LES ROUES-PORTES
Lucien JACQUOT,
Juge à Thorion
MEMBRE CORRESPONDANT
On rencontre assez fréquemment, dans les ruines
qui couvrent toute la région Sud-Est de Sétif, de
grands disques en pierre — sans aucune rainure
ni mortaise — qui ont longtemps intrigué les ar-
chéologues.
Un de nos confrères, en signalant ces pierres, avait
émis l'opinion qu'elles avaient été des meules à écra-
ser la terre et qu'elles devaient indiquer d'anciens
centres de fabrication de poterie romaine. Les colons,
sans s'arrêter à discuter l'origine de ces roues, les
ont souvent utilisées en les transformant en meules
de moulin. Les indigènes, enfin, étaient unanimes à
nous déclarer que ces grands disques étaient tout
bonnement des portes... ce qui, bien entendu, faisait
sourire les archéologues.
Or, c'est précisément la tradition indigène qui, une
fois de plus, se trouve avoir raison contre le scepti-
cisme des européens.
En effet, non seulement les roues en pierre ne.sont
percées d'aucun trou permettant de leur adapter un
moyeu, non seulement leur diamètre exagéré et leur
peu d'épaisseur devaient les rendre tout à fait impro-
pre à l'usage auquel on les prétendait destinées, mais
surtout la région dans laquelle on les trouve en plus
Lucien JACQUOT,
Juge à Thorion
MEMBRE CORRESPONDANT
On rencontre assez fréquemment, dans les ruines
qui couvrent toute la région Sud-Est de Sétif, de
grands disques en pierre — sans aucune rainure
ni mortaise — qui ont longtemps intrigué les ar-
chéologues.
Un de nos confrères, en signalant ces pierres, avait
émis l'opinion qu'elles avaient été des meules à écra-
ser la terre et qu'elles devaient indiquer d'anciens
centres de fabrication de poterie romaine. Les colons,
sans s'arrêter à discuter l'origine de ces roues, les
ont souvent utilisées en les transformant en meules
de moulin. Les indigènes, enfin, étaient unanimes à
nous déclarer que ces grands disques étaient tout
bonnement des portes... ce qui, bien entendu, faisait
sourire les archéologues.
Or, c'est précisément la tradition indigène qui, une
fois de plus, se trouve avoir raison contre le scepti-
cisme des européens.
En effet, non seulement les roues en pierre ne.sont
percées d'aucun trou permettant de leur adapter un
moyeu, non seulement leur diamètre exagéré et leur
peu d'épaisseur devaient les rendre tout à fait impro-
pre à l'usage auquel on les prétendait destinées, mais
surtout la région dans laquelle on les trouve en plus