ASIE MINEURE.
61
disant qu’Astacus s’est relevée de ses
ruines après la mort de Lysimaque.
Du temps de Constantin Porphyro-
génète, Astacus est mentionnée parmi
les villes encore existantes: 1° Nico-
médie métropole...; 4° Astacus. Pompo-
nius Mêla, après avoir décrit le golfe de
Cius, poursuit en ces termes : « L’autre
golfe, qu’on appelle Olbianus, porte sur
son promontoire un temple de Neptune,
et dans son enfoncement Astacus , fon-
dée par les Mégariens. » Ce promontoire
est le cap Posidium, aujourd’hui Bouz
bouroun (le cap de la Glace), ainsi appelé
non pas parce qu’il y fait plus froid
que dans le voisinage, mais parce que
c’est en ce lieu qu’on embarquait pour
Constantinople les provisions deneige re-
cueillies dans l’Olympe; c’est donc dans
le voisinage de ce cap qu’il faut chercher
l'emplacement encore inconnu de l’an-
cienne Astacus, et sur cette côte aucune
localité ne paraît avoir mieux convenu
à l’assiette d’une ville antique que le
site de Kara Moursal.
OLBIA.
Une autre ville du nom d’Olbia fut
également fondée par les Mégariens;
elle prit son nom de la mère de leur
chef, et le golfe fut indifféremment dé-
signé par les Grecs sous les noms de
golfe d’Olbia ou d’Astacus. L’examen
attentif de ces côtes ne saurait conduire
à reconnaître le site de la ville; car ce
golfe attira, pendant tout le cours de
l’empire byzantin, une population nom-
breuse, et un nombre considérable de
villes, de forteresses et de châteaux cou-
vrirent ses rivages.
Scylax ne fait aucune mention d’As-
tacus et ne parle que delà ville d’Olbia
et du golfe Olbianus. On peut inférer
des documents épars qui nous restent
sur ces deux cités qu’Astacus, fondée
par les Mégariens, vit bientôt sa popu-
lation s’augmenter par l’arrivée de co-
lons athéniens qui se fondirent dans
la population bithynienne en allant
s’établir à Nicomédie.
Ammien Marcellin (1) est du nombre
des historiens qui ne font d’Astacus et
(i) Liv. XXII et Trebell. Pollio in ZZm/.
de Nicomédie qu’une seule et même
ville. Ptolémée (1) fait aussi une dis-
tinction entre Astacus et Olbia. Nous
devons en conclure que, malgré les
assertions contraires des historiens ro-
mains , il y eut dans le golfe Astacène
trois villes qui chacune à son tour ac-
quirent une certaine renommée et dont
les populations vinrent se fondre dans
celle de Nicomédie qui resta seule en
possession de donner son nom au vaste
golfe dont elle occupe l’extrémité.
Le cap Posidium formait la pointe
sud du golfe Astacène; le cap Acritas
formait la pointe nord : c’est là que
commence le Bosphore. Ce cap s’appelle
aujourd’hui Fanar Baghtchési (le fanal
du Jardin); il y a un petit phare pour
signaler l’entrée du golfe.
MCOMÉDIE.
Le titre de fondateur d’une ville
était tellement recherché que le pre-
mier soin d’un prince vainqueur ou
puissant était de supprimer le nom des
villes déjà existantes et de le remplacer
par le sien propre. Le même sort est
arrivé à Nicomédie, fondée par le Thrace
Zipœtès, père de Nicomède. Ce der-
nier prince, avant de faire une se-
conde dédicace de la nouvelle capi-
tale de son royaume, offrit un sacrifice
pour se rendre les dieux favorables, et
les prêtres lui annoncèrent, d’après les
présages des victimes, que la ville dont
il allait jeter les fondements serait une
des plus grandes et des plus florissantes
de l’Asie, et que la durée en serait
éternelle (2). Une statue d’ivoire, repré-
sentantNicomède, futélevée sur la place
principale; c’est cette même statue que
Trajan transporta à Rome (3).
Suivant l’usage presque général dans
l’antiquité, de placer les villes sur des
hauteurs,Nicomédie fut bâtie sur une
des collines qui entourent le golfe.
On voit encore dans la partie la plus
élevée une suite de murailles flanquées
de tours, qui paraissent avoir appartenu
à l’ancienne cité, et qui plus tard ser-
virent d’acropole à la ville bithynienne,
(1) Liv. v, ch. i.
(2) Libanius, t. II.
(3) Pausanias, lib. V, ch. 12,
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disant qu’Astacus s’est relevée de ses
ruines après la mort de Lysimaque.
Du temps de Constantin Porphyro-
génète, Astacus est mentionnée parmi
les villes encore existantes: 1° Nico-
médie métropole...; 4° Astacus. Pompo-
nius Mêla, après avoir décrit le golfe de
Cius, poursuit en ces termes : « L’autre
golfe, qu’on appelle Olbianus, porte sur
son promontoire un temple de Neptune,
et dans son enfoncement Astacus , fon-
dée par les Mégariens. » Ce promontoire
est le cap Posidium, aujourd’hui Bouz
bouroun (le cap de la Glace), ainsi appelé
non pas parce qu’il y fait plus froid
que dans le voisinage, mais parce que
c’est en ce lieu qu’on embarquait pour
Constantinople les provisions deneige re-
cueillies dans l’Olympe; c’est donc dans
le voisinage de ce cap qu’il faut chercher
l'emplacement encore inconnu de l’an-
cienne Astacus, et sur cette côte aucune
localité ne paraît avoir mieux convenu
à l’assiette d’une ville antique que le
site de Kara Moursal.
OLBIA.
Une autre ville du nom d’Olbia fut
également fondée par les Mégariens;
elle prit son nom de la mère de leur
chef, et le golfe fut indifféremment dé-
signé par les Grecs sous les noms de
golfe d’Olbia ou d’Astacus. L’examen
attentif de ces côtes ne saurait conduire
à reconnaître le site de la ville; car ce
golfe attira, pendant tout le cours de
l’empire byzantin, une population nom-
breuse, et un nombre considérable de
villes, de forteresses et de châteaux cou-
vrirent ses rivages.
Scylax ne fait aucune mention d’As-
tacus et ne parle que delà ville d’Olbia
et du golfe Olbianus. On peut inférer
des documents épars qui nous restent
sur ces deux cités qu’Astacus, fondée
par les Mégariens, vit bientôt sa popu-
lation s’augmenter par l’arrivée de co-
lons athéniens qui se fondirent dans
la population bithynienne en allant
s’établir à Nicomédie.
Ammien Marcellin (1) est du nombre
des historiens qui ne font d’Astacus et
(i) Liv. XXII et Trebell. Pollio in ZZm/.
de Nicomédie qu’une seule et même
ville. Ptolémée (1) fait aussi une dis-
tinction entre Astacus et Olbia. Nous
devons en conclure que, malgré les
assertions contraires des historiens ro-
mains , il y eut dans le golfe Astacène
trois villes qui chacune à son tour ac-
quirent une certaine renommée et dont
les populations vinrent se fondre dans
celle de Nicomédie qui resta seule en
possession de donner son nom au vaste
golfe dont elle occupe l’extrémité.
Le cap Posidium formait la pointe
sud du golfe Astacène; le cap Acritas
formait la pointe nord : c’est là que
commence le Bosphore. Ce cap s’appelle
aujourd’hui Fanar Baghtchési (le fanal
du Jardin); il y a un petit phare pour
signaler l’entrée du golfe.
MCOMÉDIE.
Le titre de fondateur d’une ville
était tellement recherché que le pre-
mier soin d’un prince vainqueur ou
puissant était de supprimer le nom des
villes déjà existantes et de le remplacer
par le sien propre. Le même sort est
arrivé à Nicomédie, fondée par le Thrace
Zipœtès, père de Nicomède. Ce der-
nier prince, avant de faire une se-
conde dédicace de la nouvelle capi-
tale de son royaume, offrit un sacrifice
pour se rendre les dieux favorables, et
les prêtres lui annoncèrent, d’après les
présages des victimes, que la ville dont
il allait jeter les fondements serait une
des plus grandes et des plus florissantes
de l’Asie, et que la durée en serait
éternelle (2). Une statue d’ivoire, repré-
sentantNicomède, futélevée sur la place
principale; c’est cette même statue que
Trajan transporta à Rome (3).
Suivant l’usage presque général dans
l’antiquité, de placer les villes sur des
hauteurs,Nicomédie fut bâtie sur une
des collines qui entourent le golfe.
On voit encore dans la partie la plus
élevée une suite de murailles flanquées
de tours, qui paraissent avoir appartenu
à l’ancienne cité, et qui plus tard ser-
virent d’acropole à la ville bithynienne,
(1) Liv. v, ch. i.
(2) Libanius, t. II.
(3) Pausanias, lib. V, ch. 12,