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La nuit était tout à fait arrivée, nous ne pouvions songer à nous rendre a Sardes ce
jour-là; nous avions encore à traverser une vallée E.-O., formée par une suite d'acrotères
parallèles à la chaîne du Tmolus et tous formés de terrains d'atterrissements. La lu-
mière de la lune ne pouvait pénétrer l'épaisseur du feuillage; nous marchions dans une
obscurité complète. Enfin nous nous trouvons au bas du Tmolus; nous traversons un petit
ruisseau qui va se jeter dans le Pactole, dont les eaux bruissantes au loin troublent seules
le silence de ces solitudes.
Après avoir erré à l'aventure au milieu des haies et des chemins creux, nous trouvons
sous le bois une cabane dont les habitants ne sont pas couchés. On va éveiller le Kiahia
du village, qui nous installe dans une chaumière. On allume un grand feu, on nous ap-
porte le café en attendant le repas, qui doit être préparé par les femmes.
Nous sommes à Alectiane, hameau de quinze maisons. Les poutres qui servent de pla-
fond à notre chaumière sont noires comme de l'ébène. Nous allumons un cierge de cire
jaune, seul luminaire dont nous nous soyons pourvus à l'église grecque de Baindir.
Les habitants sont meuniers et bûcherons; ils vont travailler à Smyrne et à Magnésie.
Cet endroit a toute la fraîcheur des hameaux de la Suisse. Nous étions encore à mille
mètres environ au-dessus de la plaine, qui était séparée de nous par une chaîne inférieure
parallèle au Tmolus, et toute composée de terrains d'atterrissements formés de sable
rouge et de cailloux de quartz. Cette montagne secondaire est complètement dépouillée
de verdure. Nous la franchissons avec une certaine difficulté, et nous nous trouvons enfin
sur le versant qui domine la plaine de Sardes. Une partie détachée de cette montagne
forme un cône isolé sur lequel sont encore des constructions antiques. Les Turcs donnent
à cet endroit le nom de Kiz-Koulé-Si (la tour de la fille). On sait qu'il ne faut attacher
aucune importance à cette dénomination, qui se trouve appliquée à un nombre infini de
vieux édifices. Ces ruines appartiennent à la citadelle de Sardes, qui pouvait en effet pa-
raître imprenable à une époque où l'art de la balistique était encore si peu avancé. En
tournant le mamelon du coté de l'Est, nous rejoignons le cours du Pactole, qui a re-
pris sa tranquillité première et coule lentement jusqu'à l'Hermus. Il faut que le cours
de ce dernier fleuve se soit considérablement rapproché de la ville de Sardes, car Stra-
bon estime qu'il en était séparé par une distance de vingt stades, tandis qu'aujour-
d'hui il coule dans le voisinage des ruines.
La nuit était tout à fait arrivée, nous ne pouvions songer à nous rendre a Sardes ce
jour-là; nous avions encore à traverser une vallée E.-O., formée par une suite d'acrotères
parallèles à la chaîne du Tmolus et tous formés de terrains d'atterrissements. La lu-
mière de la lune ne pouvait pénétrer l'épaisseur du feuillage; nous marchions dans une
obscurité complète. Enfin nous nous trouvons au bas du Tmolus; nous traversons un petit
ruisseau qui va se jeter dans le Pactole, dont les eaux bruissantes au loin troublent seules
le silence de ces solitudes.
Après avoir erré à l'aventure au milieu des haies et des chemins creux, nous trouvons
sous le bois une cabane dont les habitants ne sont pas couchés. On va éveiller le Kiahia
du village, qui nous installe dans une chaumière. On allume un grand feu, on nous ap-
porte le café en attendant le repas, qui doit être préparé par les femmes.
Nous sommes à Alectiane, hameau de quinze maisons. Les poutres qui servent de pla-
fond à notre chaumière sont noires comme de l'ébène. Nous allumons un cierge de cire
jaune, seul luminaire dont nous nous soyons pourvus à l'église grecque de Baindir.
Les habitants sont meuniers et bûcherons; ils vont travailler à Smyrne et à Magnésie.
Cet endroit a toute la fraîcheur des hameaux de la Suisse. Nous étions encore à mille
mètres environ au-dessus de la plaine, qui était séparée de nous par une chaîne inférieure
parallèle au Tmolus, et toute composée de terrains d'atterrissements formés de sable
rouge et de cailloux de quartz. Cette montagne secondaire est complètement dépouillée
de verdure. Nous la franchissons avec une certaine difficulté, et nous nous trouvons enfin
sur le versant qui domine la plaine de Sardes. Une partie détachée de cette montagne
forme un cône isolé sur lequel sont encore des constructions antiques. Les Turcs donnent
à cet endroit le nom de Kiz-Koulé-Si (la tour de la fille). On sait qu'il ne faut attacher
aucune importance à cette dénomination, qui se trouve appliquée à un nombre infini de
vieux édifices. Ces ruines appartiennent à la citadelle de Sardes, qui pouvait en effet pa-
raître imprenable à une époque où l'art de la balistique était encore si peu avancé. En
tournant le mamelon du coté de l'Est, nous rejoignons le cours du Pactole, qui a re-
pris sa tranquillité première et coule lentement jusqu'à l'Hermus. Il faut que le cours
de ce dernier fleuve se soit considérablement rapproché de la ville de Sardes, car Stra-
bon estime qu'il en était séparé par une distance de vingt stades, tandis qu'aujour-
d'hui il coule dans le voisinage des ruines.