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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel
Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne a la renaissance (Band 6) — Paris, 1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.1318#0379
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PENDANT LE MOYEN AGE. 369

cette époque que l'on peut signaler les premières tentatives pour
obtenir une tactique en rapport avec l'organisation militaire féodale,
et dont l'apogée paraît coïncider avec le passage de deux grands
hommes de guerre : Philippe-Auguste et Richard Cœur-de-Lion.

On ne trouve dans les nombreux récits de batailles qui remplissent
les premiers siècles du moyen âge que peu de documents qui puis-
sent permettre d'indiquer les éléments d'une tactique militaire, bien
qu'il dût en exister une, puisque nous voyons des armées tenir
longtemps la campagne et opérer avec ensemble vers un but défini.
Il y a tout lieu d'admettre que sous les Mérovingiens, comme sous
les premiers Carlovingiens, la tradition romaine subsistait encore.
D'ailleurs, pendant celte période, le système féodal s'essayait et n'a-
vait pas pris son développement. Les derniers Carlovingiens n'étaient
pas en état de résister aux troupes normandes, qui, bien que bar-
bares, possédaient une organisation militaire assez énergique pour
prendre toujours l'offensive et éviter des désastres. Les premiers
renseignements sur la tactique normande nous ont été fournis par
Robert Wace, lorsqu'il décrit la bataille d'Hastings1, et par Benoit
de Sainte-Maure.

L'armée de Harold, inférieure en nombre à celle de Guillaume, s'est
retranchée sur une série de petites collines, au moyen de pieux et
d'épaulemenls. Guillaume divise ses troupes en trois corps : le pre-
mier composé des gens d'armes des comtés de Boulogne et de Pon-
thieu ; le deuxième, de Bretons, de Manceaux et Poitevins ; le troisième,
des Normands commandés par le duc en personne. En tête et sur
les flancs, marchaient les archers et arbalétriers. L'action est com-
mencée par ces fantassins, qui couvrent les lignes ennemies de traits,
mais sans beaucoup de succès. La cavalerie s'avance pour forcer les
issues des redoutes ; elle est repoussée, et ainsi la bataille demeure
indécise jusqu'au milieu du jour. C'est alors que les archers re-
çoivent l'ordre de tirer en l'air de telle sorte que les projectiles
tombent verticalement sur les Saxons; puis nouvelles attaques de
cavalerie encore repoussée jusqu'à un fossé où beaucoup tombent
pêle-mêle. La victoire eût été à ce moment assurée à Harold, s'il eût
pu disposer d'un plus grand nombre de troupes et prendre vivement
l'offensive. Mais Guillaume rallie ses hommes, envoie de nouveau
une grosse troupe attaquer les retranchements, en leur enjoignant de

1 Robert Wace écrivait le Roman de Rou pendant le xii° siècle; mais il est facile de
distinguer dans son récit les parties merveilleuses ou romanesques de celles qui lui ont
été fournies d'après des documents précis.

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