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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0255

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LES COUTUMES FUNÉRAIRES.

241

au contraire, avaient été tout simplement déposées près des
urnes où dormaient les cendres des morts ; dans les tombes à
incinération, ce rite n'avait plus de sens ni de portée pratique.

Chez les peuples pour lesquels la destinée future de l'être
humain se liait étroitement à la persistance du corps et de sa
forme matérielle, le mobilier funéraire avait sa raison d'être;
il se transforma et se réduisit peu à peu dans tous les pays où
se développa une conception de la mort plus élevée, et où l'in-
cinération devint le mode usuel d'ensevelissement. Pendant de
longs siècles, les Berbères et les colons phéniciens avaient
inhumé leurs morts. Sous l'influence de la civilisation grec-
que et plus tard de la colonisation romaine, l'usage de la cré-
mation se répandit dans la province : les deux rites y jouis-
saient, sous l'empire, d'une égale faveur. C'est alors que la
disposition et l'aspect des tombes changèrent ; les objets enfer-
més dans la sépulture, avec les restes du défunt, perdirent leur
caractère utile; le nombre en diminua.

Par cela même qu'ils croyaient à l'existence d'une autre vie,
les peuples de l'antiquité ont tous pensé que les vivants et les
morts n'étaient pas absolument ni éternellement séparés les
uns des autres; ils ont conçu, sous des formes diverses, les
rapports qui devaient exister entre ceux qui étaient restés ici-bas
et ceux qui avaient quitté le monde terrestre ; ces conceptions
différentes, inspirées sans nul doute et déterminées par l'idée
particulière que chaque nation s'était faite de la mort elle-
même, se trouvent exprimées et comme réfléchies dans certains
usages et dans certains rites funéraires. Il me parait intéres-
sant et utile d'explorer encore, à ce point de vue, les nécropoles
romaines d'Afrique.

Parmi les sépultures dont se composent ces nécropoles, il en
est qui ont été construites de manière à ce qu'aucune commu-
nication matérielle ne fût possible entre les vivants et le défunt :
les restes du mort, cendres ou squelette, y étaient mis hors de
toute portée, à l'abri de tout contact. Autour d'Hadrumète,
beaucoup de tombes, creusées certainement à l'époque impé-
riale, étaient hermétiquement closes ; le cadavre reposait alors
au-dessous de tuiles ou de grandes dalles, que surmontait soit
un mausolée, soit un caisson demi-cylindrique. Le même type
de sépulture a été retrouvé dans maints cimetières romains du
pays, à Sullectum, à Bir el Hafeï, à Bulla régla (1).

(i) Nécropoles romaines d'Hadrumète : Bulletin archéologique du Comité,
T. 16
 
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