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reconnaître quel parti nous avons tiré de l'ouvrage de M. Barth, pour dresser notre itinéraire et
fixer les points sur lesquels porterait surtout l'effort de nos recherches (1).
Nous-mêmes, nous étions pressés par le temps : le champ d'exploration qui nous avait été indiqué,
c'était la Galatie ; le but qui nous avait été assigné, c'était Ancyre et son temple d'Auguste ; nous avions
hâte d'y arriver. Nous dûmes donc nous restreindre volontairement, et choisir parmi les monuments
intéressants à divers titres que renferme tout ce canton. Négligeant les plus connus, nous eu étu-
diâmes deux qui avaient jusqu'ici moins attiré l'attention, le tombeau de Kumbet, qui ne figure pas
dans l'ouvrage de M. Texier, et la vieille forteresse primitive de Pischmicli-kalé-si, que les voya-
geurs s'étaient jusqu'alors contentés d'apercevoir de la vallée; aucun du moins, croyons-nous, n'en
avait encore relevé le plan et n'en avait indiqué les dispositions principales. Ajoutons que, pendant
le peu de jours que nous passâmes clans ce district, nous fûmes, quoique en plein mois de juin,
gènes par la pluie et le vent. Notre appareil de photographie fut renversé à Kumbet, renversé
et brisé devant le tombeau de Midas. Ce fut même cette dernière mésaventure qui nous décida à
quitter la place le soir même, et à ne point passer la nuit, comme nous en avions formé le projet, dans
une chambre funéraire voisine où trois lits, creusés dans le roc, étaient prêts à recevoir nos matelas.
Nous pûmes heureusement, à Siwri-hissar, réparer les dégâts qu'avait faits, dans notre chambre noire,
la brusque chute du pied qui la supportait.
Notre route de Routahia à Kumbet n'a d'intérêt (pie pour la topographie; c'est dans nos itinéraires
qu'il faut en chercher les détails. Nous marchons, en général, vers le sud-est; aussitôt que l'on est
sorti de la plaine blanchâtre de Koutahia, le terrain devient boisé et présente des aspects variés ; il y a
partout des fontaines; des pins clair-semés, mais d'une assez jolie venue, garnissent les pentes grises.
Le village à'Aholouk, auprès duquel nous passons, occupe le centre d'un petit vallon fertile où se
trouvait certainement une bourgade antique. Nous remarquons de grandes pierres de taille engagées
dans les murs des pauvres maisons du hameau ; dans le cimetière gisent plusieurs colonnes byzan-
tines, et une fontaine voisine contient une stèle dont l'inscription est malheureusement illisible.
Après le ïaïla d'Aholouk, où nous avions passé la nuit, le pays devient encore plus charmant. Des
pins couvrent toutes les hauteurs ; d'autres sont semés par bouquets dans la prairie. Il y a des moments
où l'on se croirait dans un parc anglais. C'estphis ouvert etplus riant que les gorges de l'Olympe. Cela
rappellerait certaines parties de la Suisse, si la verdure des pins n'était plus claire, si leurs formes
n'étaient beaucoup plus variées que celles des sapins. Le soir du second jour de marche après notre
départ de Routahia, nous apercevions Kumbet, assez grand village assis au sommet d'une masse de
rochers dont l'aspect général nous fait songer à l'Acropole d'Athènes. Un autre village, Kara-
Ewren, se trouve à très-peu de distance, dans la plaine. Les deux villages étaient d'ailleurs déserts
l'un et l'autre. On était au ïaïla, ou village d'été. Nous nous y rendîmes en traversant de larges
pelouses boisées; nous marchions sous des colonnades de pins, les plus beaux que nous eussions en-
core vus en Asie Mineure. Le Ïaïla appartient par moitié aux habitants de Kumbet et à ceux de
Kara-Ewren. Les maisons du village d'été sont ici, comme celles de presque tous les villages de l'O-
lympe, en pin non équarri, ou bois de grume; la toiture est formée de planchettes ou bardeaux
du même bois. Il n'entre d'ailleurs pas un clou dans la construction de ces maisons; les troncs, posés
alternativement dans un sens et dans l'autre, de manière à se couper à angle droit, sont as-
semblés, aux quatre coins de la cabane, par des entailles à mi-épaisseur de bois. L'extrémité de
chaque tronc, la portion qui est en dehors du point où ces pièces s'emboîtent, fait saillie sur la cage
de l'habitation. Ce genre de construction parait avoir été employé de très-bonne heure dans les
régions montagneuses et boisées de la péninsule; on le trouve souvent imité dans les tombeaux ly-
(I) Dr H. BarÙYs Reise von Trapezunldurch die nôrdliche HàlfteKlein-Asiens nach Scutari, i/it Herbsl l 858, mil c.iner
Karte von 1/ A. Petermann. Erganzungsheft zu Petermann's geographische Mittheilungen, Gotha, F. Perthes, 1860.
*1<
.l'une'
\tin.
■'95o.
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reconnaître quel parti nous avons tiré de l'ouvrage de M. Barth, pour dresser notre itinéraire et
fixer les points sur lesquels porterait surtout l'effort de nos recherches (1).
Nous-mêmes, nous étions pressés par le temps : le champ d'exploration qui nous avait été indiqué,
c'était la Galatie ; le but qui nous avait été assigné, c'était Ancyre et son temple d'Auguste ; nous avions
hâte d'y arriver. Nous dûmes donc nous restreindre volontairement, et choisir parmi les monuments
intéressants à divers titres que renferme tout ce canton. Négligeant les plus connus, nous eu étu-
diâmes deux qui avaient jusqu'ici moins attiré l'attention, le tombeau de Kumbet, qui ne figure pas
dans l'ouvrage de M. Texier, et la vieille forteresse primitive de Pischmicli-kalé-si, que les voya-
geurs s'étaient jusqu'alors contentés d'apercevoir de la vallée; aucun du moins, croyons-nous, n'en
avait encore relevé le plan et n'en avait indiqué les dispositions principales. Ajoutons que, pendant
le peu de jours que nous passâmes clans ce district, nous fûmes, quoique en plein mois de juin,
gènes par la pluie et le vent. Notre appareil de photographie fut renversé à Kumbet, renversé
et brisé devant le tombeau de Midas. Ce fut même cette dernière mésaventure qui nous décida à
quitter la place le soir même, et à ne point passer la nuit, comme nous en avions formé le projet, dans
une chambre funéraire voisine où trois lits, creusés dans le roc, étaient prêts à recevoir nos matelas.
Nous pûmes heureusement, à Siwri-hissar, réparer les dégâts qu'avait faits, dans notre chambre noire,
la brusque chute du pied qui la supportait.
Notre route de Routahia à Kumbet n'a d'intérêt (pie pour la topographie; c'est dans nos itinéraires
qu'il faut en chercher les détails. Nous marchons, en général, vers le sud-est; aussitôt que l'on est
sorti de la plaine blanchâtre de Koutahia, le terrain devient boisé et présente des aspects variés ; il y a
partout des fontaines; des pins clair-semés, mais d'une assez jolie venue, garnissent les pentes grises.
Le village à'Aholouk, auprès duquel nous passons, occupe le centre d'un petit vallon fertile où se
trouvait certainement une bourgade antique. Nous remarquons de grandes pierres de taille engagées
dans les murs des pauvres maisons du hameau ; dans le cimetière gisent plusieurs colonnes byzan-
tines, et une fontaine voisine contient une stèle dont l'inscription est malheureusement illisible.
Après le ïaïla d'Aholouk, où nous avions passé la nuit, le pays devient encore plus charmant. Des
pins couvrent toutes les hauteurs ; d'autres sont semés par bouquets dans la prairie. Il y a des moments
où l'on se croirait dans un parc anglais. C'estphis ouvert etplus riant que les gorges de l'Olympe. Cela
rappellerait certaines parties de la Suisse, si la verdure des pins n'était plus claire, si leurs formes
n'étaient beaucoup plus variées que celles des sapins. Le soir du second jour de marche après notre
départ de Routahia, nous apercevions Kumbet, assez grand village assis au sommet d'une masse de
rochers dont l'aspect général nous fait songer à l'Acropole d'Athènes. Un autre village, Kara-
Ewren, se trouve à très-peu de distance, dans la plaine. Les deux villages étaient d'ailleurs déserts
l'un et l'autre. On était au ïaïla, ou village d'été. Nous nous y rendîmes en traversant de larges
pelouses boisées; nous marchions sous des colonnades de pins, les plus beaux que nous eussions en-
core vus en Asie Mineure. Le Ïaïla appartient par moitié aux habitants de Kumbet et à ceux de
Kara-Ewren. Les maisons du village d'été sont ici, comme celles de presque tous les villages de l'O-
lympe, en pin non équarri, ou bois de grume; la toiture est formée de planchettes ou bardeaux
du même bois. Il n'entre d'ailleurs pas un clou dans la construction de ces maisons; les troncs, posés
alternativement dans un sens et dans l'autre, de manière à se couper à angle droit, sont as-
semblés, aux quatre coins de la cabane, par des entailles à mi-épaisseur de bois. L'extrémité de
chaque tronc, la portion qui est en dehors du point où ces pièces s'emboîtent, fait saillie sur la cage
de l'habitation. Ce genre de construction parait avoir été employé de très-bonne heure dans les
régions montagneuses et boisées de la péninsule; on le trouve souvent imité dans les tombeaux ly-
(I) Dr H. BarÙYs Reise von Trapezunldurch die nôrdliche HàlfteKlein-Asiens nach Scutari, i/it Herbsl l 858, mil c.iner
Karte von 1/ A. Petermann. Erganzungsheft zu Petermann's geographische Mittheilungen, Gotha, F. Perthes, 1860.
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