je viens de publier 106 ajoute une donnée nouvelle à la person-
nalité de Belhammôn et de Manawat. Il s’agit d’un autel, dédié en 128 au dieu anonyme
par ces deux divinités bgmwt, c’est-à-dire, dans ma traduction assez incertaine, « à l’oc-
casion de l’hiérogamie » (d’après le grec γάμος). Si mon interprétation est juste, on aurait
célébré la mariage sacré de Bel dans son avatar de Belhammôn avec Manawat. La nature
et l’origine de Belhammôn sont sujettes à discussion. H. Ingholt explique le nom de
ce dieu, connu déjà à Ugarit et en Phénicie comme Ba'al Hammon 107, par « Ba'al
du havimân », c’est-à-dire du pyrée (θυμιατήριον), brûle-parfum métallique élevé sur un
autel en pierre, comme il ressort clairement des occurences bibliques du mot hammân los.
L’inscription palmyrénienne d’un autel dédié à Śamś 109 parle de lirnti dnh w'if dh, « ce
hammanâ et cet autel » ; H. Ingholt remarque que le relief sur l’autre face de l’autel
représente un pyrée métallique entre deux dédicants et conclue que cet objet était précisé-
101 CRAI 1966, pp. 188-189 {Sûr gubbâ).
102 BES 1968, p. 380, n° 98.
103 Je l’ai proposé dans Syria 48, 1971, p. 410, n. 3.
104 PNO 22 {gb’tn ; les éditeurs coupent gb’ t[— — —]) et un inédit où le mot est complet (cour du Musée
de Palmyre). Dans l’inscription Tadmorea 33, Syria 19, 1938, p. 80, reproduite telle quelle par M i 1 i k, p. 147,
on restituera ’lt’ \dh wgb~\’t’, « cet autel et cratère », objets offerts en 37 p.C. à 'Aglibôl et Malakbel par deux
particuliers.
105 Cf. RSP 127 {bt gb’) et infra, p. 116.
106 Syria 48, 1971, p. 407.
107 Ne pas confondre avec Juppiter Hammon de Boçra, qui est Ammon de Siwa, cf. D. S o u r d e 1,
Les cultes du Hauran à l’époque romaine, Paris 1952, pp. 88-91.
108 Dans Mélanges syriens offerts à M. René Dussaud II, 1939, p. 795 suiv., en particulier p. 801, n. 6;
cf. BES 1968, n° 98.
109 CIS II 3978.