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122

L’UNIVERS.

rendre ouvrée, avec la différence que
comporte le tissage. On fabrique aussi
une étoffe de soie que nous connaissons
sous le nom de brocard ; c’est un ma-
gnifique tissu orné de lleurs d’or. Les
Turcs l’appellent du sélymieh parce
qu’il fut inventé du temps du sultan
Sélim. Il ne se vend guère que pour l’u-
sage des harem de Constantinople. On
sait qu’il n’y a pas de nation au monde
qui fasse plus de dépenses pour le luxe
ae leurs femmes.
Ces étoffes de soie blanche, alternati-
vement rayées de bandes opaques et
claires et qui sont assez répandues à
Paris maintenant, sont aussi de la fa-
brique deBroussa. Elles servent pour
faire les chemises des femmes, et des
gandoura ou chemises pour la sortie du
bain. Les coussins pour les sofas sont
aussi l’objet d’une industrie considé-
rable; on peut en avoir une idée en son-
geant que dans tout l’empire musul-
man le sofa est le seul meuble en usage;
c’est la chaise, la table et le lit des Orien-
taux.
Les soieries de Broussa sont peu con-
nues en France, où elles ont été long-
temps prohibées; elles jouissent de cet
avantage qu’elles peuvent se laver comme
des foulards. Le dessin est assez uni-
forme; il consiste en grandes bandes de
diverses couleurs entremêlées de petites
guirlandes de fleurs. La rayure est le
fond du dessin le plus goûté en Orient ;
c’est ce qu’on appelle pour les étoffes
Tchiboukleu (en bâtons) ; on n’aime pas
les jeux de fond comme nos fabricants
ont l’habitude d’en faire; dès longtemps
cette observation a été faite à la cham-
bre de commerce de Lyon, qui s’éton-
nait du peu de débit des étoffes de
Lyon en Orient. Depuis que les fabri-
cants ont adopté les dessins orientaux
pour leurs cotonnades comme pour
leurs soieries , le débit en est plus con-
sidérable. Pour les châles de l’Inde, le
dessin rayé est aussi très-goûté; on ap-
pelle ces châles Fermaïch; les châles Fer-
maïch sont très-connus à Paris ; on les
confond pour le nom avec les châles de
Cachemire.
La soie brute fut de tout temps l’ob-
jet d’un grand commerce d’exportation.
On estime à plus de trois mille quintaux
métriques la quotité de la récolte. Déjà,

il y a cinquante ans, on remarquait une
hausse considérable dans le prix des
soies; aujourd’hui, malgré la concur-
rence des soies de Lyon et de celles de
Chine, les prix se maintiennent. On es-
time à cent mille pièces le montant de
l’exportation de la soie ouvrée.
U y a aussi à Broussa quelques fa-
briques d’étoffes de coton, et notam-
ment de serviettes et de peignoirs pour
le bain. Les serviettes sont d’un tissu
de peluche extrêmement commode pour
sécher la peau; les foutha ou serviettes
bleues dont on s’entoure le corps sont
composées de larges bandes de soie
rouge et jaune sur un tissu de coton.
L’usage des bains est si général en
Orient que. ces deux seuls articles sont
l’objet d’un commerce considérable.
CHAPITRE XXIV.
LES EAUX.
Un des caractères les plus saisissants
de la ville, celui qui frappe d’abord le
nouvel arrivant, c’est la variété et l’a-
bondance extrême des eaux qui sur-
gissent de toutes parts, eaux froides,
eaux tièdes, eaux glacées de l’Olympe,
eaux bouillantes des sources minérales.
Les possesseurs byzantins comme leurs
successeurs les musulmans se sont plu
à les aménager de la manière la plus
agréable pour l’usage des habitants.
Les fontaines ne se comptent pas et
chaque maison a dans son vestibule un
bassin avec un jet d’eau courante et
limpide pour l’usage de la famille. Ce
n’est pas seulement pour les usages do-
mestiques que les eaux de l’Olympe
fournissent aux habitants le cristal de
leurs ondes, les ruisseaux descendant
de la montagne sont divisés en mille, ca-
naux divers dans les jardins de la ville
et contribuent à leur donner cet aspect
verdoyant et riche qui frappe d’abord
les regards. Malheureusement, de nos
jours, l’entretien de ces canaux laisse
à désirer, et les eaux se répandent sur
les routes et dans les parties déclives du
sol et forment souvent des lagunes ma-
récageuses.
On compte à Broussa trois cours
d’eau principaux; c’est plus que des
ruisseaux, ce ne sont pas des rivières.
 
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