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Revue égyptologique — 12.1907

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Nr. 1-3
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Pâris, Johannès: Un document sur l'emploi de la flûte comme engin de chasse à l'époque thinite
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https://doi.org/10.11588/diglit.11501#0013
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Un document, etc.

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senter l'idée d'un homme qui se laisse prendre à l'appât de la flatterie, ils dessinent un cerf
et un joueur de flûte : on emploie en effet pour la chasse au cerf le doux son de la flûte
car cet animal se laisse prendre par son charme.»1

Ces textes permettent d'expliquer le rôle que joue l'animal qui nous occupe. Il est à la
chasse et se sert de la musique pour attirer ses victimes. Deux animaux semblent précisé-
ment sous le charme : devant lui accourt un bouquetin qui tend un peu le cou dans sa
direction, comme pour le mieux voir; à côté, une girafe arrêtée semble écouter elle aussi.
Eeste à savoir quelle bête sauvage a pu s'aviser d'un stratagème de ce genre. Essayons
donc de définir son aspect.

Cet animal flûtiste, on l'a vu, se tient debout, chose anormale déjà pour un quadru-
pède. De plus, sa nature participe de deux animaux diffé-
rents, son museau, ses oreilles et sa queue sont d'un cha-
cal; mais ses membres se terminent par des doigts, non
par des griffes, et les articulations en sont ployées en de-
dans. Ces caractères appartiennent au singe ou à l'homme,
nullement au chacal. Aussi, sans vouloir d'ailleurs donner
à ce sujet une opinion définitive, y a-t-on vu tantôt un cha-
cal2 et tantôt un singe.3 Mais, dans l'une comme dans l'autre
hypothèse, un détail reste inexpliqué : la ceinture entourant
la taille de cet être mystérieux; la présence ne s'en expli-
querait pas chez une bête sauvage, pour qui elle ne pour-
rait être d'aucun usage. Or, rappelons-nous que les carac-
tères qui ont fait regarder parfois comme un singe celle qui
nous occupe peuvent être ceux d'un homme ; l'animal pourra
être considéré comme présentant, avec la stature et les
membres d'un homme, le torse d'un chacal. C'est exactement
l'apparence qu'offrirait un homme qui se serait recouvert
d'une peau de chacal la partie supérieure du corps et l'aurait fixée à sa taille par une cein-
ture, laissant passer ses jambes et ses bras. On aurait de la sorte un déguisement analogue à
celui qu'emploient de nos jours encore dans leurs chasses certains peuples sauvages : le chas-
seur se recouvre de tout ou partie de la dépouille d'un animal choisi de façon à ne pas
éveiller la défiance de celui qu'il chasse. Des exemples de cette ruse ont été rapportés par
plus d'un voyageur, et le fait est admis par tous les ethnographes.4 Il est un des cas où le
chasseur s'attache à ressembler à l'animal qu'il poursuit : c'est ainsi qu'autrefois les Indiens
de l'Amérique du Nord se recouvraient parfois d'une peau de bison pour s'introduire sans dan.

1 Horapollon, Hieroglyphica, II, 91 : «... avOptojrov iijaroxTcofAEvov 8ià xoAaxEÎaç j3ouXo'jjiEvoi arj^vat, È'Xacpov
[istà aùXrjTou àvGptoTCou Çcaypatpouuiv " aux») yàp OrjpsuETai àxo-jouaa rjoéa auptCTfxata àodvtwv <î>ç y.occajajXEÏaOai urà> tfjç rjSovîjç. »

2 Cf. Quibell, op. cit., p. 41 : «... and below are a wild ox (?), an ibex, a giraffe, and a jackal (?)•,
the last wears a girdle and plays upon a pipe», et Capart, op. cit., p. 229 : «... un chacal (?), marchant
sur les pattes d'arrière, le corps entouré d'une ceinture, semble jouer de la flûte».

3 Cf. Legge, op. cit., p. 132 : «... In the pointed lower end of the palette is a monkey, with long
ears and a strap round his waist, playing a flûte (?).»

4 Cf. par exemple : Fraser, Le totémisme, p. 61 de la traduction française, 1898 et Deniker, Praces
et peuples de la terre, 1900, p. 222.

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