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SUR L'AN AT O M i E. 49
et des causes, n'ose avancer clans la carrière. Que ceux qui son!; clans le premier cas ap-
prennent, s'il est encore temps, à marcher dans les sentiers de l'analyse, et disons aux au-
tres qu'il n'es t pas nécessaire de remonter aux premières causes pour dégager de toutes sup-
positions arbitraires le peu de connoissances que l'on a sur les sujets les plus embarrassés.'
A mesure que l'on observe un ordre de phénomènes constants, il faut le désigner par une
dénomination abstraite. S'est-on assuré qu'une force particulière régit ou produit certains
mouvements déterminés; quoique l'on ne connoisse que l'existence de cette force, il
faut encore l'exprimer par un mot convenu : mais sur-tout que l'on se garde bien de don-
ner à ces termes plus de valeur qu'ils n'en ont réellement, et que l'on ne perde jamais de;
vue les rapports dont ils sont les signes, si l'on veut éviter la méprise et l'erreur.

C'est encore à l'art de créer les langues qu'il appartient de choisir des mots pour fixer
l'abstraction des idées, et ce choix n'est pas indifférent; l'exemple suivant en donnera la
preuve.

Des phénomènes sans nombre et des expériences multipliées ont appris que les nerfs
sont le foyer de la sensibilité des organes et de l'irritabilité des muscles. On a imaginé
un agent pour expliquer Ces effets, et l'on a donné le nom d'esprits animaux au fluide dont
on a gratuitement supposé que les nerfs étoient remplis. Ici l'on a commis une grande
faute, en donnant un nom individuel au lieu d'un nom. abstrait à une propriété peu con-
nue. Combien, en se servant, pour la désigner, d'une expression générale,, telle que celle
de force nerveuse, on auroit épargné d'erreurs aux médecins et de mauvais raisonnements
aux physiologistes]

Les termes qui disent autre chose que ce qu'ils devroient exprimer, ne sont pas
les seuls qui doivent être compris dans notre réforme; plusieurs sont impropres ou-in-
suffisants, et ils ne doivent point être épargnés. Je rapporte à ceux-ci les divisions
numériques de premiersecond, troisième^ etc. qui ne donnent aucune idée précise de
situation ni de forme, et dont l'ordre peut être troublé par des observations nouvelles ,
comme je l'ai prouvé dans cet ouvrage au sujet des nerfs ( 1). Parmi ceux-là doivent
être comptées les dénominations de vraies et de fausses, de dur, de mol, de grand, de
petit, de honteuses, d'ailes, de bouauet, d'accessoires, de sublime, d'humble, d'admirable, etc.'
Toutes ces locutions seront rejetées comme incorrectes, insignifiantes, et comme tenant
à la fois de l'imperfection et du mauvais goût.

De même que l'homme le plus simple et le plus dépourvu d'imagination ne peut par-
1er long-temps sans métaphore, le langage des sciences de description, le plus froid et le
plus mesuré de tous les langages, ne peut se passer d'expressions imitatives etfigurées. On
dit souvent en anatomie qu'une partie organique monte, se porte, descend, s'étend, se di~
rige, passe, s alonge, s'élève, s'abaisse, s'enfonce, s'épanouit, pénètre, se montre, se présente,
etc. Je crois qu'il seroit très difficile de renoncer tout-à-fait à ces expressions; mais je
désire qu'on n'en abuse pas, qu'ôn s'en tienne le plus souvent aux verbes auxiliaires en y
joignant des adjectifs ou des adverbes, et que souvent même on rende la marche plus
rapide en supprimant les verbes qu'il est nécessaire et pénible de varier lorsqu'on les
prodigue.

Ce qui a le plus contribué à rendre les descriptions informes et prolixes, c'est l'usage
( 1 ) Voyez le n°. III de l'explication des planches du cerveau, pag. 48*:

Tome I. Discours. i3.
 
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