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Perrot, Georges; Guillaume, Edmond; Delbet, Jules
Exploration archéologique de la Galatie et de la Bithynie, d'une partie de la Mysie, de la Phrygie, de la Cappadoce et du Pont (Band 1) — Paris, 1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.4621#0157
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153

3> a une

capitale de la Phrygie (1), et dont le nom a passé dans notre langue, grâce à la célèbre anecdote
dn nœud gordien tranché par Alexandre. Cette anecdote nous est connue par Arrien, Plutarqne,
Quinte-Curce et Justin ; mais on n'a pas encore déterminé la situation de la ville on avait en lieu
la scène tant de fois î^acontée. Le premier, M. Mordtmann a disenté ce problème ; il a réuni et analysé
toutes les données que nons a laissées l'antiquité, et qui peuvent conduire à une solution. Dans cer-
taines parties, nous nous bornerons à résumer très-rapidement son intéressant travail; dans d'antres,
nous y ajouterons quelques arguments qu'il n'a point aperçus, ou sur lesquels il n'a point insisté;
enfin nous montrerons que, dans le canton même où, d'après M. Mordtmann, on doit chercher les
vestiges de la ville qui nous occupe, et à peu près à la place qu'il indique, se trouvent des ruines
qui sont très-probablement celles de Gordion (2).

Ritter (3), Forbiger (4) et Kiepert s'accordent pour identifier Gorclion avec Juliopolis, et ce dernier,
dans sa carte d'Asie Mineure (1858), place Gordion ou Juliopolis au nord du Sangarios, entre ce
fleuve et la route de Nicomédie à Angora, à quelques heures au sud de Nali-khan. Nous avons signalé
plus haut (p. 60), d'après des renseignements recueillis à Nali-khan et à Muderlu, l'existence de
ruines considérables, cpii n'ont encore été visitées par aucun voyageur, et qui se trouvent bien à peu
près à l'endroit où M. Kiepert a écrit le nom de Gordion. Mais, s'il parait y avoir foute probabilité
qu'il faut chercher là Juliopolis, M. Mordtmann démontre que Gordion n'était pas ainsi sur la fron-
tière bithynienne (5), et que cette ville se trouvait dans un tout autre pays, sur le haut Sanga-
rios, au cœur même de la Phrygie, dans la partie de cette contrée qui semble en avoir été le
centre politique et religieux, dans la région qui contenait les palais et les tombeaux de ses rois, les
plus anciens sanctuaires de son culte national.

Il résulte des textes de Quinte-Curce et de Tite-Live que Gordion passait pour être à peu près au
centre de la péninsule, pour se trouver à égale distance de trois mers, l'Hellespont, le Pont-Euxin et
la mer de Cilicie (6). Plus on reculera Gordion vers le nord, et moins l'emplacement proposé satisfera
à la condition ci-dessus énoncée. En plaçant Gordion là même où, selon nous, on doit le chercher, dans
le voisinage de Pessinunte, Gordion restera encore beaucoup plus rapproché de la côte septentrionale
que de la côte méridionale ; mais des erreurs de cette nature sont fréquentes chez les géographes an-
ciens, et s'expliquent aisément par l'absence de cartes dont le tracé reposât sur des mesures géodési-
ques exactement relevées. On sait notamment que Strabon et surtout Pline croyaient l'Asie Mineure
beaucoup plus étroite sous le méridien de Sinope qu'elle ne l'est réellement; ils donnaient, en ce point,
à la côte de la Paphlagonie une concavité bien trop marquée ; ce n'est que de nos jours qu'a été corrigée
cette erreur, que paraît avoir adoptée toute l'antiquité (7). Quoi qu'il en soit, si, partant de cette fausse
évaluation, on a pu croire qu'une ville située auprès de Pessinunte était à peu près à égale distance des
deux mers, on n'a jamais pu tomber dans la même erreur pour une ville voisine de Nali-Khan ; que

de

lue

(1) Simul ilicendum videtur et de Galatia, quas superposita agros majori ex parte Phrygiœ tenet, caputque quondam
ejus Gordium. H. N. V. [\i.

(2) La dissertation intitulée : Gordium, Pessinus, S/vri-Hissar, se trouve dans le Bulletin de l'Académie de Munich
(Sitzungsbericlile der kônigl. bayer. Akadende der Wissenschafteii), séance du 7 juillet 1860.

(3) Erdkunde, t. XVIII, p. 56i.

(4) Real-Encyclopxdie, s. v. Gordium et Juliopolis.

(b) Juliopolis était comptée par Pline parmi les villes bithyniennes, et indiquée par lui comme la première que ren-
contrent les vovageurs qui entrent dans cette province. C'est évidemment en venant de l'intérieur que l'on trouvait tout
d'abord Juliopolis sur sa route, car aucun des textes relatifs à Juliopolis ne la donne comme un port de mer.

(6) Curtius, III, c. 1. Livius, XXXVIII, 18.

(7) Voir, sur cette erreur des géographes anciens, Vivien de St-Martin, Histoire des découvertes géographiques tics
nations européennes, t. II, 377, t. III, 82 et 83. Trompé par ces guides, notre grand géographe, d'Anville, n'attribue, a
la fin du siècle dernier, que trois degrés de latitude à un intervalle qui est d'environ quatre et demi à vol d'oiseau, je
veux parler de ce que les anciens appelaient le col de l'Asie, entre le golfe d'Issus et le golfe d'Amisus.

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