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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,2.1899

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No. VII (Avril 1899)
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Jacques, G. M.: La petite demeure
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https://doi.org/10.11588/diglit.34202#0014
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L'ART DÉCORATIF

L;i plupart sont de petits meubles de salon, genre
qui demande au contraire la Fmtaisie, 1a grâce
et l'uddition d'agréments de détail; ies autres,
des meubles de troisième choix, mal dessinës
et mal exécutés, ou des pièces excellemment
travailiées et coûteuses, mais d'un caractère
bourgeois, qui ne reprësentent nuliement les
goûts de la partie ia plus cuitivée du public
anglais et que les artistes anglais réprouvent
comme les nôtres. Enhn, dans presque tous,
ie bois est défégurê par des maquillages : iaques,
teintures, vernis fortement coiorés, qui lui ôtent
tout caractère.
Des meubies de salle à manger et de chambre
à coucher parfaitement simpies, mais bien en-
tendus et de formes élégantes, exécutés avec
plus de soin et faits de bois plus choisi que
nos meubles courants, ne coûteraient pas plus
cher que ceux-ci, et seraient beaucoup plus
beaux. Quant aux meubles de salon, il faut se
départir de trop de sobriété pour eux, d'abord
parceque ce sont de petits objets devant plaire
plutôt par la délicatesse que par la vigueur de
l'expression, ensuite parce que, dans 1e milieu
dont ils feront partie, c'est plutôt sur eux que
sur 1e dècor mural que se portera l'intérêt. Au
salon, 1e goût français veut une tonalité claire
et des décors ehacés; dans les milieux mondains,
son vrai dècor, c'est 1a beautè des femmes, qui
doit y briller de tout son èclat et dont rien ne
doit dètourner les regards. De ces classes, l'usage
s'est étendu aux autres. 11 paraît que c'est un
mal — et mëme un ridicule — à certains
points de vue; mais c'est un bien au nôtre;
celà varie le caractère des pièces dont la de-
meure se compose. Les meubles de celle-ci
seront donc fouillés sans excès aux bonnes places,
les pieds modelès etc. Sur ces petits meubles,
celàn'estpasd'unprixexcessif.
Les draperies des baies, rideaux et portières,
sont plus faciles à trouver dès à prèsent dans
le commerce que les meubles. Pour les chambres
à coucher, la France et l'Angleterre fabriquent
des cretonnes ravissantes de couleur et de dessin ;
moyennant deux francs le mètre, on n'a que
l'embarras du choix. Pour les autres pièces, il
y a de beaux velours imprimës et d'autres
tissus fort acceptables dans les six à huit irancs
le mètre, grande largeur. 11 n'en faut d'ailleurs
par une profusion. L'absurditè des draperies
qui cachent les fenêtres aux trois quarts et
faisaient de nos appartements, il y a quelques
annëes, des sortes d'antres de fauves, n'est plus
à dèmontrer. Encore un peu de temps, et les
chefs-d'œuvre des tapissiers — et leurs mè-
moires! — ne seront plus qu'un souvenir, Dieu
merci. En attendant, voici le meilleur conseil
à ceux qui sont de notre avis. Faites venir

une couturière; qu'elle coupe et pique seslais,
fasse une demi-douzaine de fronces à chaque
rideau, y couse nombre ègal d'annelets. Adaptez
au mur, au-dessus de la fenêtre, une tringle
en laiton (tube de à 20 millimètres) dè-
passant le cadre de celle-ci de 2^ à 30 centi-
mètres de chaque côtè. Enfilez les anneaux,
laissez pendre, repoussez les rideaux à l'extërieur
du cadre jusqu'à la nuit .... et voilà. Deux
rideaux de vitrage en mousseline, coulissès haut
et bas et voilant les vitres jusqu'au sommet
tamiseront la lumière, jetant sur vos dècors
l'estompe nècessaire. Et croyez que pour ne
pas être insensèe, ni chère, votre fenêtre n'en
sera pas moins dècorative.
Avec des murs unis, les draperies doivent
être à dessins, et vice-versa. Mais c'est plutôt
à la couleur et au tissu qu'il faut s'attacher qu'au
beau dessin, au moins dans une certaine mesure.
Les fronces et les plis dèhgurent celui-ci ; il
n'agit guère qu'en ce qu'il rompt les nus. La
tonalité gènèrale de l'ètofFe, au contraire, joue
un grand rôle dans l'harmonie chromique de la
pièce, donc dans l'impression d'ensemble. Aussi
les dessins en blanc ou crême, on ton sur ton,
sont peut-être les plus propres à bien remplir
le but.
11 resterait à parler de bien des choses, mais
nous ne pouvons qu'efheurer le sujet. 11 ne
s'agit ici que de montrer la possibilitè de faire
quelque chose avec peu. Pourtant, il faut encore
répondre à une question : comment mettre en
pratique tout celà dans les appartements de nos
maisons de rapport, où tout est prévu, règlé
d'avance, emprisonnant le locataire dans les
anciens usages?
Certes, il faut de la volonté pour ne pas
être dècouragè par ces obstacles. Ces glaciales
cheminèes en marbre blanc, prètendues Louis XV,
ces glaces à l'imbécile cadre doré montant jus-
qu'au plafond, dont les propriétaires ornent (!) les
appartements, sans doute en reconnaissance du
privilège monstrueux que nos lois continuent
d'accorder au bailleur, la fortune qui se terre
peureusement dans l'immeuble ètant plus sainte
que celle qui aide l'industrie et rend possibles
les grandes entreprises et le progrès; ces pla-
fonds à guirlandes, rosaces, ècoinçons en pâ-
tisserie faite de la crême des lieux-communs
de trois siècles et demi, — ce sont là des cas
dèsespërès!
Les plafonds, il laudra bien, hèlas! se rèsigner
à faire bon ménage avec eux jusqu'à ce qu'on
nous les èpargne ! Les cheminèes, la police qui
nous dèfend de les dèmolir nous force à nous
contenter de les masquer par les rideaux tra-
ditionnels, triste palliatif! Avec les glaces, au
moins, il y a de la ressource. Dècrochèes, elles

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