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Perrot, Georges; Guillaume, Edmond; Delbet, Jules
Exploration archéologique de la Galatie et de la Bithynie, d'une partie de la Mysie, de la Phrygie, de la Cappadoce et du Pont (Band 1) — Paris, 1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.4621#0326
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— 322 —

peut être sur qu'il y a des ouvriers habitués à la tailler, et un peuple qui vit sous des toits. Enfin ?
nous sommes ici au centre de l'Asie-Mineure, au milieu d'un massif montagneux; d'après les obser-
vations barométriques de M. Delbet, le village de Boghaz-Keuï, situé dans la partie inférieure du
terrain que comprend l'enceinte, serait à 960 mètres au-dessus du niveau de la mer. Dans les pre-
miers jours de novembre, le thermomètre, le matin, est déjà ici à zéro. Dans un mois, nous disent
les habitants, la neige tombera et séjournera sur le sol. Les habitants du village seraient fort empê-
chés si on les chassait de leurs maisons à demi enfoncées sous terre et si on les forçait de passer
l'hiver sous la tente.

Aiusi, ne retrouvât-on aucun vestige des maisons, nous n'en affirmerions pas moins qu'elles ont
dû exister autrefois. Mais en plus d'un point le terrain présente de nombreuses traces de maisons.
Ici, ce sout de petits plateaux couverts de débris de tuiles et de poteries peintes ; suivant que les
murs se sont abattus au dehors ou au dedans, les moellons jonchent au loin le sol ou forment un
grossier quadrilatère qui dessine l'aire de l'habitation. Ailleurs, ce sont des citernes, des rochers
taillés ; les marques qu'y a laissées le ciseau indiquent, comme on le voit sur les collines du Musée et
du Pnyx à Athènes, la forme et la grandeur des chambres. Dans un massif de rochers nous remar-
quons un étroit passage en forme de couloir, des chambres dont toute bipartie inférieure est creusée
dans la pierre vive, et eu avant une aire aplanie en manière de terrasse.

Quel était le nom de la cité dont les ruines sont ici éparses sur un vaste espace ?

On ne peut, nous avons dit pourquoi, songer à Tavium, la capitale des Trocmes -, c'est à Néfez-
Keul qu'il faut en chercher l'emplacement (1). Quel renseignement nous fournit donc l'histoire que
l'on puisse appliquer aux importants débris voisins de Boghaz-Keuï ?

Comme l'a vu M. Texier, les seuls souvenirs que l'on puisse invoquer ici, ce sont ceux qui se trou-
vent très-brièvement rappelés dans un passage du premier livre d'Hérodote, à propos de la lutte
engagée entre les Perses et les Lydiens (2). a Après le passage de l'Halys., Crésus, avec son armée,
arriva dans la partie de la Cappadoce appelée la Ptérie. La Ptérie, le plus fort canton de ce pays , se
trouve, à très-peu de chose près, sur la môme ligne que Sinope, ville située sur le Pont-Euxin (3)_
Crésus assit donc son camp en cet endroit et ravagea les terres des Syriens. Il prit la ville des Pté-
riens, et il en réduisit les habitants en esclavage ; il prit aussi toutes les bourgades voisines, et ruina
tout chez les Syriens, quoiqu'ils ne lui eussent donné aucun sujet de plainte. » Hérodote raconte
ensuite comment Cyrus vint au-devant de Crésus, comment les deux armées livrèrent, dans la Ptérie,
sans résultat décisif, de violents combats, qui se terminèrent pourtant par la retraite de Crésus.
Tout ceci est bien peu de chose ; mais au moins cela s'applique de la manière la plus satisfaisante au
district qui a sans doute eu autrefois pour capitale la ville dont nous avons trouvé les ruines auprès
de Boghaz-Keuï.

Le Kœsch-Dagh, qui se rattache à la grande chaîne parallèle au rivage de la Mer Noire, sépare h;
bassin de l'Halys de celui de l'Iris, et forme, au nord de lusgat, un épais massif montagneux qui pro-
longe ses contre-forts jusqu'à cette dernière ville et s'avance, comme un promontoire, dans la direc-
tion du sud, au milieu de vastes plateaux qu'il domine ; au nord d'Iusgat, il forme le Kapak-Tépé,
dont le sommet, d'après M. Barth, atteint environ 1700 mètres. Les eaux de ce massif vont d'une
part à l'Halys, de l'autre à l'Iris ; on comprend que l'historien l'appelle a la forteresse naturelle de la

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(1) Pages 290-292. — (2) I, § 76.

(3) 11 y a là, dans la traduction de Larchcr, un singulier contre-sens qui, suivant l'usage , a dû passer clans d'autres
traductions. Voici comment il rend cette phrase : r, Se H-epir, ia~\ t-?,ç ycopo; -raûr/i; xo îcyupÔTa-ov, y.a-y. Slvcô-tiv tto^iv t>,v sv
Eù;e£\im IIûvtco [/.aXiarà xy) -/.etuivr, : a La Ptérie , le plus fort canton de ce pays, est près de Sinope, ville presque située sur
le Pont-Euxin. » D'abord xaTa n'indique pas ici la proximité, mais la direction, l'alignement ; puis uAliari -/.r, xeiuxV/i se
rapporte à la Ptérie et non à Sinope. Larcher a lu sans doute xeif/iv/iv ; mais Sinope n'est pas presque, elle est loin à
fait sur la mer. M. de Longpérier, dans une note que nous citons plus loin, avait déjà signalé le vrai sens de

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