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I. JEAN-MARC ET JEAN-BAPTISTE RITTI
PEINTRES A LA MANUFACTURE DE STRASBOURG
Le Musée des Arts Décoratifs de Strasbourg a acheté récemment un béni-
tier1 en faïence de Strasbourg, à décor de lambrequins polychromes de grand
feu (fig. 103), dont la signature, exceptionnelle parmi les nombreuses signatures
strasbourgeoises connues, donne lieu à d’intéressantes constatations. Au lieu
du seul monogramme de peintre qui se trouve ordinairement sur les pièces
strasbourgeoises de grand feu, nous rencontrons ici deux lignes comprenant
chacune trois initiales, et une troisième ligne indiquant,
comme date de fabrication, l’année 1741.
Tout d’abord, cette date nous situe avec exactitude
l’époque du décor, que nous étions tenté de placer
quelques années plus tôt2.
Puis, elle nous donne des renseignements sur un
peintre de la manufacture, Jean-Marc Ritti, qui semble
avoir fait ce bénitier pour son propre compte, et
apposé ses initiales ainsi que celles de sa femme, non,
cette fois-ci, comme signature, mais comme marque de
propriétaire.
itiit
S'IAZ
La signature R se trouvant très fréquemment sur les pièces strasbour-
geoises de la première période, et Ritti étant alors, d’après les documents
conservés 3, le seul peintre dont le nom commençât par R, nous pouvons lui
attribuer toutes les pièces aux décors de lambrequin bleu, de lambrequin
polychrome et de fleurs des Indes dites de grand feu 4. Ce petit exercice pa-
raîtrait superfétatoire s’il ne nous renseignait pas d’une part sur le champ
d’activité d’un seul et même peintre à travers une trentaine d’années, si
d’autre part les documents que nous avons pu retrouver aux Archives Muni-
cipales de Strasbourg ne nous permettaient pas de reconstituer dans les
grandes lignes la biographie de ce modeste artiste. Cette biographie n’est,
1 Un bénitier pareil de forme et décoré de lambrequins en bleu est reproduit pl. II a de notre
ouvrage sur les Faïences et Porcelaines de Strasbourg, 1922.
2 Voir Hans Haug : Les Faïences et Porcelaines de Strasbourg, 1922, p. 30.
3 Voir le lexique biographique de cet ouvrage.
4 Les faïences strasbourgeoises des débuts de Paul Hannong, montrent, avec un décor aux
couleurs de grand feu, à leur revers, 3 paires de pernettes au lieu de 3 pernettes simples. Voir
loc. cit. p. 29 et Martin Grey : Les faïences strasbourgeoises de grand feu, dans la Céramique
Ancienne, juin et juillet 1923.
I. JEAN-MARC ET JEAN-BAPTISTE RITTI
PEINTRES A LA MANUFACTURE DE STRASBOURG
Le Musée des Arts Décoratifs de Strasbourg a acheté récemment un béni-
tier1 en faïence de Strasbourg, à décor de lambrequins polychromes de grand
feu (fig. 103), dont la signature, exceptionnelle parmi les nombreuses signatures
strasbourgeoises connues, donne lieu à d’intéressantes constatations. Au lieu
du seul monogramme de peintre qui se trouve ordinairement sur les pièces
strasbourgeoises de grand feu, nous rencontrons ici deux lignes comprenant
chacune trois initiales, et une troisième ligne indiquant,
comme date de fabrication, l’année 1741.
Tout d’abord, cette date nous situe avec exactitude
l’époque du décor, que nous étions tenté de placer
quelques années plus tôt2.
Puis, elle nous donne des renseignements sur un
peintre de la manufacture, Jean-Marc Ritti, qui semble
avoir fait ce bénitier pour son propre compte, et
apposé ses initiales ainsi que celles de sa femme, non,
cette fois-ci, comme signature, mais comme marque de
propriétaire.
itiit
S'IAZ
La signature R se trouvant très fréquemment sur les pièces strasbour-
geoises de la première période, et Ritti étant alors, d’après les documents
conservés 3, le seul peintre dont le nom commençât par R, nous pouvons lui
attribuer toutes les pièces aux décors de lambrequin bleu, de lambrequin
polychrome et de fleurs des Indes dites de grand feu 4. Ce petit exercice pa-
raîtrait superfétatoire s’il ne nous renseignait pas d’une part sur le champ
d’activité d’un seul et même peintre à travers une trentaine d’années, si
d’autre part les documents que nous avons pu retrouver aux Archives Muni-
cipales de Strasbourg ne nous permettaient pas de reconstituer dans les
grandes lignes la biographie de ce modeste artiste. Cette biographie n’est,
1 Un bénitier pareil de forme et décoré de lambrequins en bleu est reproduit pl. II a de notre
ouvrage sur les Faïences et Porcelaines de Strasbourg, 1922.
2 Voir Hans Haug : Les Faïences et Porcelaines de Strasbourg, 1922, p. 30.
3 Voir le lexique biographique de cet ouvrage.
4 Les faïences strasbourgeoises des débuts de Paul Hannong, montrent, avec un décor aux
couleurs de grand feu, à leur revers, 3 paires de pernettes au lieu de 3 pernettes simples. Voir
loc. cit. p. 29 et Martin Grey : Les faïences strasbourgeoises de grand feu, dans la Céramique
Ancienne, juin et juillet 1923.