ASIE MINEURE,
59
En remontant vers le nord, et après
avoir doublé le cap Posidium , on entre
immédiatement dans un autre golfe qui
s’étend de l’est à l’ouest, dont la partie
sud est formée par le mont Argantho-
nius, et la côte nord par la partie sud
de la presqu’île des Thyniens.
GOLFE D’ASTACUS OU DE NICOMÉDIE.
Ce golfe, prenant son nom des villes
les plus importantes construites sur ses
bords , est appelé tantôt Olbianus de la
ville d’Olbia(l), tantôt Astacenus delà
ville d’Astacus (2).
Plus tard , la ville de Nicomédie ayant
remplacé la ville d’Olbia, ce golfe prit
le nom de golfe de Nicomédie, qu’il a
conservé jusqu’à nos jours. La côte sud
de la presqu’île des Thyniens se pro-
longe du nord-ouest au sud-est, depuis
le cap de Chalcédoine jusqu’à la partie
la plus étr.oite du golfe. A ce point, les
terres se rapprochent, forment une
sorte de détroit, qui, arrêtant l’impé-
tuosité des vagues, fait du golfe de Ni-
comédie un vaste et tranquille port.
PORT HERÆUS.
Le cap de Chalcédoine, nommé aussi
Héræus, est bordé d’une quantité de
rochers. Au dedans de ce promontoire,
la mer forme un golfe, qui, à le voir,
semble être partout d’une égale profon-
deur. Cependant il n’y a qu’autant
d’eau qu’il en faut pour couvrir le ter-
rain (3). Justinien fit réparer ce port
Héræus (4). 11 fit faire un nouveau port
dans le même endroit; comme l’ancien
était exposé à la violence des vents et
des tempêtes, il y remédia en faisant
jeter quantité de' caisses dans la mer,
et il éleva par ce moyen deux môles
jusqu’à la surface de l’eau, au-dessus
desquels il posa des roches pour résister
à l'impétuosité des vagues. Ainsi, il
rendit ce port extrêmement sûr même
pendant l’hiver et durant les plus- fu-
rieuses tempêtes.
(1) Mêla, id. ibid.
(2) Strabon, liv. XII,p. 563.
, (3) Démosth. de Bithynie, liv. IV. apud
Stephanum Byzant, verbo 'Hpcda.
Procope, De ÆdifiâisiIÀ\. ierch.XI.
Depuis Chalcédoine jusqu’à l’embou-
chure du Pont-Euxin, la partie de la
côte d’Asie qui est baignée par les eaux
du Bosphore se prolonge du nord au
sud sans former de golfes profonds ;
les bâtiments peuvent cependant mouil-
ler à Scutari, dont le port était autrefois
très-fréquenté, mais qui a été comblé
pendant les guerres civiles. Pierre Gilles
en vit détruire les derniers vestiges,
lorsque la fille du sultan Soliman fit
bâtir une mosquée sur la côte d’Asie.
On voit encore dans la mer quelques
pierres qui ont appartenu à l’ancièn
môle, dont la construction avait pour
but d’arrêter les efforts du courant.
PORT CALPÉ.
La côte baignée parles eaux du Pont-
Euxin n’offre aucun abri aux navires de-
puis l’entrée du Bosphore jusqu’au port
Calpé,/situé près de la rivière de ce
nom. Étienne de Byzance nous apprend
qu’il y avait également une ville de
Calpé; Xénophon (1) nous a fait une
description de ce port : il est ouvert
à l’abri d’un rocher escarpé qui s’a-
vance dans la mer, et qui a vingt aunes
de haut à l’endroit le plus bas; et au-
dessus un espace d’environ quatre cents
pieds de large capable de loger dix mille
hommes. Au-dessous- est le port, vers
l’occident, avec une source qui ne tarit
jamais et qui coule le long de la mer.
Le cap qui forme le port Calpé s’a-
baisse du côté de l’est, et la côte est
plate et sans accident. Le fleuve San-
garius , qui se jette dans la mer un peu
plus à l’est, servait aussi de port pour les
barques. Mais, en réalité, après le port
de Calpé, il n’y avait que celui d’Héraclée
qui offrît un abri certain aux navires.
Tels sont les principaux traits de la
géographie et de l’histoire d’un- pays
qui, à différentes époques, a appelé
l’attention des peuples les plus civilisés
de l’Europe et la convoitise des hordes
incultes de l’Asie. De cette monarchie
bithynienne qui fut l’alliée des plus il-
lustres rois grecs,et dont la république
romaine, à l’époque de sa puissance,
envia l’héritage, il ne reste pas un
monument qui puisse faire juger quels
(1) Exp. Cyri,, liv. VI, ch, IV,
59
En remontant vers le nord, et après
avoir doublé le cap Posidium , on entre
immédiatement dans un autre golfe qui
s’étend de l’est à l’ouest, dont la partie
sud est formée par le mont Argantho-
nius, et la côte nord par la partie sud
de la presqu’île des Thyniens.
GOLFE D’ASTACUS OU DE NICOMÉDIE.
Ce golfe, prenant son nom des villes
les plus importantes construites sur ses
bords , est appelé tantôt Olbianus de la
ville d’Olbia(l), tantôt Astacenus delà
ville d’Astacus (2).
Plus tard , la ville de Nicomédie ayant
remplacé la ville d’Olbia, ce golfe prit
le nom de golfe de Nicomédie, qu’il a
conservé jusqu’à nos jours. La côte sud
de la presqu’île des Thyniens se pro-
longe du nord-ouest au sud-est, depuis
le cap de Chalcédoine jusqu’à la partie
la plus étr.oite du golfe. A ce point, les
terres se rapprochent, forment une
sorte de détroit, qui, arrêtant l’impé-
tuosité des vagues, fait du golfe de Ni-
comédie un vaste et tranquille port.
PORT HERÆUS.
Le cap de Chalcédoine, nommé aussi
Héræus, est bordé d’une quantité de
rochers. Au dedans de ce promontoire,
la mer forme un golfe, qui, à le voir,
semble être partout d’une égale profon-
deur. Cependant il n’y a qu’autant
d’eau qu’il en faut pour couvrir le ter-
rain (3). Justinien fit réparer ce port
Héræus (4). 11 fit faire un nouveau port
dans le même endroit; comme l’ancien
était exposé à la violence des vents et
des tempêtes, il y remédia en faisant
jeter quantité de' caisses dans la mer,
et il éleva par ce moyen deux môles
jusqu’à la surface de l’eau, au-dessus
desquels il posa des roches pour résister
à l'impétuosité des vagues. Ainsi, il
rendit ce port extrêmement sûr même
pendant l’hiver et durant les plus- fu-
rieuses tempêtes.
(1) Mêla, id. ibid.
(2) Strabon, liv. XII,p. 563.
, (3) Démosth. de Bithynie, liv. IV. apud
Stephanum Byzant, verbo 'Hpcda.
Procope, De ÆdifiâisiIÀ\. ierch.XI.
Depuis Chalcédoine jusqu’à l’embou-
chure du Pont-Euxin, la partie de la
côte d’Asie qui est baignée par les eaux
du Bosphore se prolonge du nord au
sud sans former de golfes profonds ;
les bâtiments peuvent cependant mouil-
ler à Scutari, dont le port était autrefois
très-fréquenté, mais qui a été comblé
pendant les guerres civiles. Pierre Gilles
en vit détruire les derniers vestiges,
lorsque la fille du sultan Soliman fit
bâtir une mosquée sur la côte d’Asie.
On voit encore dans la mer quelques
pierres qui ont appartenu à l’ancièn
môle, dont la construction avait pour
but d’arrêter les efforts du courant.
PORT CALPÉ.
La côte baignée parles eaux du Pont-
Euxin n’offre aucun abri aux navires de-
puis l’entrée du Bosphore jusqu’au port
Calpé,/situé près de la rivière de ce
nom. Étienne de Byzance nous apprend
qu’il y avait également une ville de
Calpé; Xénophon (1) nous a fait une
description de ce port : il est ouvert
à l’abri d’un rocher escarpé qui s’a-
vance dans la mer, et qui a vingt aunes
de haut à l’endroit le plus bas; et au-
dessus un espace d’environ quatre cents
pieds de large capable de loger dix mille
hommes. Au-dessous- est le port, vers
l’occident, avec une source qui ne tarit
jamais et qui coule le long de la mer.
Le cap qui forme le port Calpé s’a-
baisse du côté de l’est, et la côte est
plate et sans accident. Le fleuve San-
garius , qui se jette dans la mer un peu
plus à l’est, servait aussi de port pour les
barques. Mais, en réalité, après le port
de Calpé, il n’y avait que celui d’Héraclée
qui offrît un abri certain aux navires.
Tels sont les principaux traits de la
géographie et de l’histoire d’un- pays
qui, à différentes époques, a appelé
l’attention des peuples les plus civilisés
de l’Europe et la convoitise des hordes
incultes de l’Asie. De cette monarchie
bithynienne qui fut l’alliée des plus il-
lustres rois grecs,et dont la république
romaine, à l’époque de sa puissance,
envia l’héritage, il ne reste pas un
monument qui puisse faire juger quels
(1) Exp. Cyri,, liv. VI, ch, IV,