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Revue égyptologique — 9.1900

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Nr. 1-4
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Revillout, Eugène: Du role de la femme dans la politique internationale et le droit international de l'antiquité: (leçon d'ouverture du 17 décembre 1898)
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https://doi.org/10.11588/diglit.11060#0035
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DU rôle de la femme, etc.

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DU EÔLE DE LA FEMME

DANS LA POLITIQUE INTERNATIONALE ET LE DROIT INTERNATIONAL

DE L'ANTIQUITÉ.

(LEÇON D'OUVERTURE DU 17 DÉCEMBRE 1898.)

PAR

Eugène Bjevillout.

Que nous sommes loin, Messieurs, de ces idées préconçues, qui, il y a quelques années,
prévalaient encore complètement ! Il était de règle alors de dire que la femme était réduite
au rôle le plus infirme dans l'antiquité, que sa situation était abjecte et que le Christianisme
seul rendit à l'épouse, à la sœur ou à la fille de l'homme, les honneurs qui lui apparte-
naient légitimement — sa personnalité civile et humaine, si je puis m'exprimer ainsi.

C'était là une grossière erreur reposant sur une complète ignorance des sources de
l'histoire. En réalité, les mœurs qu'on vint nous représenter comme étant celles de l'antiquité,
n'étaient que celles de hordes sauvages — les Doriens ou les Romains — accourues pour
bouleverser les plus vieilles civilisations qui, par la science et par la religion, les reconquirent
à grand' peine à leur tour. Avant les conquêtes de ces premiers barbares, — mille fois plus
barbares encore que ceux qui vinrent plus tard des forêts de la Germaine — la femme
avait à côté de l'homme un rang honoré.

Tous les pays n'en firent pas, comme l'Egypte à certaines époques secondaires, la sou-
veraine maîtresse de son mari. Mais tous lui donnaient au soleil une large place — aussi
bien sur les bords de l'Euphrate et du Tigre que sur ceux du Nil, aussi bien dans la Grèce
antique que dans la Paléstine antique et dans tous ces états si florissants qu'une vieille
histoire cunéiforme nous représente faisant bénéficier réciproquement leurs citoyens de privi-
lèges étendus.

Il y avait alors un droit international très avancé : car, la guerre, fléau terrible, ne
venait pas troubler périodiquement l'ordre social. C'était dans les pays de Chaldée, Méso-
potamie, etc. l'époque qui a précédé l'organisation de l'armée permanente d'Assour et les
horribles destructions systématiquement opérées par les Assyriens, ces premiers précurseurs
des Doriens et des Romains.

Mais les Assyriens eux-mêmes n'ont pas toujours été les cruels bourreaux que l'on
connaît. Ils avaient déjà une civilisation très avancée et depuis longtemps des magistrats
éponymes analogues à ceux d'Athènes et de Rome, quand une monarchie de cruels Césars
semble s'être emparée de cette république et y avoir introduit, malgré les chefs-d'œuvre
littéraires, scientifiques et artistiques contemporains, à côté des bibliothèques et des Musées,
une soldatesque sans frein et des mœurs sanglantes — recommencées plus tard par des
peuplades illettrées, comme les brigands de Rome, ou proscrivant même l'écriture, comme
ceux de Sparte. La science et la barbarie ne se sont en effet bien unies qu'à Ninive. Et
là, du moins, cette dernière n'alla pas jusqu'à anihiler la femme.

En Grèce le recul fut plus complet encore. Bien avant les Doriens, la Sparte de

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