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Perrot, Georges; Guillaume, Edmond; Delbet, Jules
Exploration archéologique de la Galatie et de la Bithynie, d'une partie de la Mysie, de la Phrygie, de la Cappadoce et du Pont (Band 1) — Paris, 1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.4621#0097
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— 93 —

nous croyons devoir donner le nom de Miletopolitis. Mais ce que n'indique point la carte, c'est
que tout le terrain qui sépare les deux lacs et que traverse le cours du Makestos, est une
prairie basse, inondée pendant une grande partie de l'année. Ayant perdu la chaussée, nous
n'arrivâmes à Mualitch, le 14 mai, qu'en poussant nos chevaux à travers des marécages où
l'eau leur montait souvent jusqu'au ventre. L'étendue des deux lacs, du côté où ils ne sont
circonscrits que par cette plaine sans relief sensible , doit varier d'une année à l'autre, et il
est très-possible qu'il y a quelques siècles, le lac occidental, même quand ses eaux étaient à
l'étiage, vint presque baigner les murs de Miletopolis.

Le passage de Strabon, que nous avons cité plus haut, soulève un problème de géographie
historique des plus curieux et des plus difficiles à résoudre. Il mentionne, de la manière la plus
formelle, une troisième ville et un troisième lac, Daskylion et le lac Daskylitis. On n'a encore
retrouvé ni la ville ni le lac. Le nom de Daskylion parait pourtant assez souvent dans l'his-
toire, car c'est là qu'était, sous les Achéménides, le chef-lieu d'une satrapie qui comprenait la Mysie
et la Bithynie (1). C'est à Daskylion que se trouvait, nous le savons par Xénophon, la résidence de
Pharnabaze, ce satrape de Phrygie auquel Agésilas fit la guerre : « Agésilas, nous dit-il, marcha vers
Daskylion, où était situé le palais de Pharnabaze, entouré de villages considérables et bien appro-
visionnés; des parcs clos de toutes parts, ou des plaines spacieuses, invitaient à la chasse. Au-
tour de Daskylion coulait une rivière abondante en poissons de toute espèce. Les volatiles ne
manquaient pas à ceux qui voulaient chasser aux oiseaux (2). »

Ce passage pourrait faire croire que ce nom de Daskylion ne désignait que le palais du satrape
et le beau domaine qui l'entourait, domaine qu'avait planté le père de Pharnabaze, Pharnace,
titulaire avant lui de cette satrapie (3), et où il avait cherché à réunir tous les agréments, tous
les plaisirs auxquels tenaient les grands seigneurs perses. Il y a pourtant lieu de penser qu'il y
avait là autre chose qu'une maison de plaisance et que les habitations des fermiers et des gardes
du gouverneur de Phrygie. Ce qui prouve qu'une petite ville était voisine, vers cette époque même,
delà résidence de Pharnace et de Pharnabaze, c'est un document contemporain de ces satrapes,
ce sont les listes officielles des villes tributaires d'Athènes, listes qui, dans leur état actuel, vont,
selon Boeckh, de 447 à 406. Dans cinq de ces listes, ou plutôt de ces fragments de listes, on
trouve mentionné Daskylion, presque toujours avec ces mots sv npo-rcovuSi, sur la Propon-
tide (Aa<rx,uXaûv, Aasx.o'Xs'.avû!;, Accax,'j).îiov sv npoTCovTÎSt,) (4). Le tribut que l'on peut déduire des
cotes indiquées, en suivant la méthode de Boeckh, est très-faible, un des plus faibles que
contiennent les listes; il ne parait pas avoir dépassé 1,000 drachmes. Les villes voisines de Kios
et de Bryllion, quoique cette dernière ne nous soit connue d'ailleurs que par Etienne de By-
zance et Pline l'Ancien, auraient été imposées plus haut, Kios à 2,000 drachmes, Bryllion à
un talent.

De ce passage des marbres athéniens il faut rapprocher le texte d'Etienne de Byzance, qui
rattache cette petite ville de Daskylion, taxée si bas, à cette cité voisine, Bryllion, sur la-
quelle nous avons si peu de renseignements : ce Bryllion, ville sur la Propontidc ; Ephore,
dans son sixième livre, dit que c'est la même ville que Kios. L'ethnique est Bryllianos , et le
canton porte le nom de Bryllis, au féminin. C'est dans ce canton que se trouve la toute petite ville

(1) Hérodote, III, 120, 126.

(2) Xénoph., Hel/enica,lV, r, i5. Cf. ibid. III, 4, i3.

(3) Xénophon, Hellenica, IV, 1, 33. « Ces beaux palais, ces parcs pleins de grands arbres et de bètes fauves que mon
père m'avait laissés, » dit Pharnabaze à Agésilas, « et qui faisaient mes délices, je les vois bridés et ravagés. » Pharnace
est mentionné par Thucydide, II, 67 et V, 1, comme gouverneur de la province qui touche à l'Hellespont.

(4) Boeckh, Slaatsaushaltung der Jthener, t. II, p. 679, 676, 698.

T. 1. M
 
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