Archives alsaciennes d'histoire de l'art (4.1925)

NOUVELLES RECHERCHES
SUR LA CÉRAMIQUE ALSACIENNE
DU XVIIIe SIÈCLE

par HANS HAUG

UNE histoire critique et comparée de la céramique européenne des temps
modernes reste à faire : une histoire dans laquelle seraient étudiées
les influences réciproques des nombreuses manufactures ; les parts d’influence
revenant à l’Orient et surtout à l’Extrême-Orient ; les évolutions ou révolu-
tions causées dans telle manufacture par l’arrivée d’un de ces céramistes
aventuriers qui continuent au xvine siècle le rôle des alchimistes des temps
précédents, ou tout simplement d’un modeste peintre sur faïence ou sur
porcelaine, apportant des ateliers qu’il vient de quitter un nouveau décor
ou une nouvelle recette ; enfin, l’influence du goût de l’acheteur sur une pro-
duction que seul notre respect de l’art ancien nous empêche parfois de qua-
lifier de plagiat ou tout au moins de concurrence déloyale. Car même les plus
grandes manufactures sont toutes à leurs débuts imitatrices de quelque chose.
Malgré les belles monographies et les nombreux articles parus depuis plus
d’un demi-siècle sur presque tous les centres de fabrication de l’Europe, bien
des travaux préparatoires restent à faire. Une histoire comparée de la céra-
mique telle que nous la rêverions ne pourra être entreprise que le jour où,
d’une part, la biographie des principaux artistes migrateurs sera mieux con-
nue et où, d’autre part, quelques chercheurs désintéressés se seront donné
la peine de poursuivre à travers plusieurs décades et de nombreuses manu-
factures la marche d’un seul et même décor. Quand on se rendra bien compte
des différences (très légères parfois) qui peuvent exister entre toutes les
faïences inspirées directement ou indirectement par la porcelaine importée
de Chine, qu’elle soit bleue à réserves, de famille rose ou de famille verte;