Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Revue égyptologique — 12.1907

DOI Heft:
Nr. 1-3
DOI Artikel:
Pâris, Johannès: Un document sur l'emploi de la flûte comme engin de chasse à l'époque thinite
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.11501#0014
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
4

L. J. Delapoete. Un document, etc.

ger au milieu d'un troupeau de ces animaux et le guider ainsi vers une embuscade dressée
par leur tribu.1 D'autres fois, l'animal choisi pour le déguisement n'est pas celui que l'on
chasse : il arrivait ainsi à ces mêmes Indiens de s'approcher d'un troupeau de bison recouverts
de la peau d'un loup, animal qui n'inspirait sans doute à leur victime, ni méfiance, ni crainte.2
D'autres fois enfin, le sauvage ne s'affuble pour se déguiser que d'une partie du corps d'un
animal : les cornes d'une antilope, par exemple, comme on fait au Dahomey pour s'appro-
cher de l'éléphant sans éveiller ses soupçons.3

Ce stratagème étant commun parmi les primitifs de notre époque, il pourrait sembler
étrange que l'antiquité ne l'ait pas connu, mais il n'en est rien. Oppien mentionne l'habitude
des Éthiopiens de se recouvrir de la peau d'un mouton quand ils allaient à la chasse au
lion.4 Il s'agissait peut-être plutôt ici, il est vrai, d'une sorte d'armure contre les griffes de
l'animal chassé. Mais Strabon, dans sa description des pays du Haut-Nil, nous cite un fait
beaucoup plus précis :5 «Au-dessus des Éléphantophages, nous dit-il, habitent les Strutho-
phages, tribu moins importante; il y a chez eux des oiseaux aussi grands que des cerfs et
qui ne peuvent pas voler, mais courent avec rapidité, comme les autruches. Les uns les
chassent à coups de flèches ; les autres, se recouvrant de la dépouille de l'un de ces oiseaux,
engagent la main droite dans le cou de la bête, pour lui imprimer ses mouvements habi-
tuels. De la main gauche ils répandent à terre le grain contenu dans un sac qui pend à
leur côté; ils attirent ainsi ces animaux dans de profonds ravins où se tiennent des gens
armés de bâtons qui les assomment.»6

Voilà donc des stratagèmes employés dès l'antiquité, et cela en Afrique même, et dans
la vallée du Nil. Rien d'étonnant à ce qu'on les retrouve sur les palettes préhistoriques
d'Hierakônpolis. On pourrait objecter, il est vrai, qu'un chasseur doit avoir une arme et que
le nôtre n'en semble point avoir; mais le texte de Strabon et l'un au moins des exemples
actuels cités plus haut montrent qu'il n'en est pas besoin. Rien n'empêche d'ailleurs de sup-
poser que le chasseur a caché un poignard, par exemple, dans sa ceinture. Il peut n'être
qu'un rabatteur, chargé, comme le Struthophage dont parle Strabon, d'attirer les animaux
dans une embuscade où ses compagnons les attendent; c'est à cet effet qu'il joue de la flûte.
Il est vrai qu'on ne voit pas ses camarades. Mais nous savons que sur l'autre face de la
palette étaient sculptés des chiens domestiques, armés pour la chasse et poursuivant les ani-
maux; leur maître ne pouvait être loin; on ne le voyait cependant pas; l'artiste avait omis
de le figurer; rien ne s'opposait à ce qu'il en fit autant pour les compagnons du rabatteur.

Lyon, 31 juillet 1904.

1 J. A. Allen, Les bisons d'Amérique, 1876, traduit de l'anglais par Oustalet. [Revue scientifique,
28 juillet 1877, p. 89.)

2 Brehm, Les mammifères, traduction française, tome II, p. 658.

3 Roupin, Voyage au Dahomey [1860], (Tour du monde, VII, pp. 91—92.)

4 Oppien, De la chasse, IV, 154.

5 Strabon, Géographie, XVI, 4, 11. Cf. S. BochArt, Hierozoikon, 1663, tome II, p. 260.

6 Strabon, loc. cit. : « Orjpsûouai o' ocÙtûu; o-. [jiv to£oiç, ol Se xocî; 8opa7; tôjv atpouôcSv a/.ETTaaOivTs; tt,v (ièv
osSjîav xaXiTiTO'jîjt tùk ipa^rjXiixoaw [xÉpst x«i zivouaiv outoj; wajtsp xà Çwa /.tvEttat zoïz zpa.yj\koiç„ xr^ os apiarepSt utc£p[xa
rcpo^souaiv (xtlo 7tr]pa; :tapr]pT7][jiv/];, xai toutuh SeXeaaavxsç t» (jtoa oapayya; aovwOoîiatv - svrauOa S' ecpsatcjoTs? Ç'jXo/.otcoi
■/.aia/.cOTTOuai. »
 
Annotationen