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VlCTOK LORET.

Mais d'autres divinités, soit par suite d'une origine différente, soit à cause d'une créa-
tion plus récente, donnèrent lieu, dans l'expression de leurs noms, à un nouveau procédé
graphique. Leurs noms s'écrivirent au moyen de signes phonétiques, syllabes ou lettres, et,
d'après les lois du système hiéroglyphique, durent être suivis d'un signe déterminatif qui
indiquât que les mots ainsi formés désignaient des divinités. Or, le plus ancien déterminatif
que l'on employa pour distinguer ces noms de divinités fut l'étendard d'Horus, le grand dieu
national primitif. Le nom de Sib, le nom de Schou s'écrivirent 3^- et et ue

furent des noms de divinités que parce qu'ils étaient suivis du signe jk-. Le nom de Râ
lui-même, le dieu Soleil qui joua plus tard un si grand rôle dans la religion égyptienne et
parvint à absorber et à s'assimiler la plupart des dieux du pays, fut déterminé tout d'abord
par le même étendard et, orthographié <==>n j^. ou oj^, fit sa première apparition dans
les textes sous l'égide et sous la garantie d'Horus.1

C'est après avoir servi pendant un certain temps de déterminatif aux noms de très
nombreuses divinités que le signe Jk-, devenu par cela-même impersonnel, fut employé pour
déterminer d'abord, puis ensuite pour représenter à lui seul le mot dieu. Et même, à l'époque
ptolémaïque, par une sorte de caprice passager, on se servit d'autres enseignes que celle
d'Horus pour écrire le mot dieu, et des textes nous offrent, comme pluriel du mot J^.

«dieu», au lieu de j^J^-J^., le groupe Jis^ ^Ift- soit, à la suite de l'enseigne du Faucon,

celles du Clan de l'Ibis et du Clan du Héron cendré, ou, si l'on préfère, celles de Thot et
du dieu Benou (qu'il serait peut-être préférable de transcrire Boun);2

L'histoire du signe est donc bien claire et bien significative. A l'origine, l'étendard
sert à désigner à la fois le Clan du Faucon et le Faucon lui-même, totem du clan. Plus
tard, le nom du Faucon, Hour,'d devient un nom propre et donne ainsi naissance au dieu
Horus. Le Clan du Faucon s'étant emparé de toute l'Egypte, le dieu Horus devient, non

1 J'insiste sur ce point pour montrer que, contrairement à ce qu'on admet généralement, l'impor-
tance historique d'Horus est bien antérieure à celle de Râ. Qu'à l'époque de la suprématie de Râ on ait,
dogmatiquement, considéré Horus comme un subordonné ou un descendant de Râ, rien de plus exact et
rien de plus naturel. Mais, dans la réalité historique, les choses se sont passées tout autrement. Râ n'est
devenu un dieu de premier ordre qu'en s'associant d'abord à Horus et en l'englobant par la suite. C'est
subrepticement, sournoisement, que Râ se glissa, derrière le Faucon d'Horus, au sommet des bannières
royales, ct encore ne le fit-il qu'après s'être introduit, grâce au titre^^., dans le protocole pha-

raonique dont il occupa discrètement la dernière place. L'apparition du titre n'ayant eu lieu qu'au

début de la V° dynastie, on voit que, pendant la durée des quatre premières dynasties, c'est-à-dire pendant
un millier d'années, le protocole royal ne mit les pharaons en rapport qu'avec Horus seul, non pas un
Horus fils de Râ ou âme de Râ, ni un Horus fils d'Osiris, mais l'Horus totem du Clan du Faucon, l'Horus
ka personnel du roi, l'Horus dieu suprême, dieu vainqueur de l'Egypte entière. Quand, au lieu de s'écrire

<==> J^i le nom du dieu solaire s'écrivit ou ces orthographes nouvelles parvinrent-elles

à dissimuler la subordination primitive de Râ à Horus? Nullement, car le signe Jj porte la tête du Faucon

d'Horus et le signe J), caractérisé par la longue barbe tressée des riverains de la mer Rouge, est la re-

présentation d'un indigène de Poun-it, la patrie d'Horus. Enfin, le fait d'être appelé Y (Mil cC Horus est encore,
pour le dieu solaire, un indice de sa position inférieure par rapport au Faucon divin. Le roi, à l'origine,
est donc, en tant qu'Horus, non pas un fils de dieu, mais bien un dieu, et même le plus puissant des dieux.

2 J. Dumichen, Resultale, t. I, ppl. XXI, 1 et XXXIV, 4.

3 Pour ce sens primitif du mot * y> 3ijV- (= j-^-i falco), cf. V. Loret, Horus-le-Faucon, pp. 10-11.
 
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