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Trautmann, André: L' église d'Altenstadt
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.63189#0035
L’ÉGLISE D’ALTENSTADT
par ANDRÉ TRAUTMANN
ON a beaucoup construit avant la période romane, mais les édifices
de cette époque qui ont subsisté jusqu’à nous sont en très petit
nombre. Les premiers archéologues, au milieu du xixe siècle, n’hésitaient
pas à faire remonter à cette date beaucoup d’églises que de Lasteyrie,
Lefèvre-Pontalis, Enlard et bien d’autres ont dû rajeunir, et qui
n’appartiennent qu’au XIe ou même au xne siècle. Mais si les chroni-
queurs du temps mentionnent tant de monuments de cette époque,
comment se fait-il qu’il nous en soit parvenu si peu? C’est que beau-
coup ont été atteints par un mal qui existait au moyen-âge à l’état
endémique : le feu, qui faisait plus de ravages que la main des envahis-
seurs et des soldats. Ces constructions non voûtées, avec leur charpente,
leurs murs tapissés de tentures placées souvent bien près des cierges,
étaient une proie toute trouvée pour l’incendie. D’ailleurs on s’en rendit
compte, et parfois on démolit volontairement ces églises un peu désuètes,
et trop exposées à la destruction, pour les remplacer au xne siècle par
d’autres édifices qui profiteraient des derniers perfectionnements de
l’architecture, la voûte de pierres notamment.
Cependant, nous en possédons encore, de ces églises appartenant à la
période qui suivit de près la Renaissance carolingienne. Elles sont dissé-
minées dans toute la France ; l’Alsace, elle aussi, a la bonne fortune d’en
posséder une, l’église d’Altenstadt, à 2 kilomètres de Wissembourg, et sans
doute est-ce là le plus vénérable édifice de nos contrées, car il n’y a
pas, à ma connaissance, d’église plus ancienne en Alsace ; celle d’Ottmars-
heim, malgré son plan et son aspect carolingiens, ne date que de 1045 1,
et nous verrons que, d’après ses caractères architecturaux, Altenstadt
doit se placer au Xe siècle (nef et bas-côtés) et au début du xt® (tour).
1 Dbshoulières. Au début de l’art roman, p. 76.
par ANDRÉ TRAUTMANN
ON a beaucoup construit avant la période romane, mais les édifices
de cette époque qui ont subsisté jusqu’à nous sont en très petit
nombre. Les premiers archéologues, au milieu du xixe siècle, n’hésitaient
pas à faire remonter à cette date beaucoup d’églises que de Lasteyrie,
Lefèvre-Pontalis, Enlard et bien d’autres ont dû rajeunir, et qui
n’appartiennent qu’au XIe ou même au xne siècle. Mais si les chroni-
queurs du temps mentionnent tant de monuments de cette époque,
comment se fait-il qu’il nous en soit parvenu si peu? C’est que beau-
coup ont été atteints par un mal qui existait au moyen-âge à l’état
endémique : le feu, qui faisait plus de ravages que la main des envahis-
seurs et des soldats. Ces constructions non voûtées, avec leur charpente,
leurs murs tapissés de tentures placées souvent bien près des cierges,
étaient une proie toute trouvée pour l’incendie. D’ailleurs on s’en rendit
compte, et parfois on démolit volontairement ces églises un peu désuètes,
et trop exposées à la destruction, pour les remplacer au xne siècle par
d’autres édifices qui profiteraient des derniers perfectionnements de
l’architecture, la voûte de pierres notamment.
Cependant, nous en possédons encore, de ces églises appartenant à la
période qui suivit de près la Renaissance carolingienne. Elles sont dissé-
minées dans toute la France ; l’Alsace, elle aussi, a la bonne fortune d’en
posséder une, l’église d’Altenstadt, à 2 kilomètres de Wissembourg, et sans
doute est-ce là le plus vénérable édifice de nos contrées, car il n’y a
pas, à ma connaissance, d’église plus ancienne en Alsace ; celle d’Ottmars-
heim, malgré son plan et son aspect carolingiens, ne date que de 1045 1,
et nous verrons que, d’après ses caractères architecturaux, Altenstadt
doit se placer au Xe siècle (nef et bas-côtés) et au début du xt® (tour).
1 Dbshoulières. Au début de l’art roman, p. 76.