Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Perrot, Georges; Guillaume, Edmond; Delbet, Jules
Exploration archéologique de la Galatie et de la Bithynie, d'une partie de la Mysie, de la Phrygie, de la Cappadoce et du Pont (Band 1) — Paris, 1872

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.4621#0300
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
— 296 —

document dont il acheva la rédaction peu de temps avant sa mort, et qui fut grave

sur deux tables d'airain de-

■ :

vaut son mausolée (1). Pour que le peuple galate, réuni autour du temple, pût lire et comprendre cette histoire
sommaire, le texte latin écrit par Auguste fut traduit dans la langue grecque, que parlait la province, et ensuite
gravé sous un des portiques latéraux.

La Galalie était incorporée à l'Empire depuis l'an 25 avant J.-C. Le temple fut construit très-probablement dans
les premières années de l'ère chrétienne, puis achevé et dédié vers l'an 10. Auguste mourut en 1 an 14; on
grava clans le pronaos le texte latin de son testament politique, et sous le portique S. E. la traduction en langue
grecque de ce môme document. Nous démontrerons facilement que le temple fut complètement édifié, terminé et
dédié avant qu'on songeât à y ajouter ces longues et précieuses inscriptions.

L'inscription que reçut l'ante de gauche du pronaos, très-intéressante par les détails qu'elle nous fait connaître,
par les noms gaulois qu'elle contient, fut gravée en plusieurs fois; à chaque célébration des jeux, qui étaient
probablement quinquennaux, on y ajoutait quelques lignes. Elle nous apprend aussi que le temple était situé
dans une enceinte qui servait aux réunions publiques , près d'un hippodrome, et que tout ce vaste ensemble fut
consacré par Pyteménès, fils d'Amyntas, le dernier roi de la Galalie. Ce groupe de monuments, dont il ne reste
que le temple ruiné, occupait la partie basse de la ville, ajoutée par les Romains à Xoppidum phrygien et galate,
qui'répondail à ce que les Turcs apppcllent aujourd'hui kaleh, la citadelle.

Le peu que nous savons de l'histoire du temple pendant tout le temps que dura le culte d'Auguste, fondateur
de l'Empire, nous est appris par la trop courte et incomplète inscription, cachée jusqu'ici par un mur en terre,
et que nous avons découverte sur l'ante de droite. Il y est question de réparations faites, par les grands-prêtres
d'Aug'uste, aux combles en marbre de l'édifice, réparations qui, d'après la forme des caractères de l'inscription,
auraient été faites à une époque où le monument avait déjà un ou deux siècles d'existence (2).

Le culte d'Aug'uste et de ses successeurs se développa rapidement, prit une grande importance et dura long-
temps; les nombreux collèges augustaux, leurs grands-prêtres et la suprématie dont ils jouissaient en donnent
une preuve suffisante. Ce culte subsista jusqu'au moment où le christianisme, prêché de très-bonne heure en
Galalie, y devint dominant. Les chrétiens purent alors s'emparer des temples païens pour les transformer en
ég'lises. Pourtant cette transformation du temple ne saurait être placée, au plus lot, qu'au commencement du
quatrième siècle, après la grande persécution de Dioclélien, qui fut la dernière. C'est à cette époque que saint
Clément, devenu plus tard patron d'Ancyre, souffrit le martyre dans un endroit de la ville que la tradition montre
encore (3). En 314 un premier concile se réunit à Ancyre, un deuxième en 358. Il est plus probable néanmoins
que la transformation du temple n'eut lieu qu'à la fin du quatrième siècle, car nous voyons en 362, quand l'em-
pereur Julien passe à Ancyre, les pontifes allant au-devant de lui pour honorer le restaurateur du pag-anisme(4).

On déterminerait difficilement aujourd'hui la part des chrétiens dans la dégradation du monument, et il serait
impossible de dire s'ils onl laissé subsister les portiques ou s'ils les ont démolis. Tout porte à croire qu'ils en ont
renversé une partie pour établir, sur remplacement du pronaos postérieur, le chœur à voûte basse et la crypte
dont les restes imporlants subsistent encore. Ils ont été moins respectueux, semble-t-il, que leurs coreligion-
naires d'Athènes dans la transformation du Parthénon (5). Ce qui est certain, c'est que leur église devant
contenir plus de monde que le temple qui, d'après le culte païen, ne recevait pas les adorateurs du dieu, ils ont
agrandi la cella en détruisant le mur du fond, les colonnes qui devaient exister entre les antes postérieures, et
aussi les colonnes correspondantes sur la façade, car le chœur semble s'étendre plus loin que le portique pri-
mitif. Le pronaos antérieur fut respecté et forma le narthex, qui se trouve toujours à l'entrée des églises byzan-
tines. Les chrétiens ont enlevé aussi le dallage et abaissé le sol de la cella au niveau du pronaos ; ils ont pour
cela supprimé les marches qui précédaient la porte, dont ils ont scié l'énorme seuil. Cette modification du sol est
démontrée par les croix byzantines gravées à la pointe ou sculptées à une même hauteur sur les soubassements de
la cella et du pronaos postérieur (voyez les planches 17 et 18), et par la place qu'occupe l'inscription chré-
tienne qui se trouve sur le soubassement du mur N. 0. de la cella (voyez p. 263 et pi. 18}. Les libages des fonda-
tions ont dû, par suite, dès celte époque, se trouver mis à nu. Enfin les chrétiens ont fait subir au temple une
autre atteinte qui semble toutefois prouver qu'ils en avaient respeclé la toiture. Pour éclairer l'intérieur, où la
lumière n'arrivait que par la porte, ils ont percé dans le mur S. E. de la cella trois fenêtres à plein-cintre
(voyez pi. 14 el 1G), en évidant adroitement clans la masse les claustra, dans les montants desquels on voit se
continuer les joints des assises.

Qu'est devenu tout le marbre ainsi enlevé à l'édifice?— Les colonnes, si elles étaient monolithes , comme au
temple de Jupiter à Aizani, ont pu être transportées à Constanlinople avec tant d'autres colonnes provenant d'édi-
fices antiques de l'Asie-Mineure, car nous n'avons trouvé clans les églises, mosquées et autres édifices d'Angora
aucune colonne qui ait pu appartenir à l'Augusteum; si, au contraire, elles étaient formées de tambours super-

(1) Suétone, Oct. Aug., CI. — (2) Voir p, 262.
(5) Beulc, l'Acrop. d'Ath,, éd. 1862, p. 28.

■ (3) Voir p. 270. — (4) Amm. Marcel!., 1. XXII, e. 9.

P1
 
Annotationen