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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,2.1899

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No. X (Juilliet 1899)
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Jacques, G. M.: L' art dans tout
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https://doi.org/10.11588/diglit.34202#0162
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-^^D-L'ART DÉCORATIF

au milieu, la gaîté, la mélancolie, le recueillement,
1a sensualité, etc., en choisissant tels moyens
qu'il croim propres à le faire.
II en est autrement des objets placës dans
le milieu. Ici, on est esclave non-seulement de
la fonction, mais du rôledes objets, qui sont
<3z/<3///* des œuvres de menuiserie, ou de
fonte, ou de forge, ou de chaudronnerie, ou
de quelqu'autre métier et ne peuvent être
transformés en œuvre d'<3r/* (au sens vulgaire
du mot) sans ètre dënaturés. D'ailleurs, chacun
joue un rôle actif prèsent à notre esprit
chaque fois que nos yeux tombent sur lui ;
nous lui attribuons une place nettement dé-
terminée dans nos actes, notre vie, et cette
attribution emporte par elle-même un sentiment
qu'ii n'est ni nécessaire, ni mëme séant de
vouloir souligner. Qu'est-ce qu'une hgure sym-
bolisant 1e silence peut ajouter au sentiment de
bien-être, de douceur du repos, qu'éveille en
nous un lit même simple, dès que son aspect
invite à s'y reposer? Si la hgure est remplacée
par un dëcor horal, c'est pire; le sentiment que
doit ëveiller le lit est troublé par la présence
de ce malencontreux accessoire. Les objets ne
doivent donc que traduire hdèlement leur fonc-
tion par les matières, le travail et les formes, et
l'action de l'artiste se borne à l'harmonisation
et à l'afhnement de ces élèments matèriels.
L'expression naît d'elle-mëme de cette bonne
traduction de 1a fonction.
Poussant l'examen plus loin, on apercevrait,
me paraît-il, que les objets se subdivisent à leur
tour en deux classes. II y a ceux qui rèpon-
dent à un but strictement dèhni et ceux qui
ne relèvent plutôt que du caprice. Quelle
assimilation ètablir entre un lit et un bijou,
par exemple? Ici encore, ies sentiments èveillès
par chacun des deux objets sont d'ordre distinct.
Distincte aussi doit-être 1a conception de l'art
dans le premier et de l'art dans 1e second; il
va de soi que celui-ci ouvre à la fantaisie une
porte plus large que celui-Ià.
Tel n'est pas le cas de notre art dècoratif
actuel, dans lequel 1e rneuble, le mur auquel
il s'adosse, et 1e bijou sont dècorès par les
mêmes moyens, par les mêmes hgurations.
Ces rèhexions, si l'on veut bien leur prêter
quelque importance, font apparaître que l'inter-
vention de 1a sculpture et de 1a peinture dans
les objets qui nous entourent dëpasse, dans les
idèes actuelles, 1a sphère naturelle de ces arts.
Dans un très-grand nombre de cas, les hgu-
rations soit naturelles, soit stylisëes, qui forment
encore 1a base de la dècoration non-seulement
n'ont aucune raison d'être, mais vont directe-
ment à l'encontre de leur but. La dihusion
du beau dans les objets qui nous entourent

doit avoir pour première phase l'abandon de
cette erreur; et pour commencer, i'on devrait
renoncer au terme d' xart appliqué», qui n'est
propre qu'à tromper les simples sur le vrai sens
du mot en entretenant l'idée fausse que
mettre l'art dans les choses veut nëcessairement
dire y introduire 1a sculpture ou la peinture.
Quand on s'exprimera dans des termes impli-
quant que ces arts n'ont que faire dans la
beautè d'un grand nombre des objets usuels,
un pas sërieux sera fait.
Après avoir dissèquè le premier mot du
programme de 1a compagnie artistique de «l'art
dans tout)), on peut se demander si le second
— ne parlons pas de la prèposition rf<3//y —
ne cache pas aussi quelques points sur lesquels
il serait bon de s'entendre.
Est-il désirable que les artistes s'appliquent à
mettre directement l'art dans/*<?/<, ou n'existe-t-il
pas des domaines dans lesquels il vaut mieux
1e laisser entrer tout seul, à la longue, par 1e
seul fait de la culture artistique allant s'èlevant
chez tout 1e monde?
Je ne rèpondrai que par une anecdote.
Un artiste fort èpris d'art moderne, esprit
actif et hardi, très-ouvert bien qu'un peu absolu,
vint nous trouver il y a quelques mois. II avait
une idèe. «Faites donc, nous dit-il, un numèro
sur la toilette de la femme. Adressez-vous aux
artistes de votre entourage, invitez-Ies à dessiner
des costumes, des manteaux, des chapeaux, des
ètohes. Toutes les femmes se disputeront ce
papier! Vous tirerez à cinquante mille, il n'y
en aura pas assez pour tout le monde!»
On lui reprèsenta que pour s'habiller, les
femmes se moquent bien de l'art nouveau,
— qu'une ouvrière en sait souvent plus sur
ce chapitre que tous les artistes de France et
de Navarre ensemble, — que si beaucoup de
femmes se mettent mal, celles-là se mettraient
encore plus mal quand on leur ohHrait d'autres
moyens de prouver qu'elles sont dèpourvues de
goût, — que celles qui en ont savent ce qu'il
faut prendre et laisser de la mode, et trouvent
toujours le secret d'être exquises à travers ses
erreurs, — que l'art dans la toilette, c'est de
savoir se faire valoir quand on est bien, attènuer
ses dèfauts quand on ne l'est pas, et que 1a
femme n'a pas besoin de nos leçons pour celà,
- qu'en eût-elle même besoin, ce n'est point
l'ahaire des artistes, puisque ce qui met le mieux
en relief 1a beautè de 1a femme, ce sont les
ètohes unies et les coupes simples, ne distrayant
point l'attention du principal au proht de l'ac-
cessoire, — que les Parisiennes sont d'accord
en celà avec les Athèniennes, et que les toi-
lettes «art nouveaux n'auraient pour clientèle
qu'une demi-douzaine d'Amèricaines délirantes;
 
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