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https://doi.org/10.11588/diglit.6527#0462
SUR LES ROYAUMES D'ALGER &c. Cbap. 111. 401
Lorfque j'étois à Tunis, en printerns 1727, on parlait P/ov ^
beaucoup de diverfes Prophéties, tirées, à ce qu'on dit, en ^tië
partie du livre que je viens d'indiquer, & en partie de leur Jaf- Bey du
for-eah, lesquelles annonçoient qu'HaJJan Ben A/y, Bey ré- *****
gnant jdevoit être immédiatement dépofé par Ton neveu Aly
Bâcha. Le vrai de l'affaire étoit, qa'HajJjn Ben Aly, d'ail-
leurs bon & lage Prince, avoit une inclination prefquc invin-
cible de faigner & d'opprimer les plus riches de ies Ibjcts; &
par une politique mal entendue, il avoit depuis le commence-
ment de fa régence fort négligé les Turcs, & donné tou-
te fa confiance à des Maures & à des Renégats, à qui il con-
férait les plus grands honneurs & tous les emplois. D'un
autre côté, Aly Bâcha, qui commandoit fous lui en-qualité
à'Aga des Janijfaires, s'étoit conduit avec tant d'affabilité,
de droiture & de généralité , qu'il avoit gagné l'affection
des Troupes, & la bienveillance de tout le Royaume. Or
comme,fur une brouilierie furvenue entre lui &fon oncle, Aly
Bâcha s'étoit retiré dans les montagnes d'Ufeint, cù il s'étoit
.fait proclamer Bey, & avoit publié hautement les injuftices
& les opprenions à'BaJfem Ben Aly envers fes fujets,ainfi que
l'injufte mépris & le peu d'égards qu'il avoit toujours témoi-
gné pour les Turcs, ajoutant, qu'il alloit employer les mo-
yens propres pour venger les uns & les autres ; il y avoit af-
fez d'apparence, fans le fecours d'aucune Prophétie, que la
révolution mentionnée pouvoit arriver environ dans le tems
dont on parloit. Cependant,malgré toutes ces circonftances, ^°^ée
qui fembloient ne préfager rien de bon,& quoiqu'on y comp- *" e"
tât même avec tant de confiance, qu'on étoit allé jufqu'à mar-
quer précifement le jour & l'heure de revenement, Hâjfah Ben
Aly l'emporta fur leur Jaffer-eah, ou Prophétie cabalif-
tique ; & fi enfin les Algériens ne s'en étoient mêiés en
1735., ilauroit vraifemblablement lahTé fon fils paifible pof-
feffeur du Royaume.
U feroit trop ennuyeux de parler de toutes leurs autres pré- Prophe-
tendues-Prophéties, dont la fauffeté a fauté aux yeux, en ce que ",e toa-
l'évenement a démenti la prédiction, & fait voir que ce n'étoit «taWif!
tout au plus que des divinations fort incertaines, ou des conjec- fement
Tome I. Eee tures
Lorfque j'étois à Tunis, en printerns 1727, on parlait P/ov ^
beaucoup de diverfes Prophéties, tirées, à ce qu'on dit, en ^tië
partie du livre que je viens d'indiquer, & en partie de leur Jaf- Bey du
for-eah, lesquelles annonçoient qu'HaJJan Ben A/y, Bey ré- *****
gnant jdevoit être immédiatement dépofé par Ton neveu Aly
Bâcha. Le vrai de l'affaire étoit, qa'HajJjn Ben Aly, d'ail-
leurs bon & lage Prince, avoit une inclination prefquc invin-
cible de faigner & d'opprimer les plus riches de ies Ibjcts; &
par une politique mal entendue, il avoit depuis le commence-
ment de fa régence fort négligé les Turcs, & donné tou-
te fa confiance à des Maures & à des Renégats, à qui il con-
férait les plus grands honneurs & tous les emplois. D'un
autre côté, Aly Bâcha, qui commandoit fous lui en-qualité
à'Aga des Janijfaires, s'étoit conduit avec tant d'affabilité,
de droiture & de généralité , qu'il avoit gagné l'affection
des Troupes, & la bienveillance de tout le Royaume. Or
comme,fur une brouilierie furvenue entre lui &fon oncle, Aly
Bâcha s'étoit retiré dans les montagnes d'Ufeint, cù il s'étoit
.fait proclamer Bey, & avoit publié hautement les injuftices
& les opprenions à'BaJfem Ben Aly envers fes fujets,ainfi que
l'injufte mépris & le peu d'égards qu'il avoit toujours témoi-
gné pour les Turcs, ajoutant, qu'il alloit employer les mo-
yens propres pour venger les uns & les autres ; il y avoit af-
fez d'apparence, fans le fecours d'aucune Prophétie, que la
révolution mentionnée pouvoit arriver environ dans le tems
dont on parloit. Cependant,malgré toutes ces circonftances, ^°^ée
qui fembloient ne préfager rien de bon,& quoiqu'on y comp- *" e"
tât même avec tant de confiance, qu'on étoit allé jufqu'à mar-
quer précifement le jour & l'heure de revenement, Hâjfah Ben
Aly l'emporta fur leur Jaffer-eah, ou Prophétie cabalif-
tique ; & fi enfin les Algériens ne s'en étoient mêiés en
1735., ilauroit vraifemblablement lahTé fon fils paifible pof-
feffeur du Royaume.
U feroit trop ennuyeux de parler de toutes leurs autres pré- Prophe-
tendues-Prophéties, dont la fauffeté a fauté aux yeux, en ce que ",e toa-
l'évenement a démenti la prédiction, & fait voir que ce n'étoit «taWif!
tout au plus que des divinations fort incertaines, ou des conjec- fement
Tome I. Eee tures