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No. VIII (Mai 1899)
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L'ART DËCORATIF
même viüe. Ces intérieurs n'ont de parti-
cuiier que les souvenirs du deux grands hommes
qu'ils rappellent; souvenirs qui suihisent cepen-
dant à ieur donner un intérèt anecdotique dans
ces colonnes, s'ii est vrai que l'art et ia poësie
doivent se donner ia main.
Après la prise de la capitale du royaume
africain de Benin en février 18^7, les Anglais
trouvërent en quantité des bronzes, des feron-
neries et des objets en ivoire sculpté du plus
haut intérêt pour l'ethnographie et pour i'art.
De grandes plaques en bronze couvertes de
hgures en reiief, et qui iormaient sans doute
le revêtement des murs en terre cuite au so-
leil des demeures du roi et des grands digni-
taires, des hgures d'hommes, de léopards, d'oi-
seaux, fondues par ie procédé de la cire perdue,
des vases et des ustensiies précieux, des armes
de grands luxe hrent apparaitre, à l'étonnement
des Européens, ies restes d'une civilisation
avancée chez ce peupie retourné depuis à la
barbarie. Suivant l'habitude angiaise, ces tré-
sors historiques furent aussitôt embaiiés et ex-
pédiés à Londres, où ie British Museurn ht
son choix; après quoi, ie reste se dispersa au
hasard des achats, mais prit surtout le chemin
de i'Allemagne. Le musèe des arts industrieis
de Berlin, celui de Hambourg, et ie Musëe
d'ethnographie de Munich en possèdent denom-
breuses et belles pièces. Nous devons à M.
ie professeur Brinckmann, conservateur du
musèe de Hambourg, ies photographies de
celies que nous reproduisons.
On y reconnaitra i'inhuence de i'ancien art
ègyptien et ceiie de l'art arabe du moyen-âge.
Par quelie longue succession d'èvènements m-
connus ces inhuences ont-eiies servi ia crèation
d'un art possèdant un caractère propre incon-
testable, sur cette terre qu'on croyait, hier en-
core, n'être jamais sortie de la barbarie primi-
tive ? Les ethnographes ie dècouvriront peut-
être par l'ètude de ces objets. En attendant,
les artistes y trouveront, de ieur côtè, quelque
chose de plus qu'un sujet de curiositè.
Nous avons souvent insisté sur la nëcessitè
de crèer, à l'usage de la partie du pubiic dont
le goût s'est èpuré depuis queiques annèes,
des objets usueis, surtout des meubles, pas trop
coûteux et par consèquent simples, mais d'un
goût pur. Nous enregistrons donc avec plaisir
la pas que viennent de faire dans cette voie
deux artistes de Munich, MM. Schuitze-Naum-
burg et Pankok, d'accord avec ies Ateliers
Rèunis de cette viiie pour i'exècution. Ces
artistes ont ètabli pour le prix de 3300 marcs —
qi2^ francs — un mobilier complet com-
prenant une salie à manger, une chambre à
coucher à deux lits jumeaux et un saion.
La saiie à manger, dessinée par M. Pankok,
est en bois de chêne mat; eile se compose
d'un grand buhet, d'une table à coulisses et
allonges, d'un grand fauteuil et de six chaises
garnies en drap ou cuir uni: ce n'est pas ie
dernier mot du rafhnement, mais c'est au moins
digne et vèritablement confortable. La chambre
à coucher est de M. Schuitze-Naumburg; eile
est en bois de pin, soit poli, soit teintë vert
ou rouge. 11 eût ëtè sage de s'en tenir à la
couleurnaturelie du bois; lesteinturespeuvent
amuser un instant, mais dans un ensemble, on
en a vite assez, comme de tout ce qui violente
la nature. Mais nous ne chicanerons pas
l'artiste sur cette erreur faciie à éviter; il est
plus juste de ne remarquer que le bel aspect
qu'il a su donner à ses meubles, surtout à
l'armoire et à la table à coiher, uniquement
par la justesse des proportions et l'élègance des
prohls. C'est parfait en son genre, à part les
pieds des lits, un peu lourds à notre avis.
M. Schultze-Naumburg est aussi l'auteur du
dessin des meubles de salon (ou plutôt pièce
de rèunion), consistant en rayons d'assez grande
longueur pour les livres, avec cases fermèes
dans le bas (ce meuble n'est pas reproduit dans
nos gravures), un bureau de dame, un canapè
d'angie avec iequel fait corps un autre petit
casier à livres ou à musiques, une table et six
chaises; le tout en bois de chêne.
A bientôt, espérons-le, l'occasion de reproduire
des ensembles conçus dans ie même sens pour
les usages et les goûts d'autres pays. C'est la
tâche la plus urgente de lart nouveau, s'ii veut
travaiiler non-seuiement pour quelques-uns, mais
pour ie grand nombre, c'est-à-dire ètre vraiment
de son temps.
Les papiers peints de M. Maurice Denis
reproduits dans ce numëro devaient paraître
dans le Nr. ) de en même
temps que ses peintures. Très-diherents de
tout ce qui se fait par la composition et la
nature des motifs, ils rehètent la gràce, nous
allions dire la tendresse de tout ce qui sort du
pinceau du jeune maître.
C'est la première fois, croyons-nous, qu'un
très-jeune artiste allemand, M. Nicolai, est re-
produit dans une revue d'art. On remarquera
dans ses bijoux, ses lampes et ses travaux
d'argenterie une lègèretè de main peu commune
à ses compatriotes. A ce point de vue, les
qualitès de ces objets les rapprocheraient plutôt
des productions françaises.
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même viüe. Ces intérieurs n'ont de parti-
cuiier que les souvenirs du deux grands hommes
qu'ils rappellent; souvenirs qui suihisent cepen-
dant à ieur donner un intérèt anecdotique dans
ces colonnes, s'ii est vrai que l'art et ia poësie
doivent se donner ia main.
Après la prise de la capitale du royaume
africain de Benin en février 18^7, les Anglais
trouvërent en quantité des bronzes, des feron-
neries et des objets en ivoire sculpté du plus
haut intérêt pour l'ethnographie et pour i'art.
De grandes plaques en bronze couvertes de
hgures en reiief, et qui iormaient sans doute
le revêtement des murs en terre cuite au so-
leil des demeures du roi et des grands digni-
taires, des hgures d'hommes, de léopards, d'oi-
seaux, fondues par ie procédé de la cire perdue,
des vases et des ustensiies précieux, des armes
de grands luxe hrent apparaitre, à l'étonnement
des Européens, ies restes d'une civilisation
avancée chez ce peupie retourné depuis à la
barbarie. Suivant l'habitude angiaise, ces tré-
sors historiques furent aussitôt embaiiés et ex-
pédiés à Londres, où ie British Museurn ht
son choix; après quoi, ie reste se dispersa au
hasard des achats, mais prit surtout le chemin
de i'Allemagne. Le musèe des arts industrieis
de Berlin, celui de Hambourg, et ie Musëe
d'ethnographie de Munich en possèdent denom-
breuses et belles pièces. Nous devons à M.
ie professeur Brinckmann, conservateur du
musèe de Hambourg, ies photographies de
celies que nous reproduisons.
On y reconnaitra i'inhuence de i'ancien art
ègyptien et ceiie de l'art arabe du moyen-âge.
Par quelie longue succession d'èvènements m-
connus ces inhuences ont-eiies servi ia crèation
d'un art possèdant un caractère propre incon-
testable, sur cette terre qu'on croyait, hier en-
core, n'être jamais sortie de la barbarie primi-
tive ? Les ethnographes ie dècouvriront peut-
être par l'ètude de ces objets. En attendant,
les artistes y trouveront, de ieur côtè, quelque
chose de plus qu'un sujet de curiositè.
Nous avons souvent insisté sur la nëcessitè
de crèer, à l'usage de la partie du pubiic dont
le goût s'est èpuré depuis queiques annèes,
des objets usueis, surtout des meubles, pas trop
coûteux et par consèquent simples, mais d'un
goût pur. Nous enregistrons donc avec plaisir
la pas que viennent de faire dans cette voie
deux artistes de Munich, MM. Schuitze-Naum-
burg et Pankok, d'accord avec ies Ateliers
Rèunis de cette viiie pour i'exècution. Ces
artistes ont ètabli pour le prix de 3300 marcs —
qi2^ francs — un mobilier complet com-
prenant une salie à manger, une chambre à
coucher à deux lits jumeaux et un saion.
La saiie à manger, dessinée par M. Pankok,
est en bois de chêne mat; eile se compose
d'un grand buhet, d'une table à coulisses et
allonges, d'un grand fauteuil et de six chaises
garnies en drap ou cuir uni: ce n'est pas ie
dernier mot du rafhnement, mais c'est au moins
digne et vèritablement confortable. La chambre
à coucher est de M. Schuitze-Naumburg; eile
est en bois de pin, soit poli, soit teintë vert
ou rouge. 11 eût ëtè sage de s'en tenir à la
couleurnaturelie du bois; lesteinturespeuvent
amuser un instant, mais dans un ensemble, on
en a vite assez, comme de tout ce qui violente
la nature. Mais nous ne chicanerons pas
l'artiste sur cette erreur faciie à éviter; il est
plus juste de ne remarquer que le bel aspect
qu'il a su donner à ses meubles, surtout à
l'armoire et à la table à coiher, uniquement
par la justesse des proportions et l'élègance des
prohls. C'est parfait en son genre, à part les
pieds des lits, un peu lourds à notre avis.
M. Schultze-Naumburg est aussi l'auteur du
dessin des meubles de salon (ou plutôt pièce
de rèunion), consistant en rayons d'assez grande
longueur pour les livres, avec cases fermèes
dans le bas (ce meuble n'est pas reproduit dans
nos gravures), un bureau de dame, un canapè
d'angie avec iequel fait corps un autre petit
casier à livres ou à musiques, une table et six
chaises; le tout en bois de chêne.
A bientôt, espérons-le, l'occasion de reproduire
des ensembles conçus dans ie même sens pour
les usages et les goûts d'autres pays. C'est la
tâche la plus urgente de lart nouveau, s'ii veut
travaiiler non-seuiement pour quelques-uns, mais
pour ie grand nombre, c'est-à-dire ètre vraiment
de son temps.
Les papiers peints de M. Maurice Denis
reproduits dans ce numëro devaient paraître
dans le Nr. ) de en même
temps que ses peintures. Très-diherents de
tout ce qui se fait par la composition et la
nature des motifs, ils rehètent la gràce, nous
allions dire la tendresse de tout ce qui sort du
pinceau du jeune maître.
C'est la première fois, croyons-nous, qu'un
très-jeune artiste allemand, M. Nicolai, est re-
produit dans une revue d'art. On remarquera
dans ses bijoux, ses lampes et ses travaux
d'argenterie une lègèretè de main peu commune
à ses compatriotes. A ce point de vue, les
qualitès de ces objets les rapprocheraient plutôt
des productions françaises.
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