NARCISSE
N A R C I S S E.
JRCVMENT.
Ephis e fleune de la Bœoce ayant furpris Lyriopesdle de l'Ocean
çfi Thetysjsil’ rvnedesNymphesmarines3 qui efïoitvenuëal ef~
batdansfes ondes s engroffa ddjn beauflsjequelfut àepuis appel-
lèNarcisse. Et cvoulans fonpere Çs sa mere entendre quelque cho~
fedefesfortunes d taduenir confulterent le deuin Tyrefas là dessus ^ pour
lors tenu comme run oraclepar toute la Grece. Il leurft rejjponfe > que Iènjant
<viuroiten toutheur Jufques à ce quilfe fufl<veu luy-mefrne :parquoy il fa-
loitbienquilsengardaft, caralorssiniroittoutfoncontentement, (3 fàvie
encores. Dequoy ,pournefçauoir bonnement cojnprendre ce que cela vouloit
direjls ne tindrent compte, Çs nes]enflrentquemocquer: mais teuenement
approuua depuis cette prediciion. Car eftant paruenu àfeiZjCans.Çfi quant
quantàvnebeauténompareille, ilfut aimcjdeflrej Çs pourfuiuy de toutes les
Nymphes dela contrée ; lesquelles Üdefdaigna engeneral, enparticuliery
fans vouloir obtemperer àpas vne d’elles: Çfi mefmement à Echoss'vne des
principales „ qui s en eftoit picquée outre mefure : puis voyant finalement
quil ny auoitplus d’eftoir de venir à fes intentions > vaincué d’vn extréme
defirÇsiimpatience d’amourgranfit de douleur triftefsefans qu ildemeu-
raftrien plus d’ellefno?i vne debile voix renfermée dans les creux rochersjes
foreftsssaricaueSj lieuxfohtaires\ou ellevareïterantles dermersmotsde
ceux qui parlent crient haut : cartoutlerefte de fa perfonne s èfuanoùity
quon nefceut qu’il deuintses os mefmement^quifurent conuertis en des pier-
resdures. Aîais les Dieuxayans compaftion de fapitoyable defconuenue\ ne
voulurentlaifserlerefustsi orgueil de ce defdaigneux iouuenceau plus lon-
guement impuny 5 aufti quils eftoient incefamment folhcitezv àcela par
Amour.qui les pressoitde luy enfaire quelque raifon.Çsi en prendre vengean-
ce.Parquoy ilsfrent^quvn iour Narcisse eftantallé à la chasfejl s’embatit de
fortune, toutoutré de chaud Çsi defoif fur vnefontaine au milieu des bois 5 là
ou s eftant abbaiftépourboire fe rafsraifchir fi apperceut dedans l’eausasi-
gure ^ dont il deuint tout fur ie champfi desesterémentamoureux quilfcha
de langueurfur la ptace mefme 5 fjsfut conuerty en vnefleur, qui iusques au-
iourd'huy porte le mefme nom.
L A
N A R C I S S E.
JRCVMENT.
Ephis e fleune de la Bœoce ayant furpris Lyriopesdle de l'Ocean
çfi Thetysjsil’ rvnedesNymphesmarines3 qui efïoitvenuëal ef~
batdansfes ondes s engroffa ddjn beauflsjequelfut àepuis appel-
lèNarcisse. Et cvoulans fonpere Çs sa mere entendre quelque cho~
fedefesfortunes d taduenir confulterent le deuin Tyrefas là dessus ^ pour
lors tenu comme run oraclepar toute la Grece. Il leurft rejjponfe > que Iènjant
<viuroiten toutheur Jufques à ce quilfe fufl<veu luy-mefrne :parquoy il fa-
loitbienquilsengardaft, caralorssiniroittoutfoncontentement, (3 fàvie
encores. Dequoy ,pournefçauoir bonnement cojnprendre ce que cela vouloit
direjls ne tindrent compte, Çs nes]enflrentquemocquer: mais teuenement
approuua depuis cette prediciion. Car eftant paruenu àfeiZjCans.Çfi quant
quantàvnebeauténompareille, ilfut aimcjdeflrej Çs pourfuiuy de toutes les
Nymphes dela contrée ; lesquelles Üdefdaigna engeneral, enparticuliery
fans vouloir obtemperer àpas vne d’elles: Çfi mefmement à Echoss'vne des
principales „ qui s en eftoit picquée outre mefure : puis voyant finalement
quil ny auoitplus d’eftoir de venir à fes intentions > vaincué d’vn extréme
defirÇsiimpatience d’amourgranfit de douleur triftefsefans qu ildemeu-
raftrien plus d’ellefno?i vne debile voix renfermée dans les creux rochersjes
foreftsssaricaueSj lieuxfohtaires\ou ellevareïterantles dermersmotsde
ceux qui parlent crient haut : cartoutlerefte de fa perfonne s èfuanoùity
quon nefceut qu’il deuintses os mefmement^quifurent conuertis en des pier-
resdures. Aîais les Dieuxayans compaftion de fapitoyable defconuenue\ ne
voulurentlaifserlerefustsi orgueil de ce defdaigneux iouuenceau plus lon-
guement impuny 5 aufti quils eftoient incefamment folhcitezv àcela par
Amour.qui les pressoitde luy enfaire quelque raifon.Çsi en prendre vengean-
ce.Parquoy ilsfrent^quvn iour Narcisse eftantallé à la chasfejl s’embatit de
fortune, toutoutré de chaud Çsi defoif fur vnefontaine au milieu des bois 5 là
ou s eftant abbaiftépourboire fe rafsraifchir fi apperceut dedans l’eausasi-
gure ^ dont il deuint tout fur ie champfi desesterémentamoureux quilfcha
de langueurfur la ptace mefme 5 fjsfut conuerty en vnefleur, qui iusques au-
iourd'huy porte le mefme nom.
L A