Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Perrot, Georges; Guillaume, Edmond; Delbet, Jules
Exploration archéologique de la Galatie et de la Bithynie, d'une partie de la Mysie, de la Phrygie, de la Cappadoce et du Pont (Band 1) — Paris, 1872

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.4621#0067
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
— 63 —

nomination, qui s'applique maintenant, non à tel ou tel des nombreux villages de ce canton,
mais à l'ensemble de tout le district. Tandis que les premiers éditeurs d'Aristide cherchaient,
par conjecture, à déterminer, d'après plusieurs passages de leur auteur, quelle avait pu être la
position de sa patrie, et dans quelle région il fallait la chercher, le premier, le colonel Leake,
auquel la géographie des terres classiques doit de si précieuses découvertes, apercevant dans un
géographe turc, Aboubekr, le nom à'Edrenons donné à un caza au sud de l'Olympe, comprit
que ce devait être là une trace de l'Hadriam d'Aristide et des médailles (1), et après lui, M. Wil-
liam Hamilton, le premier, si je ne me trompe, a traversé ce pays et retrouvé sur le terrain,
auprès du village de Beidjik, l'emplacement même de l'ancienne cité, depuis bien des années
ruinée et déserte (2).

Hadrien avait heureusement, choisi remplacement de la cité nouvelle. Elle était située auprès
de l'endroit où la voie de Pruse à Pergame traversait le Pdiyndacus, et sur cette route même;
à la hauteur de la ville, la vallée du Rhyndacus, étroite et profonde au-dessus et au-dessous
de ce point, s'ouvre et s'élargit sensiblement. Tout le district qui formait autrefois le territoire
d'Hadriani et qui en a porté le nom jusqu'à nos jours, au lieu d'être couvert de bois et coupé,
comme le pays qui l'entoure, de gorges presque infranchissables et d'âpres ravins, où la forêt
seule peut prospérer, se compose de spacieuses vallées dont le fond est parcouru par de petits
ruisseaux affluents du Rhyndacus; les pentes, doucement inclinées, se prêtent à peu près par-
tout à la culture. Aussi ce canton a-t-il conservé une population plus dense que le reste de
l'ancienne Mysie Abrettène; s'il ne renferme aucune ville, on y compte, nous assure-t-on, une
centaine de villages (beaucoup, il est vrai, ne sont que de petits hameaux). La race turque est
belle dans toutes ces montagnes, oii aucun élément grec ne parait avoir survécu à la con-
quête; ce sont ici les descendants directs des compagnons d'Othman et d'Orkhan, des conqué-
rants de Brousse et de Nicée. Les hommes sont, dans tous les villages que nous traversons,
de Kassaba à Harmandjik, en remontant la vallée du Rhyndacus, d'une grandeur et d'une force
remarquables. Un des villages d'Édrinas porte encore le nom d'Orchanas; le sultan Orchan,
raconte-t-on clans le pays, aurait résidé là pendant une partie de sa vie.

C'est à cinquante minutes de marche vers l'E.-N.-E. du village de Serdc/télé, situé sur un
joli ruisseau qui descend au Rhyndacus, que nous rencontrâmes les premiers vestiges de la ville
d'Hadriani. Sur une colline de forme ronde qui domine le fleuve se trouvent les restes d'une
enceinte byzantine, dans l'intérieur de laquelle on voit des traces de maisons; on distingue
dans l'eau des piles de maçonnerie, où se trouvent engagés de gros blocs qui devaient faire
partie du pont élevé certainement en cet endroit par les Romains. Cette position facile à dé-
fendre, et qui surveillait le passage du fleuve, fut sans doute, aux heures de misère et de
terreur, le dernier abri de la ville expirante; c'est là que la population, ruinée par les invasions
des barbares, appauvrie et diminuée par les guerres étrangères et civiles, se réfugia pour pro-
longer quelque temps encore sa triste agonie. Rien d'antique d'ailleurs sur cette colline, que
quelques fragments d'architecture mêlés aux constructions ; ce sont peut-être des débris de
quelque temple qui se serait élevé en cet endroit, au-dessus de la jolie plaine que forme en
s'élargissant la vallée du Rhyndacus.

La ville proprement dite ne s'était point élevée si près du fleuve dont les inondations sont
parfois, nous dit-on, très-redoutables; elle se trouvait à environ trois kilomètres du Rhyndacus,
au S. 0. du pont, dans une petite plaine que des collines basses, à larges pentes, séparent
du fleuve; le village de Beidjik est à deux mille mètres environ à l'E. des ruines. Le sol est, sur

(1) W. M. Leake. Journal of a taurin Àsia Minor, page 27;

(2) Hamilton, Researches in Asia Minor, t. I. pages 87-9J.
 
Annotationen