Le pbêtee de Ka et le choachyte.
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publiés dans ce numéro même, prouvent en effet : 1° que le prêtre de Ka avait son choachyte attitré (voir plus
haut, p. 74—76); 2° que ce choachyte sacrifiait pour ses liturgies des animaux, vaches, etc. (ibidem), c'est-à-
dire ces bêtes de somme même qu'on livrait au prêtre de Ka d'après le prince de Siut, prévoyant dans ses textes
l'emploi des principaux morceaux ; 3° que les choachytes avaient, à l'époque persane, près de leur demeure
ou plutôt dans les dépendances de leurs demeures mêmes, un lieu de sacrifice à cet effet, comme dans la
maison une salle divine ou sorte de chapelle consacrée aux libations, etc. (p. 78 — 79, 79—80). Plus tard, à
l'époque ptolémaïque, par exemple, nous n'avons pas directement la preuve que cet usage se soit continué.
Il n'est plus alors question, du moins dans les documents que je possède, de sacrifices sanglants faits par
les choachytes. Les zapraia, les offrandes de fruits, de légumes et peut-être d'oies et de morceaux de viande
tout préparés, sont seuls mentionnés pour eux, comme d'ailleurs dans la plupart des stèles funéraires des
diverses époques relatives aux pir%ru. Les libations, d'où les choachytes avaient tiré leur nom, jouaient
surtout un grand rôle. Dans le règlement des choachytes, publié et étudié par moi à deux reprises, tant
dans le travail de la Zeitschrift déjà cité, que dans un autre, paru dans la Revue archéologique et intitulé :
«Une confrérie égyptienne», on voit que le vin pur était surtout usité dans ces libations. Les choachytes,
d'ailleurs, n'avaient qu'à imiter l'enseignement que leur donnait Isis, puisque, dans un texte mythologique
contemporain, il est dit que cette déesse n'usa que de vin dans les libations qu'elle fit pour Osiris.
Les libations et les autres rites funèbres avaient lieu près des défunts dans la catacombe même,
c'est-à-dire dans ces tombes que les choachytes se vendaient l'un à l'autre, comme étant de bonnes sources
de revenu. Certains documents, spécialement une lettre démotique sur poterie, adressée par un choachyte
à un de ses clients, prouvent que ces clients étaient considérés, de leur vivant même, comme appartenant
à ceux qui devaient prier pour eux après leur mort.
Notons d'ailleurs que l'importance de ceux-ci s'était accrue en raison même de la domination des
rites accomplis par eux.
A l'époque des contrats archaïques, le choachyte, -même quand il n'était pas le serviteur d'un prêtre
de Ka, n'était jamais qu'un sous-ordre. La corporation, à laquelle il appartenait, était soumise : 1° d'une
part, au chef de la nécropole, qui, du temps d'Amasis, recevait, soit par lui-même, soit par l'intermédiaire
d'un pastophore ^ P , ^ , ET~Z11, les taxes dont ils étaient frappés; 2° d'une autre part, à ces pasto-
phores eux-mêmes, qui, sous Psammétique Ier, étaient encore rattachés à la région de ast ma, comme ces
auditeurs de ast ma1 si souvent indiqués dans de curieux petits textes hiéroglyphiques du Louvre.
Nous voyons, par les contrats de cette période, que ces pastophores appartenaient souvent aux mêmes
familles que certains choachytes auxquels ils transmettaient leurs biens. Mais enfin c'étaient des choachytes
gradés, qui n'en portaient plus jamais le nom ou, pour mieux dire, des brigadiers de choachytes : et les
choachytes n'auraient jamais osé s'intituler pastophores. C'est ce qu'ils font, au contraire, à l'époque ptolé-
maïque. Us prennent tous alors le titre de pastophores 2 d'Amon api. Us portaient à ce moment, ou aidaient
à porter, le naos d'Amon, lors de la procession qui se faisait dans la région funéraire, et ils jetaient du
sable devant l'image sainte, d'après le papyrus grec Ier de Turin. Notons qu'alors, et déjà depuis la seconde
partie du règne d'Amasis, on les appelait himoou, parce que le syllabique uah avait fait place au syllabique
M (en copte <£i a, comme verbe, les acceptions de Le syllabique ^ prenait alors en démotique une
toute autre forme, sur laquelle j'ai beaucoup insisté dans le dernier numéro.
Les choachytes ne se contentèrent pas du titre quasi-sacerdotal de pastophore et, après la première
destruction de Thèbes, lors des luttes de Ptolémée Alexandre et de Ptolémée Soter II, ils s'intitulèrent
pères divins, etc. 11 est vrai qu'ils considéraient alors leur sacerdoce tout-à-fait à la grecque.
A côté de la confrérie des choachytes, existait, à Thèbes, la confrérie des xerheb ou taricheutes-
paraschistes, sur laquelle j'ai donné également depuis longtemps des détails très étendus. Les xerheb, dont
le nom ^ signifiait simplement «officiants» dans les textes hiéroglyphiques plus anciens, étaient ceux,
1 On s'est demandé parfois si ces auditeurs de ast ma ne jouaient pas dès cette vie, comme l'ont prétendu les règles, le rôle de
juges du mort qu'avaient dans l'autre les 42 dieux, assesseurs d'Osiris.
2 Ce mot pastophore en grec paraît être la traduction du mot ^ -~ £ £ t, n |_ variante alors fréquente et qui avait
remplacé (3 ^_û i_ _j. Le signe quoique plus élevé dans sa forme hiératico-démotique que le *i_C. offrant cependant
avec ce signe certaines analogies à l'époque archaïque. A l'époque plus moderne, c'est ^_û qui l'a remplacé. Notons que dans cer-
taines inscriptions hiéroglyphiques, signalés dans mon catalogue sommaire do la sculpture, le mot t'a remplace fai pour ces pastophores,
remplacent les sau ou gardien.
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publiés dans ce numéro même, prouvent en effet : 1° que le prêtre de Ka avait son choachyte attitré (voir plus
haut, p. 74—76); 2° que ce choachyte sacrifiait pour ses liturgies des animaux, vaches, etc. (ibidem), c'est-à-
dire ces bêtes de somme même qu'on livrait au prêtre de Ka d'après le prince de Siut, prévoyant dans ses textes
l'emploi des principaux morceaux ; 3° que les choachytes avaient, à l'époque persane, près de leur demeure
ou plutôt dans les dépendances de leurs demeures mêmes, un lieu de sacrifice à cet effet, comme dans la
maison une salle divine ou sorte de chapelle consacrée aux libations, etc. (p. 78 — 79, 79—80). Plus tard, à
l'époque ptolémaïque, par exemple, nous n'avons pas directement la preuve que cet usage se soit continué.
Il n'est plus alors question, du moins dans les documents que je possède, de sacrifices sanglants faits par
les choachytes. Les zapraia, les offrandes de fruits, de légumes et peut-être d'oies et de morceaux de viande
tout préparés, sont seuls mentionnés pour eux, comme d'ailleurs dans la plupart des stèles funéraires des
diverses époques relatives aux pir%ru. Les libations, d'où les choachytes avaient tiré leur nom, jouaient
surtout un grand rôle. Dans le règlement des choachytes, publié et étudié par moi à deux reprises, tant
dans le travail de la Zeitschrift déjà cité, que dans un autre, paru dans la Revue archéologique et intitulé :
«Une confrérie égyptienne», on voit que le vin pur était surtout usité dans ces libations. Les choachytes,
d'ailleurs, n'avaient qu'à imiter l'enseignement que leur donnait Isis, puisque, dans un texte mythologique
contemporain, il est dit que cette déesse n'usa que de vin dans les libations qu'elle fit pour Osiris.
Les libations et les autres rites funèbres avaient lieu près des défunts dans la catacombe même,
c'est-à-dire dans ces tombes que les choachytes se vendaient l'un à l'autre, comme étant de bonnes sources
de revenu. Certains documents, spécialement une lettre démotique sur poterie, adressée par un choachyte
à un de ses clients, prouvent que ces clients étaient considérés, de leur vivant même, comme appartenant
à ceux qui devaient prier pour eux après leur mort.
Notons d'ailleurs que l'importance de ceux-ci s'était accrue en raison même de la domination des
rites accomplis par eux.
A l'époque des contrats archaïques, le choachyte, -même quand il n'était pas le serviteur d'un prêtre
de Ka, n'était jamais qu'un sous-ordre. La corporation, à laquelle il appartenait, était soumise : 1° d'une
part, au chef de la nécropole, qui, du temps d'Amasis, recevait, soit par lui-même, soit par l'intermédiaire
d'un pastophore ^ P , ^ , ET~Z11, les taxes dont ils étaient frappés; 2° d'une autre part, à ces pasto-
phores eux-mêmes, qui, sous Psammétique Ier, étaient encore rattachés à la région de ast ma, comme ces
auditeurs de ast ma1 si souvent indiqués dans de curieux petits textes hiéroglyphiques du Louvre.
Nous voyons, par les contrats de cette période, que ces pastophores appartenaient souvent aux mêmes
familles que certains choachytes auxquels ils transmettaient leurs biens. Mais enfin c'étaient des choachytes
gradés, qui n'en portaient plus jamais le nom ou, pour mieux dire, des brigadiers de choachytes : et les
choachytes n'auraient jamais osé s'intituler pastophores. C'est ce qu'ils font, au contraire, à l'époque ptolé-
maïque. Us prennent tous alors le titre de pastophores 2 d'Amon api. Us portaient à ce moment, ou aidaient
à porter, le naos d'Amon, lors de la procession qui se faisait dans la région funéraire, et ils jetaient du
sable devant l'image sainte, d'après le papyrus grec Ier de Turin. Notons qu'alors, et déjà depuis la seconde
partie du règne d'Amasis, on les appelait himoou, parce que le syllabique uah avait fait place au syllabique
M (en copte <£i a, comme verbe, les acceptions de Le syllabique ^ prenait alors en démotique une
toute autre forme, sur laquelle j'ai beaucoup insisté dans le dernier numéro.
Les choachytes ne se contentèrent pas du titre quasi-sacerdotal de pastophore et, après la première
destruction de Thèbes, lors des luttes de Ptolémée Alexandre et de Ptolémée Soter II, ils s'intitulèrent
pères divins, etc. 11 est vrai qu'ils considéraient alors leur sacerdoce tout-à-fait à la grecque.
A côté de la confrérie des choachytes, existait, à Thèbes, la confrérie des xerheb ou taricheutes-
paraschistes, sur laquelle j'ai donné également depuis longtemps des détails très étendus. Les xerheb, dont
le nom ^ signifiait simplement «officiants» dans les textes hiéroglyphiques plus anciens, étaient ceux,
1 On s'est demandé parfois si ces auditeurs de ast ma ne jouaient pas dès cette vie, comme l'ont prétendu les règles, le rôle de
juges du mort qu'avaient dans l'autre les 42 dieux, assesseurs d'Osiris.
2 Ce mot pastophore en grec paraît être la traduction du mot ^ -~ £ £ t, n |_ variante alors fréquente et qui avait
remplacé (3 ^_û i_ _j. Le signe quoique plus élevé dans sa forme hiératico-démotique que le *i_C. offrant cependant
avec ce signe certaines analogies à l'époque archaïque. A l'époque plus moderne, c'est ^_û qui l'a remplacé. Notons que dans cer-
taines inscriptions hiéroglyphiques, signalés dans mon catalogue sommaire do la sculpture, le mot t'a remplace fai pour ces pastophores,
remplacent les sau ou gardien.
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