PORCHES ET NARTHEX
DES ÉGLISES ROMANES D'ALSACE
par ANDRÉ TRAUTMANN
IL faut rechercher l'origine du narthex des églises romanes dans la
construction de 1’ atrium qui précédait toujours les basiliques des pre-
miers temps chrétiens. L’atrium était une cour carrée, entourée d’un
portique orné de colonnes sur trois côtés, ou même parfois sur les quatre;
ce bâtiment carré était accollé à la façade de l’église dont il avait la
largeur. Au centre de l’atrium se trouvait une grande vasque où les fidèles
se lavaient le visage et les mains avant d’entrer dans l’église ; le bénitier
est d’ailleurs un reste de cet antique usage. La galerie adossée à l’église était
le paradisium (français : parvis), mais on l’appelait aussi narthex ; ce dernier
était décoré de peintures représentant le paradis terrestre — d’où son nom
primitif. Le portique de l’atrium, comme plus tard les porches romans,
ont souvent servi de sépulture aux fidèles, et surtout après le concile
de Nantes (tenu en 685), qui interdit d’enterrer «in ecclesia », et ajoute
qu’on ne doit le faire que « in atrio aut porticu ». Ce texte nous montre
que, dès cette date, il y avait une tendance chez les puissants à vouloir
occuper une place privilégiée dans l’église ; et nous apprenons de plus que
l’usage de l’atrium était encore général à la fin du viie siècle.
Pour des raisons de place et d’économie, l’édification de l’atrium
devait fatalement disparaître, ne laissant subsister que le narthex beau-
coup plus modeste et moins gênant. Ce besoin du narthex se faisait
sentir par l’usage de ne baptiser les fidèles que lorsqu’ils étaient adultes ;
les enfants non baptisés ne pouvaient alors entrer dans l’église. Lorsqu’il
n’y eut plus de catéchumènes, l’usage des porches et des narthex se
DES ÉGLISES ROMANES D'ALSACE
par ANDRÉ TRAUTMANN
IL faut rechercher l'origine du narthex des églises romanes dans la
construction de 1’ atrium qui précédait toujours les basiliques des pre-
miers temps chrétiens. L’atrium était une cour carrée, entourée d’un
portique orné de colonnes sur trois côtés, ou même parfois sur les quatre;
ce bâtiment carré était accollé à la façade de l’église dont il avait la
largeur. Au centre de l’atrium se trouvait une grande vasque où les fidèles
se lavaient le visage et les mains avant d’entrer dans l’église ; le bénitier
est d’ailleurs un reste de cet antique usage. La galerie adossée à l’église était
le paradisium (français : parvis), mais on l’appelait aussi narthex ; ce dernier
était décoré de peintures représentant le paradis terrestre — d’où son nom
primitif. Le portique de l’atrium, comme plus tard les porches romans,
ont souvent servi de sépulture aux fidèles, et surtout après le concile
de Nantes (tenu en 685), qui interdit d’enterrer «in ecclesia », et ajoute
qu’on ne doit le faire que « in atrio aut porticu ». Ce texte nous montre
que, dès cette date, il y avait une tendance chez les puissants à vouloir
occuper une place privilégiée dans l’église ; et nous apprenons de plus que
l’usage de l’atrium était encore général à la fin du viie siècle.
Pour des raisons de place et d’économie, l’édification de l’atrium
devait fatalement disparaître, ne laissant subsister que le narthex beau-
coup plus modeste et moins gênant. Ce besoin du narthex se faisait
sentir par l’usage de ne baptiser les fidèles que lorsqu’ils étaient adultes ;
les enfants non baptisés ne pouvaient alors entrer dans l’église. Lorsqu’il
n’y eut plus de catéchumènes, l’usage des porches et des narthex se