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les dix ans d'absence de Solon, qiii visitait FEgypte, Chypre, et qui se rendit plus tard ä la cour de
Cresus, Pisistrate, un de ses parents, jeune et ambitieux, parvint ä gagtier la confiance des classes
pauvres ä tel point, que Solon, ä son retour, bien qu'accueilli avec veneration, se trouva hors d'etat
de s'opposer au nouvel ordre de choses qui s'elevait. Pisistrate s'empara de l'autorite; Ie parti des
Alkmaeonides, qui avait suecombe sous Megakles, tenta de se relever, soit les armes ä la main,
soit par des concessious, en formant des alliances de parente avec le nouveau dominateur. Quoique
chasse deux fois, Pisistrate s'assura enfin de la possession definitive de l'autorite, et, saus se revetir de
quelque titre que ce fut, regna jusqu'ä sa inort (527) en autocrate, mais avec moderation, prudenee
et bonheur.
L'epoque de la mort de Solon, ainsi que Ie lieu de son deces, n'est point connue, mais il est
certain qu'il quitta Athenes une seconde fois et qu'il n'y revint plus.
Les fds de Pisistrate: Hipparque et Hippias (et Thessalos?) succederent ä leur pere et gouver-
nerent en commun jusqu'eii 514, epoque oü le premier, par suite d'une dispute particuliere, fut tue
par Harmodius et Aristogiton, ä la fete des Panathenees. Hippias, reste seul maitre, devint le ven-
geur de son frere; mais les rigueurs excessives qu'il deploya, porterent les Atheniens ä appeler ä
leur secours les Spartiates, qui, confiants en un oracle obtenu par ruse, brisereut les liens d'amitie
qui les unisaient ä Hippias, et reuiiis aux Eupatrides, FAIkmaeonide Clysthenes ä leur tete,
renverserent le tyran. Ce fut la premiere fois (510) que les Spartiates apparurent hostilement de-
vant la citadelle sacree de Pallas-Atheuee, dans laquelle Hippias s'etait reuferme, mais qu'il rendit
bientöt pour abandonner l'Attique.
Clystenes, devenu chef du peuple, repartit la population en dix classes, au lieu de quatre, et
porta ä 500 le nombre des membres du senat, ce qui rendit le principe democratique de plus en
plus predominant.
L'Eupatride Isagoras, uni aux Lacedemoniens, gouvernes par Cleomenes, tenta d'enlever la
puissance ä Clysthenes; cette tentative echoua, quoique les Lacedemoniens occupassent de nouveau
FAcropoIe. Cependant Athenes, craignant leur vengeance, se cbercha des allies, d'abord en Grece,
mais en vain, puis en Perse, oü eile envoyait une ambassade ä Artapberne, frere de Darius et satrape
de Sardes. Les ambassadeurs obtinrent, il est vrai, un accueil favorable aupres des barbares, mais
nun l'approbation de leurs concitoyens ä leur retour, lorsqu'ils rapporterent que le secours des Perses
»e leur etait acorde qua la condition de la sujetion d'Athenes. 0» renonca ä 1'alliance, et n'attendit
plus de salut que de ses propres forces.
Peu de temps apres, Ie roi de Sparte, Cleomenes, s'avanca contre Eleusis; les Beotiens, d'ac-
cord avec lui, attaquerent les frontieres septentrionales, et les Chalcidiens les plaiues au nord-est de
l'Attique. Des discussions parmi les enneniis, et la double victoire que les Atheniens remporterent le
meine jour sur les Beotiens et sur les Chalcidiens, eloignerent pour un moment tout peril, car Cleo-
menes se retira egalement; mais les Beotiens ne tarderent pas ä s'unir aux Eginates pour devaster les
cötes altiques, tandis que Cleomenes, quoiqu'en vain, essaya en presence d'Hippias, venu ä Sparte,
de porter son peuple et ses allies ä la continuation des hostilites.
Hippias chercha des lors son salut chez les Perses, et les eugagea d'autant plus facilement h con-
tinuer les hostilites contre sa patrie, que les Atheniens et les Eretriens, depuis l'assistance qu'ils avaient
donnee aux Ioniens contre les Perses, et depuis leur participation au sac de Sardes (500), etaient
devenus I'objet d'une haine mortelle parmi ces derniers.
Ainsi s'ouvrit le grand drame de cette guerre des Perses contre la Grece (490—449), guerre dont
les consequences furent incalculables. Pendant que, dans la premiere annee, les Atheniens exercaient de
nouveau leurs forces croissantes contre Egine, leur constante ennemie, Mardonius, ä la tele des Per-
ses, tenta la conquete de la Thrace et de la Macedoine; mais, aflaibli par les tempetes et par les per-
tes dans les combats, il fut force d'y renoncer. La principale attaque des Perses n'eut lieu que plus
tard sous Datis et Aitaphemes, qui, avec des forces formidables, prenant le cheiniu de l'Europe par
Samos, devasterent Naxos, puis Karystos et Eretrie, sur l'ile d'Eubee, debarquerent ensuite, Hip-
pias avec eux, sur la cöte d'Attique pres de Marathon, oü de tous les etats grecs, dont la plupart
avaient accepte Ie joug des Perses, les Atheniens, forts de 10,000 hommes et 1000 Plateens
venus ä leur aide, furent les seuls ä soutenir Ie chos des barbares, tandis que les Lacedemoniens,
de meine disposes ä la resistance, etaient encore eloignes dans leur marche attardee.
Les Atheniens avaient dix genciaux, dont les plus distingues etaient Miltiade, Callimaque et
Aristide; (Themistocle aussi se trouvait dejä au combat de Marathon). Miltiade, a qui latactique des
Perses etait connue, recut le commandement en chef, et Ie 29 Septembre 490 av. J. C, dans la
piaine de Marathon, s'evauonirent les esperances de victoire des Perses et du vieil Hippias; ce der-
nier, ainsi que Ie polemarque athenien Callimaque, perirent dans cette bataille, oü les Perses essuy-
erent une defaite aussi complete que Ie permettait l'heureux voisinage de leur flotte, qui recut la plu-
part de leurs fuyards et les conduisit ä la rade de Phaleron.
Bientöt apres, Miltiade ayant entrepris contre Paros, qui s'etait ouverfement declare pour les Per-
ses, une expedition, qui ne reussit point, s'attira Ja mefiance du peuple, fut accuse et condamne ä
une forte amende, mais mourut peu de tems ensuite.
Un au apres la victoire de Marathon, Aristide fut elu archonte; mais quoique suriionime „le
juste" il ne tarda cependant pas ä devenir un sujet d'inquietudes et meine d'accusations pour la republique
athenienne, toujours pleine de craintes de voir s'etablir un pouvoir absolu, et fut condamne par
l'ostracisme.
Themistocle, qui prit, sans doute, une part active ä cet injuste arret, profila de son influ-
ence , qui s'etait considerablement accrue, pour la formalion de la marine athenienne; il y employa
l'argent tire des mines de Laurion, qui permit de construire 200 nouvelles triremes, et se prepara
ä recevoir les ennemis; les formidables arniements de Darius en faisaient attendie l'arrivee, quoi-
que lui meine fut mort, dejä en 485; mais il avait legue ä son successeur Xerxes, l'executiou de
son entreprise.
Xerxes, revant la conquete de l'Europe, se mit en marche au printems de 480, avec Farmeo
la plus nombreuse qu'on ait jamais vue non seulement avant, mais meine depuis ce tems. II traversa
l'hellespont sur un pont qu'il fit construire, et renforce par des peuplades, soit barbares, soit grecques,
que sa presence contraignait de se reunir ä lui, H descendit, apres avoir inonde la Thessalie et
l'Achaie, dans les plaines de Trachinie et penetra jusqu'au passage des Thermopyles, tandis que sa
flotte, apres avoir perdu pres de 400 vaisseaux ä la hauteur de la Magnesie, abordait pres d'Aphetes.
lia flotte grecque, dont la plus grande partie etait composee de vaisseaux atheniens, commandes
par Themistocle, etait ä Fancre pres d'Artemisium, sous les ordres du Spartiate Eurybiade: la pre-
miere avant-garde des forces de terre, qui consistait, en grande partie, en soldats du Peloponnese, se
trouvait aux Thermopyles, commandee par Leonidas, roi de Sparte, qui devait defendre ce passage
contre les Perses.
L'heroique devouement (ä la journee du 6 Juillet 480) de Leonidas, de ses 300 Spartiates et des
Thespiens, leurs Alleles allies, dont la mort fut acceleree par la trahison d'Epbialfes, ne put arreter
que peu de tems la marche des Perses contre Athenes, tandis que leur flotte, apres les pertes eprou-
vees par les tempetes et dans quelques combats pendant la journee des Thermopyles, et apres
la refraite de la flotte grecque vers Salamine, ou, peu de «eins avant sa victoire eternellement
memorable, eile etait forte de 400 voiles, s'empara de l'ile d'Eubee et se rendit ensuite ä la baie de
Phaleron; les forces de terre des Grecs se bornerent ä fortifier Fisthme de Corinthe, abandonnant la
Beotie et l'Attique ä leur destiii.
Apres qu'on eut rappele les exiles, presque toute la population d'Athenes, sur la motion de The-
mistocle, quitta la ville, et se retira ä Trezene et ä Egine; ceux qui etaient en etat de porter les ar-
mes partirent pour Salamine, laissant la patrie et les temples en proie aux horreurs de la devasta-
tion.qui eut lieu Ie 20 Juillet 480.
Apres que Feloquence et la prudenee de Themistocle, aide dAristide, qui etait revenu de son
exil, eut determine les chefs de la flotte, dejä intimides et prets a la retraite, ä attendre les evene-
ments sur la cöte de Salamine, et qu'une ruse de sa part eu fortifie les Perses dans le projet,
qu'ils avaient dejä coneu, de passer plus avant dans Finterieur du detroit, afin d'empecher la fuite
des Grecs, qu'ils croyaient desuuis, commenca, le matin du 23. Septembre 480, jour de naissance
d'Euripide, cette bataille de Salamine, qui se termina le soir par la defaite complete de la flotte perse,
forte de plus de 1000 vaisseaux, tandis que celle des Grecs n'etait que de 380; Xerxes assista
ä cette defaite du haut d'un des monts du Korydallos, oü il avait fait elever son tröne. Sur ces en-
trefaites Aristide, avec une poignee d'Atheniens, attaquait et exterminait les ennemis qui avaient
debarque la veille sur File de Psyttalia.
Poursuivis par les Grecs jusqu'ä File d'Andros, les Perses fuirent vers FHellespont; leurs forces
de terre evacuerent la Beotie, laissant les vainqueurs feter leurs succes; dejä Eschyle, qui avait active-
ment combattu ä la journee de Salamine, et le jeune Sophocle, se distinguaient dans les jeux que
Fon celebrait alors.
Ivre de succes, Themistocle forca les iles de FArchipel, qui avaient ete allies aux Perses, de
payer de fortes contributions; il visita Sparte et proposa le premier la restauration d'Athenes.
Cependant les Perses ne renoncaient pas eueore ä leurs vues sur la Grece. Mardonius demeura
en Thessalie avec une armee tres considerable; quant äla flotte, eile fit d'abord voile vers les cötes de FEu-
bee, puis revint dans les parages de Salamine. Mardonius essaya par Fentremise d'Alexandre de Mace-
doine, de contracter une alliance avec Athenes; mais eile fut nettement rejetee. A cette demarche
paeifique, succeda bientöt une seconde invasiou de l'Attique, en 479; Athenes, abandonnee ä elle-
meme, et encore devastee, fut oecupee de nouveau, quoique les Spartiates, appreheudant enfin une
alliance entre les Atheniens et les Perses, qui les pressaient trop vivement, se disposassent ä venir
au secours de cette ville par une diversion dans la direction de Thebes.
Mardonius, force par lä de quitter l'Attique, detruisit avant sa retraite tout ce qui avait echappe
au premier sac de la ville, puis partit pour la Beotie.
Devant lui, non loin de Piatee sur FAsopus, se trouvaient les Grecs confederes, entr'autres 8000
Atheniens, ayant Aristide ä leur tele. Cclui-ci, par sa prudenee et son sang froid, parvint ä neutraliser
les rnenacants symptomes de dissension, qui se mauifestaient parmi les allies, autant avant que pendant la
bataille. Le soleil du 25. Septembre 479 av. J. C. eclaira le double triomphe des Grecs, ä Piatee et
sur les cötes de Mycale en Ionie.
A cette bataille de Plalee se trouverent, sous les ordres d'Aristide et du roi de Sparte, Pausa-
nias, 108,000 Grecs, contre une armee de Perses trois fois plus forte en nombre (et renforcee de
compatriotes traitres ä leur pays), commandee par Mardonius, Masistius et Artabaze. Ce dernier re-
conduisit en Asie les debris des barbares. — A la bataille navale de Mycale, les Grecs, sous les
ordres du roi de Sparte, Leotychides, et de FAthenien Xantippos, combattirent contre 6000 Perses
(et contre les Ioniens assujettis) commandes par Tigraue. Mardonius et Masistius tomberent ä la ba-
taille de Piatee, Tigrane ä celle de Mycale; la flotte perse fut brulee.
Des lors, FHellas proprement dit, fut assure contre toute nouvelle invasion des Perses. Les Athe-
niens employerent la paix ä relever leur ville, et malgre les protestations des Spartiates, ils y con-
struisirent, d'apres le plan de Factif et prevoyant Themistocle, un mur d'enceinte et fortifierent le Piree.
Ce ne fut qu'en 4 70, que la mere-patrie vint enfin au secours des Grecs d'Ionie. La flotte
alliee, dont la division atlieniemie etait commandee par Aristide, entreprit une expedition contre
Cliypre et Byzance; Pausanias ayant ete accuse de trahison, le commandement en chef fut re-
mis ä Aristide, ce qui procura ä Athenes Finfluence politique la plus marquee en Grece. Le conseil
de la confederation, ainsi que le tresor public, fut transfere ä Delos; la surveillance du tresor
fut confiee ä Aristide, mais Cimon, fils de Miltiade, fut nomine commandant en chef de la flotte. Bien-
töt apres, ce general fit la conquete de la ville d'Eion, encore oecupee par les Perses, et de l'ile de
Scyros, repaire de pirates, d'oü il rapporla ä Athenes les restes de Thesee.
Vers ce tems, Fastre de Themistocle commenca ä baisser; on Faccusa d'exactions, commises en partie ä
son profit. Le decret qu' Aristide fit rendre en 478, decret par lequel toutes les classes de citoyena
d'Athenes pouvaient dorenavant parvenir aux emplois de Fetat, eleva celui-ci dans les yeux du peu-
ple, au prejudice de Themistocle; Finfluence de Cimon s'aecrut aussi avec celle d'Aristide, qui le
soutenait de tout son pouvoir. Enfin, en 475, l'ostracisme fut prononce contre Themistocle, qui se retira ä
Argos. Peu apres, Falliance contraclee par lui avec Pausanias, ayant ete devoilee ä la mort de ce
dernier, lui attira les plus ardentes persecutions de la part des Atheniens. II n'echappa qu'ä travers
rnille hazards aux dangers qui le menacaient, et eu derniere ressource se rendit en Perse aupres du
jeune Artaxerxes, qui le nomma gouvemeur de la Magnete, oü il mourut en 449; quelques-uns
pretendent qu'il s'empoisonna, n'ayant plus d'autre choix que de prendre forcement part aux nouveaux
projets des Perses eontre la liberte de la Grece, ou de perdre Fasile qu'ils lui avaient aecorde. Ses
restes furent plus tard rapportes secretement en Grece, et deposes sous un monuiiient dans Ie voisi-
nage du Piree.
Le siege et la prise de File de Naxos, par Cimon, (laquelle, pour avoir refuse les subsides, fut obli-
gee, la premiere entre les etats grecs libres, de reconnaitre la Suprematie d'Athenes) fut le commencement
d'une suite de victoires pour les Atheniens. Les Perses, apres quelques petits succes remportes sur
eux en Thrace et en Lydie, essuyerent une double defaite, sur terre et sur mer, pres de FEuryme-
don, en Pampliilie, Fan 169 av. J. C.; puis la flotte phenicienne eprouva Ie möme sort dans les eaux
de Chypre. Un an plus tard, en 468, eut lieu la conquete de la Chersonnese de Thrace, et en 467
celle de Carystus en Eubee, qui cherchait ä se degager de la confederation.
Cimon, alors ä Fapogee de sa gloire, n'oublia dans ces entreprises belliqueuses ni la fortification
ni Fembellissement d'Athenes. De vastes colonnades, FAgora, et les bois de FAcademie, s'eleverent ou
prirent naissance ä cette epoque; et FAkropolis, qui n'etait pas assez defendue vers le sud, vit ses
remparts s'aehever, tandis que Fon jeta les fondements de la longue muraille d'Athenes au Piree.
Mais bientöt la preeminence toujours croissante d'Athenes, qui menacait de degenerer en domina-
tion absolue, excita Feuvie et le mecontentement des allies. L'ile de Thase donna la premiere sujet
aux hostilites, en reclamant d'anciens privileges; les Atheniens les ayant refuses, assiegerent cette
ile, sous Cimon, en 465. Les Spartiates, dont eile avait reclame Faide, allaient tomber sur l'Atti-
que, plutöt pour satisfaire leur ancien ressentiment, que pour secourir ainsi la ville assiegee en ope-
rant cette diversion, lorsqu'un violent tremblement de terre ä Sparte, et en meine tems la revolle des
Hilotcs, les forcerent d'employer toutes leurs ressources aux exigences de leur propre position.
Cimon remit entretems ä un autre general la condnite du siege de Thasos, qui ne se rendit qu'en
463, et revint ä Athenes; mais ä »on retour, il trouva son influence dejä tellement affaiblie par celle
de Pericles, qui commencait ä se faire remarquer depuis quelques aiinees, tant par ses grandes
qualites personnelles que par la gloire de sa famille, qu'il ne put meme echapper ä uue aecusation de
corruption; il en fut cependant declare innocent apres une justification eclatante.
Immediatement apres, les Lacedemoniens reclamerent l'assistance des Atheniens contre leurs Hilo-
tes; Cimon, qui avait toujours ete favorable ä Sparte, fit aecorder ce secours et se mit en personne ä
la tele des troupes. Mais la discorde qui avait depuis longtems existe entre ces deux republiques de la
Grece les plus puissantes, se manifesta d'une maniere plus eclatante lors de ce contact direct, et s'aecrut
pendant la duree de l'assistance qu' Athenes preta ä Sparte, devant Ithome, jusqu'au point de faire ren-
voyer ces renforts par les Lacedemoniens. Cette issue s'aecordait aussi peu avec les intentions de Ci-
mon que Fatteinte r.ux droits et ä l'autorite de Fareopage, projetee par Ephialtes et executee de concert
avec Pericles. II s'opposa en vain ä toutes les innovations contre Fareopage, dans lequel le parti
aristoeratique avait trouve jusqu'alors Fun de ses plus fermes appuis. Tous ses eflforts ne servirent qu'ä
donner ä ses ennemis, qui Faccusaient de participation aux vues politiques de Sparte, une arme de
plus pour lui preparer le sort de la plupart des hommes d'etat marquans d'Athenes. II suecomba en-
fin ä l'ostracisme, en 461, epoque de la mort d'Aristide, dont les vertus furent reverees par le peuple
reconuaissant, qui se chargea d'assurer ä ses heritiers une existance digne de leur pere.
Pericles obtint alors cette puissance, dont les heureux succes le maintinrent pendant une longue suite
d'annees ä la iete d'un etat desormais purement democratique. Les contributions des etats allies furent
elevees, le resortde Delos transporte ä FAkropolis d'Athenes; des alliances furent conclues avec les Mega-
riens contre Corinthe et Epidaure, que de son cöte Sparte soutenait. Dans cette lutte Athenes perdit, il
est vrai, la premiere bataille sur terre, ä Haliae; mais sur mer, ensuite, les Atheniens reparerent cette
defaite, par la victoire qu'ils remporterent sur la flotte du Peloponese, ä la hauteur de Kekrypha-
leia. Egine se declara alors contre Athenes, mais eile fut vaiucue de meine sur mer, puis assiegee
par les Atheniens debarques, pendant que Myronides battait les Corinthiens ä Kimolia, 457. Ce fut
en vain cependant que d'un autre cöte, une flotte entra dans le Nil avec des troupes de terre, pour
secourir les Egyptiens revoltes contre les Perses; cette flotte et un autre armement destine plus tard
au meme but, succoinbereiit sous les armes d'Artaxerxes, en 455.
Sur ces entrefaites on terminait les longues niurailles du Piree et de Phalere, dont les frais
furent fournis par le butin qu'on avait fait jadis sur les Perses. Quoique sans declaration ouverte
de guerre, Sparte continuait son inimitee contre Athenes; eile se manifesta surtout dans les debats
de cette derniere ville et de la Phocide, au sujet de Doris; bientöt les Lacedemoniens entres dans
la Beotie, sous la direction de Niconiedes, profiterent des dispositions du parti olygarchique ä Athe-
nes, pour s'allier en secret avec lui afin de renverser la constitiüion de l'Attique. Thebes entra dans
ce projet, et en 457, la premiere bataille eut lieu pres de Tanagra, oü, apres que la cavalerie
thessalienne eut passe aux Spartes, ceux-ci triompherent, il est vrai, mais battirent cependant de
suite en retraite; cela fut cause qu'environ deux mois plus tard, ä Oenophyta, pres de ce meme
Tanagra, les Atheniens remporterent sur les Beotiens, restes seuls, une victoire si eclatante, qu'on
Fegala aux journees de Marathon et de Piatee.
Ayant ainsi fait entrer toute la Beotie, ä Fexception de Thebes, dans la ligue athenienne, et
introduit le gouvernement democratique, le victorieux Myranides, apres une courte campagne en Pho-
cide, revint a Athenes, oü sa presence etait devenue necessaire en consequence des menees du parti
oligarchique, restees cependant sans succes.
La reprise, facile ä prevoir, de la lutte contre Sparte, n'etait guere bienvenue aux Atheniens,
quoiqu'ils fussent victorieux; on se ressouvint de Cimon, on le rappela, Pericles le premier, dans
Fespoir, que son influence ä Sparte parviendrait ä reconcilier les deux etats. Mais la paix ne fut
point retablie. Tout ce que Cimon put faire obtenir fut une treve de quatre mois; en revanche, Egine
se rendit. Alors, Fan 456 av. J. C, les Atheniens, sous la conduite de Tolmides, entreprirent une
premiere expedition par mer vers les cötes de la Laconie, oü ils debarquerent forts de 4000 hom-
mes, detruisirent Gythiuin, s'emparerent ensuite d'Eubee, firent la conquete de la Cephallonie, puis
debarquerent de nouveau, cette fois pres de Corinthe, qu'ils arracherent aux Locriens ozoles. Ils
allereut ensuite au secours d'O restes, qu'on avait chasse de Thessalie, et commencerent ä cet efFet le
siege de Pharsale; mais ils y renoncerent bientöt, ainsi qu'au but de Fexpeditiou, pour aller, Pericles
ä leur tete, attaquer Sikyon; ils traverserent le golfe de Corinthe et assiegerent Oeniadae en Acar-
nanie, devasterent toute la contree, et rentrerent ä Athenes triomphants et charges de butin.
A ces expeditions victorieuses succeda une treve, tacite d'abord, puis, en 450, formellement
fixee ä cinq ans, entre Athenes et Ie Peloponnese.
Les Atheniens, libres de ce cöte, formerent de nouvelles esperances d'heureux succes en Orient;
Cimon les realisa par la defaite de la flotte perse pres de Chypre, oü il etablit une garnisou, puis par
celle de Farmee de terre des Perses sur les cötes de FAsie. Apres lheureuse issue de cette expe-
dition, on conclut enfin (449) une paix houorable avec les Perses.
Cimon mourut pendant les negociations, mais meine apres sa mort au siege de Kitium, il pre-
para encore aux Pheniciens et aux Cyliciens, une defaite complete, que leur fit eprouver ä la hau-
teur de Salamine, la flotte athenienne, qui s'en retournait avec le corps de son general, et qui, ca-
chant sa mort, combattait sous Fegide de son nom.
Peu apres la mort de Cimon, les troubles interieurs se reveillerent de nouveau, mais pourlant
sans atteindre, pendant environ 20 ans, la haute importance de la guerre du Peloponnese.
Ainsi eut lieu, en 448, la lutte pour la possession de l'oracle de Delphes, qui ful nommee „la
guerre sacree"; — la defaite des Atheniens sous les ordres de Tolmides, par les Beotiens, 447; —
en retour, la nouvelle conquete par les Atheniens de File d'Eubee et de Megäre, qui avaient voulu
s'aflranchir; — en 445, la reprise des hostilites contre Sparte, ä laquelle succeda une paix concliio
pour 30 ans, mais qui fut rompue apres la quatorzieme annee; — en 444, la sonmissioii du parti
aristoeratique, ä la tele duquel se trouvait Thucydide; — Fintroduction violente du gouvernement demo-
cratique chez les etats allies et soumis, surtout ä Samos, dont Pericles fit, en 440, la conquete apres
un long siege;— l'assistance, que les Atheniens preterent ä Corcyre, en 436, dans les guerres con-
tre Corinthe;— et enfin, apres la rencontre ä Potidee, en 432, oü Socrate partit comme combat-
tant, FaUaque de Piatee (431) qui tenait pour Athenes, par les Thebains, allies de Sparte.
A cette epoque, le mecontentement des allies contre la domination arbitraire d'Athenes, etait ä
son comble; il s'ensuivit enfin une contreligue, et avec eile, le coniinencemeiit de la guerre du Pelo-
ponese, qui prit bientöt le caractere d'une vraie lutte d'extermination, egalement dirigee contre les
constitutions. Dans les premieres annees, les succes remportes de part et d'autre furent, il est vrai,
peu decisifs; Athenes se tint plus sur la defensive que sur Foffensive, de maniere que les Lacede-
moniens purent s'avaucer, presque sans en etre empeches, jusqu'ä Acharnae, dans le voisinage de
cette ville. Mais en 429, lorsque la peste y eclata, la republique eprouva, parmi les victime«
qui suecomberent ä ce fleau, la perte la plus douloureuse, celle du createur de cette politique defen-
sive, qui attendait ses succes plutöt des combats sur mer que des victoires sur terre __ Pericles— le
citoyen le plus distingue d'Athenes. Avec lui tomba la grandeur materielle de l'Attique, et la plus
grande partie de son eclat, que la guerre du Peloponese acheva d'anneantir presqu'entierement.
Sous Fadniinistration de Pericles, Athenes avait alteint son plus haut point de puissance et d'eclat;
mais aussi les moeurs de ses habitans, jadis parees de toutes le vertus, s'etaient perdues dans la
les dix ans d'absence de Solon, qiii visitait FEgypte, Chypre, et qui se rendit plus tard ä la cour de
Cresus, Pisistrate, un de ses parents, jeune et ambitieux, parvint ä gagtier la confiance des classes
pauvres ä tel point, que Solon, ä son retour, bien qu'accueilli avec veneration, se trouva hors d'etat
de s'opposer au nouvel ordre de choses qui s'elevait. Pisistrate s'empara de l'autorite; Ie parti des
Alkmaeonides, qui avait suecombe sous Megakles, tenta de se relever, soit les armes ä la main,
soit par des concessious, en formant des alliances de parente avec le nouveau dominateur. Quoique
chasse deux fois, Pisistrate s'assura enfin de la possession definitive de l'autorite, et, saus se revetir de
quelque titre que ce fut, regna jusqu'ä sa inort (527) en autocrate, mais avec moderation, prudenee
et bonheur.
L'epoque de la mort de Solon, ainsi que Ie lieu de son deces, n'est point connue, mais il est
certain qu'il quitta Athenes une seconde fois et qu'il n'y revint plus.
Les fds de Pisistrate: Hipparque et Hippias (et Thessalos?) succederent ä leur pere et gouver-
nerent en commun jusqu'eii 514, epoque oü le premier, par suite d'une dispute particuliere, fut tue
par Harmodius et Aristogiton, ä la fete des Panathenees. Hippias, reste seul maitre, devint le ven-
geur de son frere; mais les rigueurs excessives qu'il deploya, porterent les Atheniens ä appeler ä
leur secours les Spartiates, qui, confiants en un oracle obtenu par ruse, brisereut les liens d'amitie
qui les unisaient ä Hippias, et reuiiis aux Eupatrides, FAIkmaeonide Clysthenes ä leur tete,
renverserent le tyran. Ce fut la premiere fois (510) que les Spartiates apparurent hostilement de-
vant la citadelle sacree de Pallas-Atheuee, dans laquelle Hippias s'etait reuferme, mais qu'il rendit
bientöt pour abandonner l'Attique.
Clystenes, devenu chef du peuple, repartit la population en dix classes, au lieu de quatre, et
porta ä 500 le nombre des membres du senat, ce qui rendit le principe democratique de plus en
plus predominant.
L'Eupatride Isagoras, uni aux Lacedemoniens, gouvernes par Cleomenes, tenta d'enlever la
puissance ä Clysthenes; cette tentative echoua, quoique les Lacedemoniens occupassent de nouveau
FAcropoIe. Cependant Athenes, craignant leur vengeance, se cbercha des allies, d'abord en Grece,
mais en vain, puis en Perse, oü eile envoyait une ambassade ä Artapberne, frere de Darius et satrape
de Sardes. Les ambassadeurs obtinrent, il est vrai, un accueil favorable aupres des barbares, mais
nun l'approbation de leurs concitoyens ä leur retour, lorsqu'ils rapporterent que le secours des Perses
»e leur etait acorde qua la condition de la sujetion d'Athenes. 0» renonca ä 1'alliance, et n'attendit
plus de salut que de ses propres forces.
Peu de temps apres, Ie roi de Sparte, Cleomenes, s'avanca contre Eleusis; les Beotiens, d'ac-
cord avec lui, attaquerent les frontieres septentrionales, et les Chalcidiens les plaiues au nord-est de
l'Attique. Des discussions parmi les enneniis, et la double victoire que les Atheniens remporterent le
meine jour sur les Beotiens et sur les Chalcidiens, eloignerent pour un moment tout peril, car Cleo-
menes se retira egalement; mais les Beotiens ne tarderent pas ä s'unir aux Eginates pour devaster les
cötes altiques, tandis que Cleomenes, quoiqu'en vain, essaya en presence d'Hippias, venu ä Sparte,
de porter son peuple et ses allies ä la continuation des hostilites.
Hippias chercha des lors son salut chez les Perses, et les eugagea d'autant plus facilement h con-
tinuer les hostilites contre sa patrie, que les Atheniens et les Eretriens, depuis l'assistance qu'ils avaient
donnee aux Ioniens contre les Perses, et depuis leur participation au sac de Sardes (500), etaient
devenus I'objet d'une haine mortelle parmi ces derniers.
Ainsi s'ouvrit le grand drame de cette guerre des Perses contre la Grece (490—449), guerre dont
les consequences furent incalculables. Pendant que, dans la premiere annee, les Atheniens exercaient de
nouveau leurs forces croissantes contre Egine, leur constante ennemie, Mardonius, ä la tele des Per-
ses, tenta la conquete de la Thrace et de la Macedoine; mais, aflaibli par les tempetes et par les per-
tes dans les combats, il fut force d'y renoncer. La principale attaque des Perses n'eut lieu que plus
tard sous Datis et Aitaphemes, qui, avec des forces formidables, prenant le cheiniu de l'Europe par
Samos, devasterent Naxos, puis Karystos et Eretrie, sur l'ile d'Eubee, debarquerent ensuite, Hip-
pias avec eux, sur la cöte d'Attique pres de Marathon, oü de tous les etats grecs, dont la plupart
avaient accepte Ie joug des Perses, les Atheniens, forts de 10,000 hommes et 1000 Plateens
venus ä leur aide, furent les seuls ä soutenir Ie chos des barbares, tandis que les Lacedemoniens,
de meine disposes ä la resistance, etaient encore eloignes dans leur marche attardee.
Les Atheniens avaient dix genciaux, dont les plus distingues etaient Miltiade, Callimaque et
Aristide; (Themistocle aussi se trouvait dejä au combat de Marathon). Miltiade, a qui latactique des
Perses etait connue, recut le commandement en chef, et Ie 29 Septembre 490 av. J. C, dans la
piaine de Marathon, s'evauonirent les esperances de victoire des Perses et du vieil Hippias; ce der-
nier, ainsi que Ie polemarque athenien Callimaque, perirent dans cette bataille, oü les Perses essuy-
erent une defaite aussi complete que Ie permettait l'heureux voisinage de leur flotte, qui recut la plu-
part de leurs fuyards et les conduisit ä la rade de Phaleron.
Bientöt apres, Miltiade ayant entrepris contre Paros, qui s'etait ouverfement declare pour les Per-
ses, une expedition, qui ne reussit point, s'attira Ja mefiance du peuple, fut accuse et condamne ä
une forte amende, mais mourut peu de tems ensuite.
Un au apres la victoire de Marathon, Aristide fut elu archonte; mais quoique suriionime „le
juste" il ne tarda cependant pas ä devenir un sujet d'inquietudes et meine d'accusations pour la republique
athenienne, toujours pleine de craintes de voir s'etablir un pouvoir absolu, et fut condamne par
l'ostracisme.
Themistocle, qui prit, sans doute, une part active ä cet injuste arret, profila de son influ-
ence , qui s'etait considerablement accrue, pour la formalion de la marine athenienne; il y employa
l'argent tire des mines de Laurion, qui permit de construire 200 nouvelles triremes, et se prepara
ä recevoir les ennemis; les formidables arniements de Darius en faisaient attendie l'arrivee, quoi-
que lui meine fut mort, dejä en 485; mais il avait legue ä son successeur Xerxes, l'executiou de
son entreprise.
Xerxes, revant la conquete de l'Europe, se mit en marche au printems de 480, avec Farmeo
la plus nombreuse qu'on ait jamais vue non seulement avant, mais meine depuis ce tems. II traversa
l'hellespont sur un pont qu'il fit construire, et renforce par des peuplades, soit barbares, soit grecques,
que sa presence contraignait de se reunir ä lui, H descendit, apres avoir inonde la Thessalie et
l'Achaie, dans les plaines de Trachinie et penetra jusqu'au passage des Thermopyles, tandis que sa
flotte, apres avoir perdu pres de 400 vaisseaux ä la hauteur de la Magnesie, abordait pres d'Aphetes.
lia flotte grecque, dont la plus grande partie etait composee de vaisseaux atheniens, commandes
par Themistocle, etait ä Fancre pres d'Artemisium, sous les ordres du Spartiate Eurybiade: la pre-
miere avant-garde des forces de terre, qui consistait, en grande partie, en soldats du Peloponnese, se
trouvait aux Thermopyles, commandee par Leonidas, roi de Sparte, qui devait defendre ce passage
contre les Perses.
L'heroique devouement (ä la journee du 6 Juillet 480) de Leonidas, de ses 300 Spartiates et des
Thespiens, leurs Alleles allies, dont la mort fut acceleree par la trahison d'Epbialfes, ne put arreter
que peu de tems la marche des Perses contre Athenes, tandis que leur flotte, apres les pertes eprou-
vees par les tempetes et dans quelques combats pendant la journee des Thermopyles, et apres
la refraite de la flotte grecque vers Salamine, ou, peu de «eins avant sa victoire eternellement
memorable, eile etait forte de 400 voiles, s'empara de l'ile d'Eubee et se rendit ensuite ä la baie de
Phaleron; les forces de terre des Grecs se bornerent ä fortifier Fisthme de Corinthe, abandonnant la
Beotie et l'Attique ä leur destiii.
Apres qu'on eut rappele les exiles, presque toute la population d'Athenes, sur la motion de The-
mistocle, quitta la ville, et se retira ä Trezene et ä Egine; ceux qui etaient en etat de porter les ar-
mes partirent pour Salamine, laissant la patrie et les temples en proie aux horreurs de la devasta-
tion.qui eut lieu Ie 20 Juillet 480.
Apres que Feloquence et la prudenee de Themistocle, aide dAristide, qui etait revenu de son
exil, eut determine les chefs de la flotte, dejä intimides et prets a la retraite, ä attendre les evene-
ments sur la cöte de Salamine, et qu'une ruse de sa part eu fortifie les Perses dans le projet,
qu'ils avaient dejä coneu, de passer plus avant dans Finterieur du detroit, afin d'empecher la fuite
des Grecs, qu'ils croyaient desuuis, commenca, le matin du 23. Septembre 480, jour de naissance
d'Euripide, cette bataille de Salamine, qui se termina le soir par la defaite complete de la flotte perse,
forte de plus de 1000 vaisseaux, tandis que celle des Grecs n'etait que de 380; Xerxes assista
ä cette defaite du haut d'un des monts du Korydallos, oü il avait fait elever son tröne. Sur ces en-
trefaites Aristide, avec une poignee d'Atheniens, attaquait et exterminait les ennemis qui avaient
debarque la veille sur File de Psyttalia.
Poursuivis par les Grecs jusqu'ä File d'Andros, les Perses fuirent vers FHellespont; leurs forces
de terre evacuerent la Beotie, laissant les vainqueurs feter leurs succes; dejä Eschyle, qui avait active-
ment combattu ä la journee de Salamine, et le jeune Sophocle, se distinguaient dans les jeux que
Fon celebrait alors.
Ivre de succes, Themistocle forca les iles de FArchipel, qui avaient ete allies aux Perses, de
payer de fortes contributions; il visita Sparte et proposa le premier la restauration d'Athenes.
Cependant les Perses ne renoncaient pas eueore ä leurs vues sur la Grece. Mardonius demeura
en Thessalie avec une armee tres considerable; quant äla flotte, eile fit d'abord voile vers les cötes de FEu-
bee, puis revint dans les parages de Salamine. Mardonius essaya par Fentremise d'Alexandre de Mace-
doine, de contracter une alliance avec Athenes; mais eile fut nettement rejetee. A cette demarche
paeifique, succeda bientöt une seconde invasiou de l'Attique, en 479; Athenes, abandonnee ä elle-
meme, et encore devastee, fut oecupee de nouveau, quoique les Spartiates, appreheudant enfin une
alliance entre les Atheniens et les Perses, qui les pressaient trop vivement, se disposassent ä venir
au secours de cette ville par une diversion dans la direction de Thebes.
Mardonius, force par lä de quitter l'Attique, detruisit avant sa retraite tout ce qui avait echappe
au premier sac de la ville, puis partit pour la Beotie.
Devant lui, non loin de Piatee sur FAsopus, se trouvaient les Grecs confederes, entr'autres 8000
Atheniens, ayant Aristide ä leur tele. Cclui-ci, par sa prudenee et son sang froid, parvint ä neutraliser
les rnenacants symptomes de dissension, qui se mauifestaient parmi les allies, autant avant que pendant la
bataille. Le soleil du 25. Septembre 479 av. J. C. eclaira le double triomphe des Grecs, ä Piatee et
sur les cötes de Mycale en Ionie.
A cette bataille de Plalee se trouverent, sous les ordres d'Aristide et du roi de Sparte, Pausa-
nias, 108,000 Grecs, contre une armee de Perses trois fois plus forte en nombre (et renforcee de
compatriotes traitres ä leur pays), commandee par Mardonius, Masistius et Artabaze. Ce dernier re-
conduisit en Asie les debris des barbares. — A la bataille navale de Mycale, les Grecs, sous les
ordres du roi de Sparte, Leotychides, et de FAthenien Xantippos, combattirent contre 6000 Perses
(et contre les Ioniens assujettis) commandes par Tigraue. Mardonius et Masistius tomberent ä la ba-
taille de Piatee, Tigrane ä celle de Mycale; la flotte perse fut brulee.
Des lors, FHellas proprement dit, fut assure contre toute nouvelle invasion des Perses. Les Athe-
niens employerent la paix ä relever leur ville, et malgre les protestations des Spartiates, ils y con-
struisirent, d'apres le plan de Factif et prevoyant Themistocle, un mur d'enceinte et fortifierent le Piree.
Ce ne fut qu'en 4 70, que la mere-patrie vint enfin au secours des Grecs d'Ionie. La flotte
alliee, dont la division atlieniemie etait commandee par Aristide, entreprit une expedition contre
Cliypre et Byzance; Pausanias ayant ete accuse de trahison, le commandement en chef fut re-
mis ä Aristide, ce qui procura ä Athenes Finfluence politique la plus marquee en Grece. Le conseil
de la confederation, ainsi que le tresor public, fut transfere ä Delos; la surveillance du tresor
fut confiee ä Aristide, mais Cimon, fils de Miltiade, fut nomine commandant en chef de la flotte. Bien-
töt apres, ce general fit la conquete de la ville d'Eion, encore oecupee par les Perses, et de l'ile de
Scyros, repaire de pirates, d'oü il rapporla ä Athenes les restes de Thesee.
Vers ce tems, Fastre de Themistocle commenca ä baisser; on Faccusa d'exactions, commises en partie ä
son profit. Le decret qu' Aristide fit rendre en 478, decret par lequel toutes les classes de citoyena
d'Athenes pouvaient dorenavant parvenir aux emplois de Fetat, eleva celui-ci dans les yeux du peu-
ple, au prejudice de Themistocle; Finfluence de Cimon s'aecrut aussi avec celle d'Aristide, qui le
soutenait de tout son pouvoir. Enfin, en 475, l'ostracisme fut prononce contre Themistocle, qui se retira ä
Argos. Peu apres, Falliance contraclee par lui avec Pausanias, ayant ete devoilee ä la mort de ce
dernier, lui attira les plus ardentes persecutions de la part des Atheniens. II n'echappa qu'ä travers
rnille hazards aux dangers qui le menacaient, et eu derniere ressource se rendit en Perse aupres du
jeune Artaxerxes, qui le nomma gouvemeur de la Magnete, oü il mourut en 449; quelques-uns
pretendent qu'il s'empoisonna, n'ayant plus d'autre choix que de prendre forcement part aux nouveaux
projets des Perses eontre la liberte de la Grece, ou de perdre Fasile qu'ils lui avaient aecorde. Ses
restes furent plus tard rapportes secretement en Grece, et deposes sous un monuiiient dans Ie voisi-
nage du Piree.
Le siege et la prise de File de Naxos, par Cimon, (laquelle, pour avoir refuse les subsides, fut obli-
gee, la premiere entre les etats grecs libres, de reconnaitre la Suprematie d'Athenes) fut le commencement
d'une suite de victoires pour les Atheniens. Les Perses, apres quelques petits succes remportes sur
eux en Thrace et en Lydie, essuyerent une double defaite, sur terre et sur mer, pres de FEuryme-
don, en Pampliilie, Fan 169 av. J. C.; puis la flotte phenicienne eprouva Ie möme sort dans les eaux
de Chypre. Un an plus tard, en 468, eut lieu la conquete de la Chersonnese de Thrace, et en 467
celle de Carystus en Eubee, qui cherchait ä se degager de la confederation.
Cimon, alors ä Fapogee de sa gloire, n'oublia dans ces entreprises belliqueuses ni la fortification
ni Fembellissement d'Athenes. De vastes colonnades, FAgora, et les bois de FAcademie, s'eleverent ou
prirent naissance ä cette epoque; et FAkropolis, qui n'etait pas assez defendue vers le sud, vit ses
remparts s'aehever, tandis que Fon jeta les fondements de la longue muraille d'Athenes au Piree.
Mais bientöt la preeminence toujours croissante d'Athenes, qui menacait de degenerer en domina-
tion absolue, excita Feuvie et le mecontentement des allies. L'ile de Thase donna la premiere sujet
aux hostilites, en reclamant d'anciens privileges; les Atheniens les ayant refuses, assiegerent cette
ile, sous Cimon, en 465. Les Spartiates, dont eile avait reclame Faide, allaient tomber sur l'Atti-
que, plutöt pour satisfaire leur ancien ressentiment, que pour secourir ainsi la ville assiegee en ope-
rant cette diversion, lorsqu'un violent tremblement de terre ä Sparte, et en meine tems la revolle des
Hilotcs, les forcerent d'employer toutes leurs ressources aux exigences de leur propre position.
Cimon remit entretems ä un autre general la condnite du siege de Thasos, qui ne se rendit qu'en
463, et revint ä Athenes; mais ä »on retour, il trouva son influence dejä tellement affaiblie par celle
de Pericles, qui commencait ä se faire remarquer depuis quelques aiinees, tant par ses grandes
qualites personnelles que par la gloire de sa famille, qu'il ne put meme echapper ä uue aecusation de
corruption; il en fut cependant declare innocent apres une justification eclatante.
Immediatement apres, les Lacedemoniens reclamerent l'assistance des Atheniens contre leurs Hilo-
tes; Cimon, qui avait toujours ete favorable ä Sparte, fit aecorder ce secours et se mit en personne ä
la tele des troupes. Mais la discorde qui avait depuis longtems existe entre ces deux republiques de la
Grece les plus puissantes, se manifesta d'une maniere plus eclatante lors de ce contact direct, et s'aecrut
pendant la duree de l'assistance qu' Athenes preta ä Sparte, devant Ithome, jusqu'au point de faire ren-
voyer ces renforts par les Lacedemoniens. Cette issue s'aecordait aussi peu avec les intentions de Ci-
mon que Fatteinte r.ux droits et ä l'autorite de Fareopage, projetee par Ephialtes et executee de concert
avec Pericles. II s'opposa en vain ä toutes les innovations contre Fareopage, dans lequel le parti
aristoeratique avait trouve jusqu'alors Fun de ses plus fermes appuis. Tous ses eflforts ne servirent qu'ä
donner ä ses ennemis, qui Faccusaient de participation aux vues politiques de Sparte, une arme de
plus pour lui preparer le sort de la plupart des hommes d'etat marquans d'Athenes. II suecomba en-
fin ä l'ostracisme, en 461, epoque de la mort d'Aristide, dont les vertus furent reverees par le peuple
reconuaissant, qui se chargea d'assurer ä ses heritiers une existance digne de leur pere.
Pericles obtint alors cette puissance, dont les heureux succes le maintinrent pendant une longue suite
d'annees ä la iete d'un etat desormais purement democratique. Les contributions des etats allies furent
elevees, le resortde Delos transporte ä FAkropolis d'Athenes; des alliances furent conclues avec les Mega-
riens contre Corinthe et Epidaure, que de son cöte Sparte soutenait. Dans cette lutte Athenes perdit, il
est vrai, la premiere bataille sur terre, ä Haliae; mais sur mer, ensuite, les Atheniens reparerent cette
defaite, par la victoire qu'ils remporterent sur la flotte du Peloponese, ä la hauteur de Kekrypha-
leia. Egine se declara alors contre Athenes, mais eile fut vaiucue de meine sur mer, puis assiegee
par les Atheniens debarques, pendant que Myronides battait les Corinthiens ä Kimolia, 457. Ce fut
en vain cependant que d'un autre cöte, une flotte entra dans le Nil avec des troupes de terre, pour
secourir les Egyptiens revoltes contre les Perses; cette flotte et un autre armement destine plus tard
au meme but, succoinbereiit sous les armes d'Artaxerxes, en 455.
Sur ces entrefaites on terminait les longues niurailles du Piree et de Phalere, dont les frais
furent fournis par le butin qu'on avait fait jadis sur les Perses. Quoique sans declaration ouverte
de guerre, Sparte continuait son inimitee contre Athenes; eile se manifesta surtout dans les debats
de cette derniere ville et de la Phocide, au sujet de Doris; bientöt les Lacedemoniens entres dans
la Beotie, sous la direction de Niconiedes, profiterent des dispositions du parti olygarchique ä Athe-
nes, pour s'allier en secret avec lui afin de renverser la constitiüion de l'Attique. Thebes entra dans
ce projet, et en 457, la premiere bataille eut lieu pres de Tanagra, oü, apres que la cavalerie
thessalienne eut passe aux Spartes, ceux-ci triompherent, il est vrai, mais battirent cependant de
suite en retraite; cela fut cause qu'environ deux mois plus tard, ä Oenophyta, pres de ce meme
Tanagra, les Atheniens remporterent sur les Beotiens, restes seuls, une victoire si eclatante, qu'on
Fegala aux journees de Marathon et de Piatee.
Ayant ainsi fait entrer toute la Beotie, ä Fexception de Thebes, dans la ligue athenienne, et
introduit le gouvernement democratique, le victorieux Myranides, apres une courte campagne en Pho-
cide, revint a Athenes, oü sa presence etait devenue necessaire en consequence des menees du parti
oligarchique, restees cependant sans succes.
La reprise, facile ä prevoir, de la lutte contre Sparte, n'etait guere bienvenue aux Atheniens,
quoiqu'ils fussent victorieux; on se ressouvint de Cimon, on le rappela, Pericles le premier, dans
Fespoir, que son influence ä Sparte parviendrait ä reconcilier les deux etats. Mais la paix ne fut
point retablie. Tout ce que Cimon put faire obtenir fut une treve de quatre mois; en revanche, Egine
se rendit. Alors, Fan 456 av. J. C, les Atheniens, sous la conduite de Tolmides, entreprirent une
premiere expedition par mer vers les cötes de la Laconie, oü ils debarquerent forts de 4000 hom-
mes, detruisirent Gythiuin, s'emparerent ensuite d'Eubee, firent la conquete de la Cephallonie, puis
debarquerent de nouveau, cette fois pres de Corinthe, qu'ils arracherent aux Locriens ozoles. Ils
allereut ensuite au secours d'O restes, qu'on avait chasse de Thessalie, et commencerent ä cet efFet le
siege de Pharsale; mais ils y renoncerent bientöt, ainsi qu'au but de Fexpeditiou, pour aller, Pericles
ä leur tete, attaquer Sikyon; ils traverserent le golfe de Corinthe et assiegerent Oeniadae en Acar-
nanie, devasterent toute la contree, et rentrerent ä Athenes triomphants et charges de butin.
A ces expeditions victorieuses succeda une treve, tacite d'abord, puis, en 450, formellement
fixee ä cinq ans, entre Athenes et Ie Peloponnese.
Les Atheniens, libres de ce cöte, formerent de nouvelles esperances d'heureux succes en Orient;
Cimon les realisa par la defaite de la flotte perse pres de Chypre, oü il etablit une garnisou, puis par
celle de Farmee de terre des Perses sur les cötes de FAsie. Apres lheureuse issue de cette expe-
dition, on conclut enfin (449) une paix houorable avec les Perses.
Cimon mourut pendant les negociations, mais meine apres sa mort au siege de Kitium, il pre-
para encore aux Pheniciens et aux Cyliciens, une defaite complete, que leur fit eprouver ä la hau-
teur de Salamine, la flotte athenienne, qui s'en retournait avec le corps de son general, et qui, ca-
chant sa mort, combattait sous Fegide de son nom.
Peu apres la mort de Cimon, les troubles interieurs se reveillerent de nouveau, mais pourlant
sans atteindre, pendant environ 20 ans, la haute importance de la guerre du Peloponnese.
Ainsi eut lieu, en 448, la lutte pour la possession de l'oracle de Delphes, qui ful nommee „la
guerre sacree"; — la defaite des Atheniens sous les ordres de Tolmides, par les Beotiens, 447; —
en retour, la nouvelle conquete par les Atheniens de File d'Eubee et de Megäre, qui avaient voulu
s'aflranchir; — en 445, la reprise des hostilites contre Sparte, ä laquelle succeda une paix concliio
pour 30 ans, mais qui fut rompue apres la quatorzieme annee; — en 444, la sonmissioii du parti
aristoeratique, ä la tele duquel se trouvait Thucydide; — Fintroduction violente du gouvernement demo-
cratique chez les etats allies et soumis, surtout ä Samos, dont Pericles fit, en 440, la conquete apres
un long siege;— l'assistance, que les Atheniens preterent ä Corcyre, en 436, dans les guerres con-
tre Corinthe;— et enfin, apres la rencontre ä Potidee, en 432, oü Socrate partit comme combat-
tant, FaUaque de Piatee (431) qui tenait pour Athenes, par les Thebains, allies de Sparte.
A cette epoque, le mecontentement des allies contre la domination arbitraire d'Athenes, etait ä
son comble; il s'ensuivit enfin une contreligue, et avec eile, le coniinencemeiit de la guerre du Pelo-
ponese, qui prit bientöt le caractere d'une vraie lutte d'extermination, egalement dirigee contre les
constitutions. Dans les premieres annees, les succes remportes de part et d'autre furent, il est vrai,
peu decisifs; Athenes se tint plus sur la defensive que sur Foffensive, de maniere que les Lacede-
moniens purent s'avaucer, presque sans en etre empeches, jusqu'ä Acharnae, dans le voisinage de
cette ville. Mais en 429, lorsque la peste y eclata, la republique eprouva, parmi les victime«
qui suecomberent ä ce fleau, la perte la plus douloureuse, celle du createur de cette politique defen-
sive, qui attendait ses succes plutöt des combats sur mer que des victoires sur terre __ Pericles— le
citoyen le plus distingue d'Athenes. Avec lui tomba la grandeur materielle de l'Attique, et la plus
grande partie de son eclat, que la guerre du Peloponese acheva d'anneantir presqu'entierement.
Sous Fadniinistration de Pericles, Athenes avait alteint son plus haut point de puissance et d'eclat;
mais aussi les moeurs de ses habitans, jadis parees de toutes le vertus, s'etaient perdues dans la