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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 10.1884 (Teil 2)

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Leroi, Paul: Italia fara da se, [1]
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1

ITALIA FARA DA SE. .33

indéniable prouve non pas que j'avais été bon prophète, mais que j'avais vu juste, je reprends un
travail qui me tient d'autant plus au cœur qu'il peut être pour la France d'un utile enseignement.
Si elle daigne y prêter attention, elle y apprendra combien sont féconds les efforts persévérants
de l'initiative privée, à la condition de remplacer la phraséologie par des actes, combien l'union
seule fait la force, combien enfin sont fatals les excès de centralisation qui habituent l'individu,
déplorablement et quoi qu'on en ait, à compter en toutes choses sur l'intervention perpétuelle et
presque toujours inefficace de l'Etat.

VIII

a race peu sympathique — très antipathique pour parler franc — des poli-
ticiens de Rome qui, en fainéantisant —■ c'est ce qu'ils savent faire le
mieux — sur les trottoirs ou dans les cafés du Corso, rêvent plaies et
bosses, victoires et conquêtes, suprématie universelle de « la Ville éter-
nelle », au lieu de s'occuper sans relâche à assainir la capitale et ses
fiévreux environs, ces bavards eunuques de la politique avaient rêvé
pour Rome le rôle de Paris dans ce qu'il a précisément de fâcheux, sa
centralisation outrée, et ils avaient voulu débuter par tuer net les grandes
expositions artistiques nationales organisées à tour de rôle par les cités les
C/ plus importantes du royaume, et leur substituer un Salon romain annuel !

Cette néfaste idée, adroitement insinuée au Congrès de Naples qui
précéda l'Exposition turinoise de 1880, avait été ardemment débattue et
imposée à grand renfort de phrases ronflantes mais creuses. Le vote était
bel et bien acquis ; il s'agissait de réussir à en annuler les effets.

En rendant compte dans l'Art de la très remarquable solennité à
laquelle la critique avait été conviée par la capitale de l'ancien royaume de
Sardaigne j'avais vivement combattu cette décision désastreuse du Congrès
napolitain et exposé combien elle pouvait être funeste à la grande person-
nalité de tant de villes italiennes qu'on préméditait secrètement d'abaisser
au rang de maintes inoffensives préfectures et sous-préfectures françaises,
par trop réduites, grâce à une centralisation absorbante au possible, à l'état
de simples expressions géographiques intellectuelles.

Pendant qu'on me jetait naturellement la pierre à Rome, ce qui me
laissa fort indifférent, M. le comte Federigo Pastoris di Casalrosso me faisait,
à Turin, l'honneur de me traduire, et sa brochure 2, très répandue parmi les
artistes, ne contribua pas peu, par les nombreuses et significatives absten-
tions qu'elle provoqua, au prodigieux fiasco du premier Salon de Rome,
Salon tellement pitoyable que l'Art s'abstint, par courtoisie, d'en souffler
mot. C'eût été triompher trop aisément3. Clef

Cette année, le succès, plus éclatant que jamais, de l'Exposition de d0 Ia porte du Borg°

r 1 ' r (Bourg féodal), à la devise :

Turin, est venu donner le coup de grâce aux folles prétentions romaines. Ce Ego januam, tu corda.

, ••, • • 1 • . 'a/r'1 mi , 1/,/ (Exposition nationale italienne

qu avait si bien commence Milan est merveilleusement complète ; toute „D . ,r .

1 1 ' de 1884, a Turin.)

tentative en sens contraire ne pourrait désormais qu'échouer de plus en plus Dessin du

, r, ■ . .. . , chevalier Alberto Maso Gilli.

piteusement, tant 1 utilité décentralisatrice de ces fêtes nationales organisées,

a

tour de rôle, d'un bout à l'autre de la Péninsule, est triomphalement démontrée.

1. Voir l'Art, 6° année, tome II, page 241, tome III, page 289, et tome IV, pages 10, 3i et 5o.

2. Suit' Accentramento dell' Artc Italiana in Roma. Pensieri di un Critico francese. Torino, F. Casanova, Libraio-Editore 1880.
Plaquette de 22 pages.

3. Ce qui fut le plus digne d'éloges à ce Salon, ce fat le contenant et non le contenu. Le palais permanent des Beaux-Arts que l'on a
tout exprès élevé à Rome est en général fort bien approprié à sa destination, et la rapidité avec laquelle il a été construit contraste heureu-
sement avec la lenteur proverbiale dont on use et abuse en toutes choses dans la Ville éternelle. ■
 
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