LE "DIARIÜM”
DU MINIATURISTE GEORGES-ANTOINE KEMAN
DE SÉLESTAT (1784-1816)
par ANDRÉ GIRODIE.
Les Journaux et les Livres de Comptes des miniaturistes français du
/ xvine siècle sont des documents précieux pour l’histoire de leur temps.
A diverses occasions, les iconographes et les spécialistes de l’art de la Minia-
ture ont étudié ceux du Strasbourgeois Jean-Urbain Guérin (1788 à 1792),
du Lorrain Jean-Baptiste-Jacques Augustin (1781 à 1793) et du Lyonnais
Jean-Baptiste Sambat (1790 à 1817). Il nous est agréable d’ajouter à ces
textes le « Diarium » du miniaturiste Sélestatien Georges-Antoine Keman
(1784 à 1816).
*
* *
Né à Sélestat le 7 août 1765, fils du potier de terre Georges Keman et de
Catherine Faber, Georges-Antoine Keman quitta sa ville natale pour Paris,
le Ier août 1784. En compagnie du tonnelier Michel Dreyer, il fit le voyage
à pied en 9 jours, suivant l’usage des infortunés qui ne pratiquaient pas les
coches de terre. D’après les Mémoires que nous a laissés le peintre Martin
Drolling, nous savons de quelle manière se faisaient les départs des ap-
prentis artistes de l’Alsace du xvine siècle. Victimes de la fréquentation
des ouvriers d’art parisiens attirés en Alsace et particulièrement à Strasbourg,
les débutants allaient d’abord de leur ville natale à ce Strasbourg, image du
pays où l’existence des artistes semblait dorée, facile, pleine d’une liberté
chère aux Alsaciens. Ainsi, Martin Drolling quitta Oberbergheim après une
brouille avec le peintre de cette ville qui l’initiait à l’art de décorer les poêles
de faïence à l’aide de « paysages en bleu ». A l’encontre de ses rêves, la con-
currence et le chômage aidant, Drolling ne trouva rien de mieux, à Stras-
bourg, que de faire vendre aux miroitiers «despetites têtes d’après Boucher
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DU MINIATURISTE GEORGES-ANTOINE KEMAN
DE SÉLESTAT (1784-1816)
par ANDRÉ GIRODIE.
Les Journaux et les Livres de Comptes des miniaturistes français du
/ xvine siècle sont des documents précieux pour l’histoire de leur temps.
A diverses occasions, les iconographes et les spécialistes de l’art de la Minia-
ture ont étudié ceux du Strasbourgeois Jean-Urbain Guérin (1788 à 1792),
du Lorrain Jean-Baptiste-Jacques Augustin (1781 à 1793) et du Lyonnais
Jean-Baptiste Sambat (1790 à 1817). Il nous est agréable d’ajouter à ces
textes le « Diarium » du miniaturiste Sélestatien Georges-Antoine Keman
(1784 à 1816).
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Né à Sélestat le 7 août 1765, fils du potier de terre Georges Keman et de
Catherine Faber, Georges-Antoine Keman quitta sa ville natale pour Paris,
le Ier août 1784. En compagnie du tonnelier Michel Dreyer, il fit le voyage
à pied en 9 jours, suivant l’usage des infortunés qui ne pratiquaient pas les
coches de terre. D’après les Mémoires que nous a laissés le peintre Martin
Drolling, nous savons de quelle manière se faisaient les départs des ap-
prentis artistes de l’Alsace du xvine siècle. Victimes de la fréquentation
des ouvriers d’art parisiens attirés en Alsace et particulièrement à Strasbourg,
les débutants allaient d’abord de leur ville natale à ce Strasbourg, image du
pays où l’existence des artistes semblait dorée, facile, pleine d’une liberté
chère aux Alsaciens. Ainsi, Martin Drolling quitta Oberbergheim après une
brouille avec le peintre de cette ville qui l’initiait à l’art de décorer les poêles
de faïence à l’aide de « paysages en bleu ». A l’encontre de ses rêves, la con-
currence et le chômage aidant, Drolling ne trouva rien de mieux, à Stras-
bourg, que de faire vendre aux miroitiers «despetites têtes d’après Boucher
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