Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Saint-Non, Jean Claude Richard de
Voyage Pittoresque Ou Description Des Royaumes De Naples Et De Sicile (Band 1,1): Contenant Un Précis Historique de leurs Révolutions, Les Cartes, Plans & Vues du Royaume & la Ville de Naples, Ses Palais, ses Eglises, ses Tombeaux, Ses Poètes, Peintres & Musiciens célèbres, Le Vésuve [...] — Paris, 1781 [Cicognara, 2708-1]

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.1087#0023
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
Gélon,
Tyran de Si-
racufe.
Avant J. C.

48o.

' Gélon dé-
pofe fon au-
torité entre
les mains du
peuple.

VOYAGE PITTORESQUE

Illçs de l'Archipel &c les belles contrées de l'Aile, l'honneur de rappeller ces
traditions antiques, recueillies &C ornées par l'imagination des Poètes. Elle eft
en effet, ainû" que ces contrées , le théâtre des évènernens &C des prodiges
confacrés par la Mythologie, le berceau de plufieurs de fes fables mêmes & la
patrie de ces Héros & de ces Dieux admis par la poftérité. Ces peuples, fous
un ciel heureux dans un climat fertile, cultivèrent de bonne heure, ainfi que
les Grecs, les arts de l'imagination, &C témoins , comme eux, des phénomènes
variés & des merveilles de la nature, ils virent naître des Artiftes pour la peindre
& des Poètes pour la chanter.

On conçoit qu'avec ces avantages la civilifation n'y dut pas être moins
prompte ; auffi la Sicile eft-elle repréfentée comme un pays floriffant, couvert
de Républiques déjà puiffantes, au temps même où. les Sicanes, peuplade Efpa-
gnole, où les Sicules, Nation Italienne, y viennent chercher des établiffemens.
Mais ce furent les Grecs, Fondateurs de plufieurs Colonies, telles que Gela,
j4grigeizte , Syracufe, qui en y portant leur Langue, leurs ufages, leur caractère,
développèrent le génie des indigènes, ££ tranfportèrent , pour ainfi dire, la
Grèce dans la Sicile. Même efprit : mêmes effets de cet efprit : un pays partagé
en différais Etats, les uns Républicains, les autres fournis à un Tyran, des
guerres , des rivalités , des divitions inteftines , des ufurpateurs, des confpira-
tions : tout rappelle les Grecs &C leur hiftoire. Mais leur hiftoire même n'offre
rien de plus beau peut-être & de plus impofant que le moment où Syracufe ,
après deux fiècles d'un Gouvernement orageux, forme, fous les Loix de Gélon,
la feule grande puiffance de la Sicile. Quel fpeétacle de voir Gélon ufurpant,
il eft vrai, l'autorité fouveraine , mais la dévouant aux foins de la félicité
publique, repouffant les Carthaginois qui , voilîns de la Sicile, y poffédoient
d'anciens établiffemens, portant en peu d'années fon peuple au plus haut degré
de fplendeur ; enfuite, venant feul, fans armes, dans la place publique, au
milieu des Syracufains armés par fes ordres, offrant de rendre compte de fa
conduite, même de fes facultés, à fes Sujets affemblés, & dépofant le pouvoir
fuprême entre les mains de {es Concitoyens. Le peuple, dans le tranfport de fa
reconnoiffance , lui rend d'une acclamation unanime l'autorité abdiquée, la
confacrant même par le nom de Roi 3 car il n'avoir régné que fous celui de
Préteur. On lui décerne une ftatue qui le repréfente défarmé, vêtu en {impie
Citoyen, tel qu'il s eft préfenté à l'affemblée le jour de fon abdication. C'étoit
en effet le plus beau de fa vie.

C'eft à un tel caractère qu'il appartenoit d'être, comme* l'a dit un de nos
grands Ecrivains, le feul homme, qui dans un traité de paix, ait jamais ftipulé
 
Annotationen