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Voltaire
Oreste: tragédie — Paris, 1750

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https://doi.org/10.11588/diglit.3135#0013
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à Madame la eDucheJfe du Maine. 13
gance, cette pureté , ce naturel, fans quoi un ou-
vrage (bien fait d'ailleurs)feroit un mauvais ouvrage?
J'ai donné au moins à ma nation quelque idée
d'une Tragédie fans amour , fans confidens, fans
épifodesi le petit nombre des partifans du bon goût
m'en fçait gré , les autres ne reviennent qu'à la
longue, quand la fureur de parti, l'injuftice de la
perfécution &c les ténèbres de l'ignorance fon diffi-
pées. C'eft à vous, Madame, àconferver les étin-
celles qui revient encore parmi nous de cette lumiè-
re précieufe que les anciens nous ont tranfmifê.
Nous leur devons tout: aucun Art n'efl: né parmi
nous , tout y a été tranfplanté : mais la terre qui
porte ces fruits étrangers s'épuife ôc fe laflc, &
l'ancienne Barbarie,aidée de la frivolité, perceroit
encore quelquefois malgré la culture ; les difciple*
d'Athènes 6c de Rome deviendroient des Gots &
des Vandales amollis par les mœurs des Sibarites ,
fans cette protection éclairée & attentive des per-
fonnes de votre rang. Quand la nature leur adonne
ou du génie, ou l'amour du génie , elles encoura-
gent notre nation, qui eft plus parfaite pour imiter
que pour inventer, & qui cherche toujours dans le
fang de {es maîtres les leçons & les exemples dont
elle a befoin. Tout ce que je délire , Madame,
c'eft qu'il fc trouve quelque génie qui achevé ce
que j'ai ébauché , qui tire le théâtre de cette mo-
lefTe & de cette afféterie, où il eft plongé, qui le
rende refpeétable aux efprits les plus aufteres , di-
gne des beaux jours d'Athènes , digne du très-pe-
tit nombre de chefs-d'oeuvres que nous avons , &
enfin du fuffrage d'un efprit tel que le vôtre,& de
ceux qui peuvent vous rcflcmbler.
 
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