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Perrot, Georges; Guillaume, Edmond; Delbet, Jules
Exploration archéologique de la Galatie et de la Bithynie, d'une partie de la Mysie, de la Phrygie, de la Cappadoce et du Pont (Band 1) — Paris, 1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.4621#0316
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— 312 —

ces peintures, ensuite parce qu'un examen attentif de la surface nous empêche de croire qu'il y en ait jamais eu,
enfin parce que la forte saillie de cette corniche intérieure aurait caché en partie ces peintures et serait par elle-
même, en ce cas, un contre-sens. Celte saillie est au contraire parfaitement justifiée, si l'on suppose que cette cor-
niche a servi de support, de tablette pour porter les ex-voto, les offrandes dont Pausanias et divers auteurs anciens
nous font connaître l'existence dans l'intérieur des temples. Ces trépieds, ces boucliers, ces armes, ces couronnes
d'or, ces objets précieux de toute sorte étaient là parfaitement à leur place; ils formaient une brillante décoration
qui était à la fois la parure et la richesse du temple. En y regardant bien, on trouve sur la surface de celte frise
quelques petits trous de scellement bien faits, qui ont dû servir à suspendre, à attacher ces offrandes consacrées aux
divinités du temple.

Nous terminerons cette étude en jetant rapidement un coup d'œil général sur les temples de l'Asie Mineure, afin
d'assigner à l'Augusteum d'Ancyre le rang'qu'il doit occuper au milieu d'eux. Nous déterminerons ainsi à quelle
place de l'évolution architecturale il appartient, entre les monuments les plus anciens de la pure école ionienne et
ceux de cette période de rapide décadence où disparaissent les dernières traces du goût et de l'imagination des
Grecs. Ce qu'on appelle parfois l'influence romaine n'est, croyons-nous, que la suite non interrompue de la décadence
de l'architecture grecque, décadence que l'on peut suivre dans tous ses détails, depuis les édifices les plus purs jusque
dans les monuments du bas-empire. La recherche du nouveau, l'amour de l'étrange, la mode en un mot, fut certai-
nement une des causes les plus puissantes de cette décadence.

Il ne saurait être question, dans ce parallèle, du temple d'Assos (1), le plus ancien et le seul en Asie Mineure qui
appartienne à l'art dorien. Tous les autres sont postérieurs à la seconde guerre médique, Xerxès ayant à cette époque
ordonné la destruction de tous les temples de l'Ionie (2). Le temple de Diane à Éphèse, qu'il avait voulu épargner,
fut aussi brûlé environ un siècle plus tard, le jour delà naissance d'Alexandre, par la folie d'Érostrate.

Les temples dont les restes subsistent en Asie Mineure appartiennent donc presque tous à l'école ionienne, qui
surgit au siècle d'Alexandre. Parmi ces édifices, le temple de Junon, à Samos (3), semble anlérieur à celui de
Priène (4), dédié par Alexandre, et construit par Pythéus, à celui d'Apollon Didyme à Milet (5), et à ceux de Diane
à Magnésie etdeBacchus à Téos(6), construits par Hcrmogène. Ces derniers temples paraissent avoir été édifiés
de l'an 330 à l'an 300 avant J.-C. Dans les temples de Vénus à Aphrodisias (7), et de Jupiter à Aizani (8), l'école
ionienne a perdu déjà une grande parlie de sa simplicité et de sa grâce. Ce dernier édifice pourrait dater du règne
des Attales, vers l'an 200 avant J.-C.

Vient ensuite l'ère de la conquête romaine ; elle coïncide avec l'abandon de l'ordre ionique pour l'ordre corinthien,
désormais dominant. C'est ici que vient se placer le temple d'Ancyre, dans lequel nous retrouvons encore, comme
nous l'avons vu, l'application des règles posées par l'école ionienne et recueillies par Vitruve. Il semble une œuvre
de transition entre l'architecture gracieuse et fine des Grecs ioniens et l'architecture plus lourde, souvent banale,
allribuée au peuple vainqueur, mais qui fut longtemps encore l'œuvre presque exclusive d'artistes grecs plus ou
moins dégénérés. Les procédés matériels de construction y sont mieux conservés (^voyez pages 303 et 304) que
le goût et l'exécution artistiques. L'étude des détails, à laquelle nous nous livrerons plus loin dans l'explication des
planches, nous montrera auprès de purs éléments grecs le mélangée de formes qui indiquent à quel point s'étaient
développés déjà les germes de décadence que contenait l'architecture ionienne, et qui devaient la conduire à une
transformation dont l'architecture que nous appelons « romaine » est sortie.

Cette transformation est plus complète encore dans le temple corinthien d'Euromus, quoiqu'il nous paraisse à
peu près contemporain de notre temple, avec lequel il offre de grandes analogies d'ensemble et de détails. Enfin, la
décadence est arrivée à son dernier degré dans le temple d'Auguste, à Mylasa (9), aujourd'hui détruit, mais dont
Pococke et Choiseul-Gouffier nous ont conservé les dessins. Ce dernier temple paraît le moins ancien de tous ceux
que l'Asie Mineure nous a conservés.

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(1) Texier, Description de l'Asie Mineure, t. I. — (2) Strabon, liv. XIV.

(3) Antiquities of lonia, éd. 182), t. I, ch. 5. — (A) Id., id,, t. I, ch. 2-----(5) Id., id., t. I, ch. 3. — (6) Id., id., 1.1, ch. 1.

(7) Ch. Texier, Description de l'Asie Mineure, pi. 151 et suiv. — (8) Id., id., pi. 28 et suiv. — (9) Choiseul-Gouffier, op. cit.
 
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