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celui de la Fortune ; le Panthéon en était voisin : beaucoup de statues ornaient ces temples et la place
publique dominée par le temple d'Octavie, sœur d'Auguste. Des propylées se présentaient, au sortir de
la place, par le chemin qui conduit à Léché. Un peu plus loin on arrivait à l'entrée de la fontaine
Pyrène : elle était ornée de marbre blanc, l'eau en était très-bonne à boire, et l'airain qu'on y trempait,
rougi au feu, acquérait une qualité qui le faisait rechercher sous le nom d'airain de Corinthe. Dans
divers endroits de la ville étaient construits des bains : les plus renommés étaient contigus au temple de
Neptune. Euryclès, Spartiate, les avait bâtis et ornés de marbres de diverses espèces, et surtout de marbre
tiré des carrières de Crocées en Laconie. A droite de la route conduisant de la place publique à Sicyone,
était un temple à Apollon, et un peu plus loin, la fontaine de Glaucé, au-dessus de laquelle s'élevait
l'Odéon. Auprès, on remarquait le tombeau des enfants de Médée. Le temple de Minerve Chalinitis
n'était pas loin de ce tombeau, et dans la direction du théâtre que dominait le temple de Jupiter Cori-
phœus. L'ancien Gymnase et la .fontaine de Lerne n'étaient pas très-éloignés du théâtre, et, près du
Gymnase, on voyait encore deux temples, dédiés, l'un à Jupiter, et l'autre à Esculape.
Sur le point le plus élevé de la ville, se retrouvent les ruines d'un temple : cinq colonnes de la
façade postérieure restent encore debout, ainsi que deux de la partie latérale; presque toutes sont sur-
montées de l'architrave; elles sont en pierre calcaire et étaient couvertes d'un stuc ' qui les revêt encore
en plusieurs endroits. Les proportions de ce temple sont lourdes, et son caractère a beaucoup d'analogie
avec celui du grand temple de Paestum. Les fûts des colonnes sont d'un seul morceau jusqu'aux filets du
dessous des chapiteaux. Stuarta, qui a donné une description des restes de ce temple, avait trouvé qua-
torze colonnes debout lors de son voyage. Au-dessus, et près de la ville moderne, nous reconnûmes un
reste d'amphithéâtre taillé dans le roc.
Ce n'était pas Corinthe; c'était la place où fut autrefois cette ville opulente, c'étaient ses ruines que
nous visitions : nous ne marchions que sur des décombres, et, au lieu de l'antique splendeur de ses
monuments actuellement détruits, s'offraient à nos yeux quelques maisons récemment réparées depuis
la dernière guerre. Nous retrouvions des restes de plusieurs mosquées, des ruines de bains, de caves,
de fontaines, et, au milieu de ces tristes débris d'architecture appartenant à des siècles différents, quel-
ques ruines romaines en briques, et en si faible quantité, qu'on ne peut déterminer les monuments dont
elles ont dû faire partie.
En descendant au N.-O. dans la plaine, nous remarquâmes une ruine romaine en briques, et à quel-
ques pas plus loin, trois pierres calcaires disposées sur une même ligne : elles nous parurent être la
partie inférieure des colonnes d'un monument ; près de là étaient deux tambours de colonnes doriques
cannelées, d'environ i mètre 80 centimètres de diamètre. Non loin de ces colonnes, en avançant au N.
dans la plaine, on trouve au pied des rochers l'extrémité d'un aqueduc ou émissaire antique, lequel sert
encore à conduire l'eau dans la plaine. En suivant la même direction nous découvrîmes, sous des
rochers, des grottes d'où l'eau tombe comme de la pluie dans des réservoirs placés au-dessous. On voit
dans le voisinage un rocher dans lequel est taillée une salle de forme carrée qui se divise en trois gale-
ries parallèles ; des pierres posées à l'entrée nous semblèrent avoir servi à la décoration de ce monument
antique.
L'Acrocorinthe est le sommet d'une montagne qui domine Corinthe. A l'époque où écrivait Pausanias,
plusieurs temples existaient encore sur cette montagne : c'étaient ceux de la Nécessité et de la Force, de
la mère des dieux, le temple des Parques, celui de Cérès et de sa fille, les temples de Junon Bunœa et
de Vénus. Derrière ce dernier temple se trouvait une fontaine3 qui tirait ses eaux de l'Asope, suivant
les fictions des poètes.
Nous montâmes à l'Acrocorinthe par un chemin praticable pour les chevaux. Ayant obtenu la per-
mission de visiter cette citadelle, nous fîmes le tour des remparts, bâtis à l'époque du moyen âge, et
reposant en grande partie sur d'antiques murailles de constructions helléniques4. Cette place, qui est
la barrière du Péloponèse, est très-grande et bien fortifiée. D'après notre guide, il s'y trouverait trois
cents citernes dont l'eau serait excellente. Dans son enceinte elle renferme les ruines d'une ville qui
1 Ce stuc est appelé albarium opus par Vitruve, 1. 6, ch. VII; et lectorium opus par Cicéron, de Legibus, 1. II, ch. 26.
' Chap. X.
3 Pausanias, chap. I, II, III, IV et V.
4 Voyez le modèle aux Invalides.
celui de la Fortune ; le Panthéon en était voisin : beaucoup de statues ornaient ces temples et la place
publique dominée par le temple d'Octavie, sœur d'Auguste. Des propylées se présentaient, au sortir de
la place, par le chemin qui conduit à Léché. Un peu plus loin on arrivait à l'entrée de la fontaine
Pyrène : elle était ornée de marbre blanc, l'eau en était très-bonne à boire, et l'airain qu'on y trempait,
rougi au feu, acquérait une qualité qui le faisait rechercher sous le nom d'airain de Corinthe. Dans
divers endroits de la ville étaient construits des bains : les plus renommés étaient contigus au temple de
Neptune. Euryclès, Spartiate, les avait bâtis et ornés de marbres de diverses espèces, et surtout de marbre
tiré des carrières de Crocées en Laconie. A droite de la route conduisant de la place publique à Sicyone,
était un temple à Apollon, et un peu plus loin, la fontaine de Glaucé, au-dessus de laquelle s'élevait
l'Odéon. Auprès, on remarquait le tombeau des enfants de Médée. Le temple de Minerve Chalinitis
n'était pas loin de ce tombeau, et dans la direction du théâtre que dominait le temple de Jupiter Cori-
phœus. L'ancien Gymnase et la .fontaine de Lerne n'étaient pas très-éloignés du théâtre, et, près du
Gymnase, on voyait encore deux temples, dédiés, l'un à Jupiter, et l'autre à Esculape.
Sur le point le plus élevé de la ville, se retrouvent les ruines d'un temple : cinq colonnes de la
façade postérieure restent encore debout, ainsi que deux de la partie latérale; presque toutes sont sur-
montées de l'architrave; elles sont en pierre calcaire et étaient couvertes d'un stuc ' qui les revêt encore
en plusieurs endroits. Les proportions de ce temple sont lourdes, et son caractère a beaucoup d'analogie
avec celui du grand temple de Paestum. Les fûts des colonnes sont d'un seul morceau jusqu'aux filets du
dessous des chapiteaux. Stuarta, qui a donné une description des restes de ce temple, avait trouvé qua-
torze colonnes debout lors de son voyage. Au-dessus, et près de la ville moderne, nous reconnûmes un
reste d'amphithéâtre taillé dans le roc.
Ce n'était pas Corinthe; c'était la place où fut autrefois cette ville opulente, c'étaient ses ruines que
nous visitions : nous ne marchions que sur des décombres, et, au lieu de l'antique splendeur de ses
monuments actuellement détruits, s'offraient à nos yeux quelques maisons récemment réparées depuis
la dernière guerre. Nous retrouvions des restes de plusieurs mosquées, des ruines de bains, de caves,
de fontaines, et, au milieu de ces tristes débris d'architecture appartenant à des siècles différents, quel-
ques ruines romaines en briques, et en si faible quantité, qu'on ne peut déterminer les monuments dont
elles ont dû faire partie.
En descendant au N.-O. dans la plaine, nous remarquâmes une ruine romaine en briques, et à quel-
ques pas plus loin, trois pierres calcaires disposées sur une même ligne : elles nous parurent être la
partie inférieure des colonnes d'un monument ; près de là étaient deux tambours de colonnes doriques
cannelées, d'environ i mètre 80 centimètres de diamètre. Non loin de ces colonnes, en avançant au N.
dans la plaine, on trouve au pied des rochers l'extrémité d'un aqueduc ou émissaire antique, lequel sert
encore à conduire l'eau dans la plaine. En suivant la même direction nous découvrîmes, sous des
rochers, des grottes d'où l'eau tombe comme de la pluie dans des réservoirs placés au-dessous. On voit
dans le voisinage un rocher dans lequel est taillée une salle de forme carrée qui se divise en trois gale-
ries parallèles ; des pierres posées à l'entrée nous semblèrent avoir servi à la décoration de ce monument
antique.
L'Acrocorinthe est le sommet d'une montagne qui domine Corinthe. A l'époque où écrivait Pausanias,
plusieurs temples existaient encore sur cette montagne : c'étaient ceux de la Nécessité et de la Force, de
la mère des dieux, le temple des Parques, celui de Cérès et de sa fille, les temples de Junon Bunœa et
de Vénus. Derrière ce dernier temple se trouvait une fontaine3 qui tirait ses eaux de l'Asope, suivant
les fictions des poètes.
Nous montâmes à l'Acrocorinthe par un chemin praticable pour les chevaux. Ayant obtenu la per-
mission de visiter cette citadelle, nous fîmes le tour des remparts, bâtis à l'époque du moyen âge, et
reposant en grande partie sur d'antiques murailles de constructions helléniques4. Cette place, qui est
la barrière du Péloponèse, est très-grande et bien fortifiée. D'après notre guide, il s'y trouverait trois
cents citernes dont l'eau serait excellente. Dans son enceinte elle renferme les ruines d'une ville qui
1 Ce stuc est appelé albarium opus par Vitruve, 1. 6, ch. VII; et lectorium opus par Cicéron, de Legibus, 1. II, ch. 26.
' Chap. X.
3 Pausanias, chap. I, II, III, IV et V.
4 Voyez le modèle aux Invalides.