Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Perrot, Georges; Guillaume, Edmond; Delbet, Jules
Exploration archéologique de la Galatie et de la Bithynie, d'une partie de la Mysie, de la Phrygie, de la Cappadoce et du Pont (Band 1) — Paris, 1872

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.4621#0158
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
— i:>i









Fou mesure, en ce point, l'intervalle qui sépare les doux mers, le Gordien de M. Riepert sera placé
à peu près aux trois quarts de la distance totale, et non pins au milieu ou aux deux tiers; au lieu
d'être sur le plateau central, comme tout semble l'indiquer, la ville cherchée se trouvera dans nue
vallée du pays montagneux, près de torrents qui descendent rapidement au Sangarios et au Pont-
Euxin(l).

On pourrait d'ailleurs inférer du langage de Tite-Live que Gordion se trouve au sud de la Phrygie,
au seuil de ces vastes plateaux largement ondulés qui commencent au sud du Sangarios et qui se ratta-
chent, en s'aplanissant de plus en plus, aux steppes de la Lycaonie ; tous les termes dont se sert ici Tite-
Live, dans le récit de l'expédition de Manlius contre les Galates, empruntent plus d'importance à ce fait
que Tite-Live traduit ici Polybe, qui connaissait bien l'Asie Mineure et qui avait, pour ce récit de l'ex-
pédition de Manlius, complété les documents officiels par des renseignements recueillis dans la contrée
même. Voici le passage de Tite-Live : a Postero die ad Gordium pervenit. Idhaud magnum quidem
oppidum est, sed, plus quam mediterraneum, célèbre et frequens emporium. Tria maria pari ferme
distantia intervallo habet, Hellespontum, ad Sinopen, et alterius orœlittora, quse Cilices maritimi co-
hmt. Multarmn magnarumque prœterea gentium fines contiugit, quarum commercium in eum maxime
locum mutui usus contraxere. » Ces traits ne conviennent-ils pas parfaitement à une ville située au
bord de ces vastes plaines où, maintenant même qu'il n'y a plus de routes en Asie Mineure, les chariots
peuvent encore circuler aisément, à une ville placée ainsi, entre la Phrygie et la Lycaonie, entre les
Tolistoboïens et les Tectosages, dans une contrée découverte et d'un accès facile? Siéraient-ils aussi
bien à une ville cachée clans l'un de ces étroits et creux ravins qui sillonnent tout le pays d'Assi-
Malitch, parmi ces âpres falaises d'argile qui bordent, dans toute cette partie de son cours, le Sangarios
et les vallées transversales qui viennent y verser les affluents de ses deux rives (2) ?

Comme nous l'avons vu plus haut, de la direction suivie par Manlius, de l'intervalle qui sépare du
Sangarios la frontière de la zone boisée, enfui des données que nous avons réunies sur le cours du haut
Sangarios, il résulte que ce fut dans le voisinage de Pessinunte que Manlius traversa le Sangarios. A
partir de ce moment, c'est sur la rive droite que se trouve Manlius; s'il avait, comme le veut Ritter,
traversé le fleuve en marchant du sud au nord, et si, après le pont jeté, il s'était trouvé sur la rive gau-
che, il lui aurait fallu faire franchir une seconde fois le fleuve à son armée avant d'arriver à Ancyre,
et le récit de Tite-Live mentionnerait ce second passage du Sangarios; or il n'y a pas dans l'historien
un seul mot qui y fasse allusion directement ou indirectement (3). Ce qui a motivé l'erreur de Ritter,
c'est qu'il eût été facile à Manlius, venant de Synnada et marchant vers Ancyre, d'éviter le passage du
Sangarios en laissant à sa gauche les sources du fleuve; il suffit, pour s'en assurer, de jeter les yeux sur
la carte. Il est évident qu'entre Synnada et le point où il franchit le fleuve, il fait un détour vers le nord.
Manlius n'avait pas, comme les aurait un général moderne, des cartes sous la main ; d'ailleurs sa marche
parait, dans toute cette période de l'expédition, bien lente et bien embarrassée : l'armée traînait après
elle une énorme quantité de butin ; de plus, on était alors au commencement de l'été, et c'était peut-
être pour reposer et rafraîchir ses soldats que Manlius s'était décidé à traverser, même au prix d'un
léger détour, une région admirablement boisée, au lieu d'un plateau brûlant et desséché.

Manlius fait donc passer ses troupes sur la rive droite du fleuve, et c'est probablement pendant qu'il
jette le pont sur le Sangarios que l'on apprend à Pessinunte l'arrivée de l'armée et du consul. Une
députation du clergé de Pessinunte, aussitôt envoyée à Manlius, le trouve qui descend le fleuve en



(1) Voir le récit de Procope sur les travaux exécutés par Justinien dans le voisinage de Juliopolis pour combattre les
torrents qui faisaient de grands ravages dans les environs de cette ville. De ^Edifie, V, 4.

(2) V. G. Perrot, Souvenirs d'un vojage en Asie Mineure, pp. au, 21 5, 217.

(3) Manlius eut évidemment à traverser quelque part la rivière d'Angora; mais cet affluent, quia bien moins d'eau
que la branche occidentale du fleuve, est à peu près à sec pendant l'été, et le passage a dû être si aisé, que Tite-Live
juge inutile de le mentionner.

ilSh ,.

,:>xii
Si
 
Annotationen