Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Revue égyptologique — 12.1907

DOI Heft:
Nr. 1-3
DOI Artikel:
Pâris, Johannès: Un document sur l'emploi de la flûte comme engin de chasse à l'époque thinite
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.11501#0012
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
2

johannès pâeis.

C'est au bas de la palette, à gauche, que se trouve cet être d'assez étrange aspect.
Au premier abord, il paraît un quadrupède; mais il s'est dressé sur les pattes de derrière
et tient une longue flûte de roseau dont il joue. On ne comprend pas bien la raison de ce
manège, et personne de ceux qui se sont occupés de cette palette ne semble l'avoir cher-
chée. Mieux sans doute eût valu commencer par là, et la solution préalable de cette question
pourra faciliter peut-être l'identification de l'animal.

Une idée vient tout d'abord à l'esprit : les animaux désertiques et les scènes de chasse
occupant le reste de la palette, il se peut que nous ayons ici la représentation d'un épisode
cynégétique, où l'emploi de la flûte serait un stratagème. Les chasseurs savent quel usage
on fait encore aujourd'hui pour attirer les animaux d'instruments imitant leur cri ou leur
chant, et personne n'ignore l'emploi que font de la flûte les charmeurs de serpents. Les an-
ciens connaissaient cet amour de certains animaux pour la musique, et leurs ouvrages d'histoire
naturelle nous en ont conservé plus d'un exemple : «les cerfs, écrit, par exemple, Pline
l'ancien, écoutent avec plaisir le chalumeau et le chant des bergers. »1 Nous savons aussi
qu'à cette époque déjà l'on appliquait à la chasse, à celle du cerf en particulier, ces dispo-
sitions musicales. Aristote le dit formellement : « La capture des cerfs que l'on chasse se fait
à l'aide de flûtistes et de chanteurs : ils se laissent prendre par le charme. Il y a deux
chasseurs; l'un, bien ouvertement, chante ou joue de la flûte, et l'autre frappe par derrière
quand le premier lui en a donné le signal. »2 Antigone de Carystos, se fondant sur ce pas-
sage, répète la même chose.3 Elien donne plus de détails.4 « Les Tyrrhéniens, dit-il, racontent
qu'ils prennent les sangliers et les cerfs tantôt, comme c'est l'ordinaire, au moyen de filets
et de chiens, tantôt, et bien plus souvent, en s'aidant de la musique, (. . . t7uvaYam'Cop.£vy;ç Sè
abzoiç, tyjç [j.oucty.^ç v.oà \jâ1aov.) Comment? je vais le dire. Les chasseurs commencent par
installer des filets et autres engins propres à prendre au piège les animaux. Alors intervient
un joueur de flûte (avY)p aùXôv ityyi-r^) qui, s'inquiétant peu du rythme et jouant surtout
fort, joue les airs de flûte les plus agréables (. . . r.S.v oà 5ti y^kkitov auXwSîac, touto à'Ssi).
La solitude et le repos laissent facilement ces sons se répandre, sur les sommets, dans les
vallons, dans les bois; enfin, pour abréger, le son pénètre dans tous les repaires et les autres
des fauves (twv 0ï;pîœv xohaq val eùvàç). En entendant le son, . . . ceux-ci, conquis de façon
irrésistible par le charme qui les entoure, oublient leurs parents et leurs demeures . . . agissant
comme sous l'action d'un sortilège qui les égarerait; trompés par la musique, ils vont, et,
pris par elle, tombent dans les filets des chasseurs. »5 Enfin, et ceci vaut la peine qu'on s'y
arrête, il semble bien que les Égyptiens aient connu une ruse analogue; c'est du moins ce
qu'on peut conclure d'un passage d'Horapollon : «Quand les Égyptiens, dit-il, ont à repré-

1 Pline, llist. nat., VIII, 50 : mulcentur fistula pastorali et cantu.

2 Artstote, Hist. anim., IX, 5. «aXtaxovrat oè 67)ps'jd[Asvat ai è'Xaçot auptTTo'vTiov xat àSovtwv, waire xat xaiaxrr
Xouviat urco irjç fj3ov% ouo S' ovuov, o jxèv tpavspwç àoet ^ aupîrcsi, 6 oè ix tou ojcictOsv j3aXXsi, otav oOto; <77]tj.atvr;t tov
xatpdv. »

3 Antig. Caryst., 35 (Rerum naturalium scriptores graeci minores, I, Teubner, p. 11) . . . Xsyei . . .
àXtaxeaôai oè iXàtpoj; xai aupiTto'vtcov xat àSdvxtov, wste xat xataxXtvsaOai utto vrfi ^Sov^;.

4 Elien, De nat. anim., XII, 46.

6 Elien, loc. cit., àxparâi; xat ap-a^wç auxà rj ï]8ovt] vrfi p-ouarj; raptXafxpavct, xai XYjXoûptcva X^Orjv ïysx xat ix-
yovcov xat oîxtwv xat ^ojpcov . . . xat' ôXîyov, warap oros xtvo; 'îuyyo; àva^stOoûcjr); IXxsiat, xat xaTayovjtsûovToç rou [xèXou?
àiptxvEtxai xat stircwtia xaXç, roxyai; xïji jxoûa7]t xs^stpioijiva.
 
Annotationen