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Perrot, Georges; Guillaume, Edmond; Delbet, Jules
Exploration archéologique de la Galatie et de la Bithynie, d'une partie de la Mysie, de la Phrygie, de la Cappadoce et du Pont (Band 1) — Paris, 1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.4621#0107
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103 —

détours, et qu'à plus d'un endroit il était dominé par des rochers et des escarpements qui rendent
le passage impossible. Il fallut donc nous résigner; nous franchîmes de nouveau le fleuve et nous
nous retrouvâmes sur la rive gauche. Quittant alors le bord du Rhyndacos, que nous perdîmes
bientôt de vue, nous nous enfonçâmes dans un massif montagneux qui fait face à l'Olympe. La
hauteur de ces crêtes allongées, sur lesquelles nous cheminons, dans la direction du sud-est, pen-
dant tout un jour, est bien inférieure à celle de l'Olympe, et aucun sommet élevé ne s'en détache
et n'attire les yeux. Notre sentier court à travers une forêt de chênes, de hêtres et de pins;
les villages sont rares; nous en apercevons trois ou quatre à distance, mais nous n'en traversons
pas un seul. Les arbres ne sont pas très-grands, mais ils forment une futaie serrée qu'interrom-
pent à peine, de place en place, quelques rares clairières. Nous couchons dans un hameau de
quinze maisons, Ak-tach, qui doit son nom, «la Pierre Blanche, » à une grande paroi de roche
qui le domine. La neige reste ici, nous dit-on, deux ou trois mois sur la teiTe. On n'a que quatre
mois pour la culture et la récolte des céréales. On essaye de produire quelques cocons, mais les
mûriers souffrent souvent. Le 2o mai 1861, ils n'avaient pas encore leurs feuilles ouvertes. Nous
n'avons trouvé depuis Kassaba aucune trace d'antiquités, et d'ailleurs j'imagine que ce pays acci-
denté et boisé, avec ses longs hivers, devait présenter, dans les temps anciens, à peu près le
même aspect qu'aujourd'hui, et ne pas être très-peuplé. Il y aurait pointant, nous assure-t-on,
une grande « pierre écrite,» dans un village que, d'après les explications fournies par nos hôtes
d'Ak-tach, nous aurions laissé sur notre droite, à une heure ou deux du sentier que nous
avons suivi. Ce village s'appelle Quar-iaghmaz, mot à mot : a II n'y neige pas. » Il est situé
probablement dans quelque fond bien abrité, où un climat plus doux avait attiré autrefois quel-
que population. Cette inscription, dit-on, des Francs auraient voulu l'enlever; ils auraient fait
prix avec les gens du village pour obtenir la permission de l'emporter; mais la pierre se serait
trouvée trop lourde, et ils auraient dû, après quelques vaines tentatives, renoncer à leur projet.

D'Ak-tach, nous continuâmes à descendre au sud-est jusqu'à Indjè-keui, puis nous remontâmes
vers le nord pour traverser dans toute son étendue le district à'Édrinas, et pour visiter les ruines de
l'ancienne ville d'Hadriani ad Olympum. Ce district et ces ruines ont été rattachés, dans notre descrip-
tion, à la Bithynie (voir p. 61-67). Le Rhyndacos, au-dessus de Beidjeh, le village le plus voisin des
ruines d'Hadriani, est encore resserré dans une gorge étroite qui force le voyageur à s'en éloigner,
et qui empêche de suivre son cours autrement qu'à distance et du haut des plateaux. Ce n'est qu'a-
près Harmandjik que les crêtes s'abaissent peu à peu et s'écartent; insensiblement le fond de la
vallée se relève et son contour s'élargit; les montagnes se changent en collines, et, à partir de
Taouchanlou, on se sent au seuil de cette haute plaine qui formait le domaine d'Aizani.

Aux trois quarts du chemin qui sépare Harmandjik du gros bourg de Mohimoul, à quarante mi-
nutes à l'est-sud-est du hameau (¥Iéni-keni, se trouve un intéressant monument de style phry-
gien, qui présente une frappante analogie avec quelques-uns de ceux que Leake a le premier
découverts et décrits au centre de la Phrygie, dans le voisinage de Seïd-el-Ghazi. C'est le plus oc-
cidental de tous ces monuments, qu'une très-vraisemblable conjecture attribue à l'art des anciens
Phrygiens, de cette population indo-européenne que les plus anciennes traditions nous montrent
établie, vers le commencement des temps historiques, dans les hautes vallées du Rhyndacos et
du Sangarios, ainsi que sur le cours moyen de l'Halys. Il n'y a d'ailleurs point à s'étonner de
trouver un monument phrygien au pied de l'Olympe mysien, et en deçà des limites que les géo-
graphes assignent à l'ancienne Mysie. Selon toute vraisemblance, les Mysiens étaient de très-
proches parents des Phrygiens, et appartenaient, comme eux, au groupe des populations thraces,
groupe mal connu et très-difficile à étudier, mais qui appartenait certainement à la grande famille
indo-européenne. Enfin, comme le dit expressément Strabon en rappelant un dicton populaire que
nous avons cité antérieurement (p. 61, note 1), il était déjà difficile, dans l'antiquité même, de dé-
 
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