MAGNESIE DU MEANDRE
COMPTE RENDU DE L'EXPÉDITION.
1.
Parmi les villes célèbres de l'Asie Mineure qui ont été l'objet de l'examen des anti-
quaires, Magnésie avait eu une destinée particulière. Les premiers voyageurs qui s'en
sont occupés avaient cru en retrouver l'emplacement dans le site de l'ancienne Tralles
(Aïdin), et appliquant à la topographie de Magnésie toutes les dispositions environ-
nantes, on avait regardé la question comme résolue. Pockocke dit, en décrivant Aïdin :
a C'est l'ancienne Magnésie sur le Méandre, que Strabon (1) place dans une plaine au
pied du mont Thorax; en quoi il se trompe, car elle était bâtie sur le sommet d'une
montagne, d'environ trois milles de circuit, et dont l'arrivée était extrêmement rude. »
Le voyageur, trompé par la vue du torrent qui coule au pied de la montagne d'Aïdin,
croit y reconnaître le Lethéus. Il regarde le grand nombre de bases de colonnes em-
ployées en guise de margelles de puits, comme provenant des ruines du célèbre temple
de Diane (2). Ghandler, qui voyagea trente ans après Pockocke, ne rectifie pas l'erreur de
son prédécesseur. Nous avons rappelé, plus haut, que Barbie du Bocage avait dé-
montré clairement que Magnésie du Méandre devait être située entre Ayasoulouk et Aï-
din, puisqu'elle se trouvait à i5 milles romains d'Ephèse, et 18 milles de Tralles, ville
que le géographe français regardait comme située à Guzel-Hissar. Au moyen de ces excel-
lentes indications, un voyageur anglais, M. Hamilton, détermina le site de Magnésie à
lnek-Bazar, où il découvrit de nombreuses ruines. Quelques années après, M. Poujoulat
décrivit ces ruines dans la Correspondance d'Orient; mais il ne paraît pas que les traces des
bas-reliefs de la frise eussent été remarquées par eux. Ce fut seulement dans le courant de
l'année 1889 que des voyageurs français, visitant les ruines de Magnésie, remarquèrent
l'existence d'un certain nombre de fragments de, bas-reliefs qui paraissaient provenir de
la frise. Des fouilles superficielles avaient mis à découvert d'autres fragments non moins
dignes d'intérêt, et tout portait à croire que les environs du temple n'avaient jamais été
(1) Lib. XIV, p. 645. w Voyage en Orient, tome V, p. 75.
COMPTE RENDU DE L'EXPÉDITION.
1.
Parmi les villes célèbres de l'Asie Mineure qui ont été l'objet de l'examen des anti-
quaires, Magnésie avait eu une destinée particulière. Les premiers voyageurs qui s'en
sont occupés avaient cru en retrouver l'emplacement dans le site de l'ancienne Tralles
(Aïdin), et appliquant à la topographie de Magnésie toutes les dispositions environ-
nantes, on avait regardé la question comme résolue. Pockocke dit, en décrivant Aïdin :
a C'est l'ancienne Magnésie sur le Méandre, que Strabon (1) place dans une plaine au
pied du mont Thorax; en quoi il se trompe, car elle était bâtie sur le sommet d'une
montagne, d'environ trois milles de circuit, et dont l'arrivée était extrêmement rude. »
Le voyageur, trompé par la vue du torrent qui coule au pied de la montagne d'Aïdin,
croit y reconnaître le Lethéus. Il regarde le grand nombre de bases de colonnes em-
ployées en guise de margelles de puits, comme provenant des ruines du célèbre temple
de Diane (2). Ghandler, qui voyagea trente ans après Pockocke, ne rectifie pas l'erreur de
son prédécesseur. Nous avons rappelé, plus haut, que Barbie du Bocage avait dé-
montré clairement que Magnésie du Méandre devait être située entre Ayasoulouk et Aï-
din, puisqu'elle se trouvait à i5 milles romains d'Ephèse, et 18 milles de Tralles, ville
que le géographe français regardait comme située à Guzel-Hissar. Au moyen de ces excel-
lentes indications, un voyageur anglais, M. Hamilton, détermina le site de Magnésie à
lnek-Bazar, où il découvrit de nombreuses ruines. Quelques années après, M. Poujoulat
décrivit ces ruines dans la Correspondance d'Orient; mais il ne paraît pas que les traces des
bas-reliefs de la frise eussent été remarquées par eux. Ce fut seulement dans le courant de
l'année 1889 que des voyageurs français, visitant les ruines de Magnésie, remarquèrent
l'existence d'un certain nombre de fragments de, bas-reliefs qui paraissaient provenir de
la frise. Des fouilles superficielles avaient mis à découvert d'autres fragments non moins
dignes d'intérêt, et tout portait à croire que les environs du temple n'avaient jamais été
(1) Lib. XIV, p. 645. w Voyage en Orient, tome V, p. 75.