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Perrot, Georges; Guillaume, Edmond; Delbet, Jules
Exploration archéologique de la Galatie et de la Bithynie, d'une partie de la Mysie, de la Phrygie, de la Cappadoce et du Pont (Band 1) — Paris, 1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.4621#0328
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— 324

costumes et symboles, tout y a un caractère oriental très-marqué. Dans notre hypothèse, rien
de plus naturel. Crésus, dès le début de sa campagne, marche sur la Ptérie ; c'est que ce canton
était un centre politique et religieux. Les rochers de Iasili-Kaïa ont gardé la trace du culte qui se
célébrait dans ce sanctuaire; le palais de Boghaz-Keuï, celui d'Euïuk étaient, suivant une conjecture
de M. Barth, l'un la résidence d'été, l'autre la résidence d'hiver du prince vassal qui gouverna poul-
ie roi des Mèdes cette partie de la Cappadoce. La vaste et puissante enceinte qui se développe autour
de Boghaz-Keuï offrait à l'armée des Mèdes une base d'opérations excellente quand elle s'apprêtait,
dans le cours de ces longues guerres, à envahir la Phrygie ; en cas d'échec et de retraite, les troupes
battues pouvaient s'y réfugier avec toute la population des environs. Suivant toute apparence, une des
routes les plus importantes de cette région passait par cette gorge étroite qui a donné son nom au
village actuel (boghaz, défilé , keuï, village) ; c'était par là que du plateau cappadocien on communi-
quait avec Sinope et son riche marché.

Crésus avait donc toute sorte de raisons d'attaquer la Ptérie avant l'arrivée de Cyrus; il eut le
temps de forcer les murailles de la cité et de prendre les bourgades voisines ; il ruina tout dans ce
district et, suivant l'usage des conquérants orientaux, il expédia sans doute au-delà de l'Halys des
convois de Gappadociens prisonniers. Quand il battit en retraite, il ne devait laisser derrière lui que des
ruines et le désert. Que ce district ne se soit ensuite qu'imparfaitement repeuplé , quoi de plus naturel
et qui s'explique mieux par des exemples analogues tirés de l'histoire? Pour n'en citer qu'un seul,
toute une partie de l'Étrurie, couverte, au temps de l'indépendance, de riches et populeuses cités, a si
bien été dévastée par la conquête romaine et par les guerres du dernier siècle de la république que
le désert s'y est fait et qu'après vingt siècles les villes ne s'y sont pas relevées.

Tout concourt donc à nous faire reconnaître dans les ruines de la vaste place forte voisine de Bog-
haz-Keuï celles de la cité des Ptériens. Nous allons maintenant ajouter quelques observations à ce
que nos prédécesseurs, MM. Texier, Ilamilton et Barth, ont dit des monuments de Boghaz-Keuï.
Il n'entrait pas dans nos plans de voyage d'entreprendre une description complète de ces ruines :
c'était Aucyre et l'Augusteum qui étaient le véritable but de notre expédition scientifique. Nous
avions dû séjourner à Ancyre pendant près de trois mois ; novembre commençait ; il fallait nous
hâter de gagner la côte avant l'hiver. Tout ce que nous pouvions nous proposer, c'était donc de pro-
fiter des derniers beaux jours pour opérer une reconnaissance rapide du terrain situé au-delà de
l'Halys, et pour y recueillir quelques renseignements précis sur des monuments qui n'avaient encore
été que vaguement décrits ou mal représentés. A Boghaz-Keuï, nous primes, dès la première heure,
nous convaincre que les planches de M. Texier étaient loin de rendre fidèlement la physionomie
des figures taillées dans le roc ; nous nous proposâmes donc surtout de rapporter une représentation
exacte de ces Panathénées barbares. Nous aurions voulu tout photographier; mais certaines figures
étaient plongées dans une ombre si profonde (1) que, malgré plusieurs tentatives, M. Delbet n'a pu
obtenir d'épreuves passables ; telles autres étaient cachées dans un couloir si étroit que nous n'a-
vions pas le recul nécessaire et qu'il a fallu ou renoncer à les photographier, ou placer l'appa-
reil de côté, de manière à n'obtenir qu'une image déformée (2). Dans ce cas, M. Guillaume a dessiné
tout ce que n'a pu photographier M. Delbet. Pour Boghaz-Keuï, ce sont donc surtout nos planches
qui ont de l'importance et de l'intérêt; nous nous bornerons à y joindre certaines remarques que
nous ont suggérées les efforts mêmes que nous faisions pour arriver à la reproduction fidèle et com-
plète de ces sculptures. Dans les courtes heures de répit que nous laissait ce travail, nous avons
aussi parcouru l'emplacement de la cité détruite, et nous y avons relevé quelques détails curieux. Mais
nous n'avons pu séjourner à Boghaz-Keuï que huit jours , du vendredi 8 au vendredi 15 novembre ;
or, pour donner, outre la reproduction intégrale des bas-reliefs de Iasili-Kaïa, un plan de l'ancienne

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(!) Voir le plan de l'enceinte, pi. 37. — (2) Planche 5j .
 
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