tjG DE LA PEINTURE
et qui, au lieu d'encourager les arts par la liberté, et de laisser
à l'imagination et aux talens un libre cours , les enchaînoient par
une éternelle uniformité de modèles ; ils étouffèrent par-là toute
espèce de génie, et laissèrent l'artiste dans une médiocrité acca-
blante, qui ne put jamais s'élever au de-là des formes prescrites
et répétées jusqu'à satiété. Il faut convenir aussi que les artistes
égyptiens ne peuvent être considérés que comme des ouvriers
qui confectionnoient des symboles divins pour la religion et les
idées monstrueuses de l'imagination humaine , ou les incrustoient
dans les temples ,' et les y peignoient ( si l'on peut appeler pein-
ture, une teinture tranchante et éclatante d'une même couleur) ,
ou enfin qui faisoient des Sphinx et des hiéroglyphes dans lesquels,
par la répétition continuelle des mêmes objets , ils acquirent un
grand usage ; cela ne demandoit, au reste, pas plus de talent qu'il
n'en faut aujourd'hui pour former les caractères de l'écriture.
Cette gêne imposée à l'art ne lui permit pas de s'élever au-dessus
du simple mécanisme } qui trace grossièrement la configuration
des objets.
Quoique l'art de la peinture se bornât, chez les Egyptiens, au
dessin grossier des contours et à la simple ligne droite , ce peuple
fut cependant celui qui, le premier, fit quelques progrès dans l'ar-?
chitecture, comme cela est prouvé par la solidité de ses édifices,
et même quelquefois par leur élégance et Jeur simplicité, lorsque
la localité , ou quelqu'autre raison , ne lui permettaient pas do
suivre son goût dépravé pour les ornemens mesquins et déplacés. Il
ne faut pas attribuer ces progrès à son amour pour le goût épuré
puisqu'il a défiguré jusqu'aux colonnes de ses temples avec des
hiéroglyphes. Pour nous convaincre de ce qui vient d'être avancé ,
nous allons suivre les différentes époques de l'art en Egypte.
On sait que tous les anciens peuples avoient la vanité de se
dire Autochtones, et de prétendre ne point devoir leur origine à
quelqu'autre peuple de la terre. D'après cette idée , les Egyptiens
assuroient qu'ils étoient le peuple primordial de la terre, et que
et qui, au lieu d'encourager les arts par la liberté, et de laisser
à l'imagination et aux talens un libre cours , les enchaînoient par
une éternelle uniformité de modèles ; ils étouffèrent par-là toute
espèce de génie, et laissèrent l'artiste dans une médiocrité acca-
blante, qui ne put jamais s'élever au de-là des formes prescrites
et répétées jusqu'à satiété. Il faut convenir aussi que les artistes
égyptiens ne peuvent être considérés que comme des ouvriers
qui confectionnoient des symboles divins pour la religion et les
idées monstrueuses de l'imagination humaine , ou les incrustoient
dans les temples ,' et les y peignoient ( si l'on peut appeler pein-
ture, une teinture tranchante et éclatante d'une même couleur) ,
ou enfin qui faisoient des Sphinx et des hiéroglyphes dans lesquels,
par la répétition continuelle des mêmes objets , ils acquirent un
grand usage ; cela ne demandoit, au reste, pas plus de talent qu'il
n'en faut aujourd'hui pour former les caractères de l'écriture.
Cette gêne imposée à l'art ne lui permit pas de s'élever au-dessus
du simple mécanisme } qui trace grossièrement la configuration
des objets.
Quoique l'art de la peinture se bornât, chez les Egyptiens, au
dessin grossier des contours et à la simple ligne droite , ce peuple
fut cependant celui qui, le premier, fit quelques progrès dans l'ar-?
chitecture, comme cela est prouvé par la solidité de ses édifices,
et même quelquefois par leur élégance et Jeur simplicité, lorsque
la localité , ou quelqu'autre raison , ne lui permettaient pas do
suivre son goût dépravé pour les ornemens mesquins et déplacés. Il
ne faut pas attribuer ces progrès à son amour pour le goût épuré
puisqu'il a défiguré jusqu'aux colonnes de ses temples avec des
hiéroglyphes. Pour nous convaincre de ce qui vient d'être avancé ,
nous allons suivre les différentes époques de l'art en Egypte.
On sait que tous les anciens peuples avoient la vanité de se
dire Autochtones, et de prétendre ne point devoir leur origine à
quelqu'autre peuple de la terre. D'après cette idée , les Egyptiens
assuroient qu'ils étoient le peuple primordial de la terre, et que