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L' Exposition Populaire illustrée — Paris, 1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.1335#0344
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L'EXPOSITION POPULAIRE ILLUSTREE.

ces centres sont au nombre de huit, produisant
chacun un genre de travail différent; ce sont:
Jo Alençon;
2° Bayeux et Caen;
3" Lille etArras;
4- Chantilly;
5" Bailleul;
6* Mirecourt;
7" te Pu y;
8» Paris.
Nous ne nous occuperons aujourd'hui que des
dentelles de Bayeui et du point d'Alençon.

La première fabrique de dentelles fut établie à
Bayeux en 1740 par M. Clément. Depuis lors que
de chemin parcouru 1

Aujourd'hui, grâce à
l'initiative de M. Auguste
Lefébure, B.iyeux fabri-
que It point d'Alençon, les
Mondes mates pour l'ex-
portation. Caen, qui seule
s*3donnait à ce dernier
genre, l'abandonna en
quelque sorte et ne put
soutenir lit concurrence
de sa ri raie.

Bayeux a le monopole
des grandes pièces en
dentelles de fil, les au-
bes, les dessus de lit, les
robes, etc. (certaines piè-
ces ont jusqu'à quatre
mètres carrés de superfi-
cie), ainsi que les mor-
ceaux en blonde mi-mate
et gros mate destinées aux
beautés espagnoles, me-
xicaines et havanaises.

C'est M. A. Lerébure,
l'unique producteur de
ces articles, qui a su atti-
rer en France les com-
mandes des pays qui s'a-
dressaient autrefois à l'Ks-
Sagne. Il s'est attaché un
essinaleur habile, M. Al-
cide Roussel, qui, sous sa
direction, est arrivé à
rendre avec fidélité les
indications des exporta-
teurs.

Le nombre des ouvriè-
res en dentelles de l'arron-
dissement de Bayeui est
évalué à l'a,000 environ;
leur salaire varie de 50
■ cent, à 1 fr. 25 par jour
et leurs produits sont es-
timés de 8 à 12 millions
par an.

e Disons que l'industrie
de la dentelle est une de
celles qui peuvent s'exer-
cer au foyer de la famille.
La femme peut en travail-
lant vaquer aux soins iu
ménage, surveiller ses en-
fant- qui plus tard devien-
dront ses élèves, en un
mot elle est tout à la fois
morale puisqu'elle échap-
pe aux dangers qu'on re-
proche aux grands ate-
liers et apporte le bien-
être dans la famille tout en la maintenant.

Et maintenant allons visiter l'atelier qu'avaient
installé MM. Lefébure et fils dans la grande gale-
rie des machines.

Quel contraste avec l'usine de M. Haas dont nous
avons parlé dans notre quarantième livraison.
Point d'autre bruit que celui des fuseaux qui vol-
tigent sur les carreaux. Point de machines, pres-
que point de matériel. Pour le point d'AIencon,
un peu de crin blanc, une aiguille et du fil. Pour
les blondes, un coussin appelé carreau, de 60 cent,
sur 40 sur lequel e-t attaché le dessin à repro-
duire, des fils allant s'enrouler autour des fu-
seaux; voilà tout le matériel.

Le travail du point d'Alençon comporte dix-huit
opérations différentes, dont seize sont exécutées
séparément par des ouvrières spéciales qui pren-
nent les noms âa piqueuse, traceuse, rèseleuse, rem-
plisseuse, fondevse, modeuse, brodeuse, ébouleuse,
regaleuse, assembleuse, toucheuM, brideuse, boudeuse,
gazeuse, mignonncuse, picoteuse, affineuse.

Mais l'espace manquait au Champ de Mars , et
MM. Lefébure ne pouvant y installer un atelier
complet, ont fait choix d'une ouvrière émérite,

Mlle Lefèvre, qui faisait, à elle seule, le travail de
ce beau point, remplaçant ainsi la traceuse qui
passe un fil dans les trous du dessin, larempm-
seuse qui fait la gaze dans l'intérieur des flVurs et
des ornements, la reseleuse qui fait le fond du ré-
seau à mailles, la metteuse qui fait les points à
jour variés, dans le centre des fleurs ou dans les
médaillons, la festonneuse qui exécute un bord en
relief le long des contours du dessin, etc.

A côté de Mlle Lefèvre se trouvent trois ouvriè-
res en dentelles noires aux fuseaux. Cnmment font-
elles pour se retrouver dans ce monde de fuseaux?
Demandez-le leur, et elles vous répondront que
c'est bien facile, et à voir l'agilité avec laquelle

crayon de M.

Exposition universelle

Dentelles de MM. Auguste Lefébure et lil

elles les font voltiger et passer d'une main dans
l'autre, on croirait qu'elles disent vrai; l'appren-
tissage est cependant assez long et il n'y a qu'un
petit nombre d'ouvrières qui parviennent à faire
certaines pièces magistrales qu'on cite dans le
monde de la dentelle; aujourd'hui, toutefois, la
difficulté est moindreet, ^uice au point de raccroc,
presque toutes les ouvrières peuvent travailler aux
grandes pièces.

Le point de raccroc, qui fut inventé par une ou-
vrière du nom de Cabanet, sert à réunir, ainsi que
nous l'avons dit, d'une manière imperceptible à
l'œil même du fabricant, les bandes travaillées sé-
parément. Ces bandes varient de 10 a 20 centimè-
tres de largeur. Par cet ingénieux procédé, on
peut diviser les grandes pièces d'ouvrage et y em-
ployer un nombre indéterminé d'ouvrières, tandis
qu'auparavant il n'était guère possible d'en em-
ployer plus de deux à. la fois sur les morceaux
d'une grande étendue, lien est résulté une écono-
mie de plus de 50 p. 0|0 dans la main-d'œuvre,
et une célérité inouïe dans la livraison des com-

De l'atelie

i le travail i

tille

à 1 exposition de MM. Lefébure
et arrêtons-nous devant cette robe à double jups
en Alençon Bayeu&ain, estimée «s,000 franc Ct
prix vous étonne-t-il encore, à présent que vou<
avez vu ce travail inouï de patience et d'à-

Avez-vous jamais admiré rien de plus remar-
quable que ce chef-d'œuvre? quels surprenants
effets d'ombre, quelle variété dans les points du
tissu; et dire que cette pièce a été commencée en
ISfiOet finie seulement cette année, parles soins
et sous les yeux de MM. Lefébure; que le dessin
estun des plus beaux peut-être qui soit surli du
d1 qui esi cependant coût*
mier du fait, est le plus
grand éloge qu'on puisse
en faire.

A coté de cetle robe et
ne lui cédant ni en beau-
té, ni en jnesse, nnus re-
marquons un voile d'an-
gleterre, des ombrelles,
des éventails et des fleurs
artificielles qui forment
de cette vitrine une des
expositions les plus riclies
et les plus remarquable;
du palais du Champ n,>
Mars.

L'exposition de MM. le-
fébure et fils est, eu
somme, digne de ce que
nous étions en droit d'at-
iendred'une maison qui,
depuis 1823, i toujours ob-
tenu les premières récom-
penses; qui, en 1835, a ob-
tenu pour la ville de
Bayeux, qu'elle représen-
tait, la grande médaille
<Tor (council medal), et
qui, cette année, a reçu
^eux médailles d'or, dont
une pour son atelier et
l'autre pour ses produits,
digue en tous points, en-
fin, -le la maison qui a
fabriqué les magnifiques
rideaux de berceau que
la ville de Paris offrit A
S. M. l'Impératrice lors
de la naissance de S. i.
lePrince Impérial.

Et maintenant, avant
de finir, fusons un der
nier emprunt aux re-
marquables rapports de
MM. Félix Aubry et Audi-
ganne, sur les expositions
de 1851 et de 1855, aux-
quels nous avons fait de si
larges emprunts, et di-
sons avec ce dernier :

n Lorsque de tels élé-
a rnents se manifestent
, - Jans une [industrie, ils
^Hf-—'"■ JL__"J « -<'">t presque toujours
* dus a quelque initiative
purement industrielle
qui sait découvrir des
germes de succès et
■ communiquer une vie
, .lasse .'!3, n° 57. « nouvelle à des éléments

« énervés.
« Le trophée des dentelles nous fournit unexein-
« pie frappant des transformations qu'u.i seul
« homme peut amener dans l'ensemble d'une fa-
« brication. L'industrie dentellière doit au manu-
« facturier qui l'a érigée, à M. Auguste Lefébure,
« des perfectionnements remarquables ctd'împor-
« tants progrès. L'active impulsion qu'il a donnée
a n'a pas été circonscrite dans les limites d'un
« seul département. Cet exemple a réagi sur nos
« autres fabriques et y a joué un rôle d'un stîmu-
« !aat réel; l'on a pas voulu demeurer étranger
o au mouvement qui s'accomplissait ailleurs avec
«éclat.»

.Ajoutons que ce qui était vrai du père, il ï *
douze ans, l'est aujourd'hui de ses enfants qui
ont tenu à justifier le vieux proverbe :
« Bon sang ne peut mentir.»

Le Gérant,
MONTÉS.
 
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