L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (1,2.1899)

L'ART DÉCORATIF

à la diffërence de trop d'autres, il a queique chose
d'autre que le métier à montrer. De ses paysages
bretons se dëgage une expression très intense,
surtout des vues de falaises, de grèves, de
viliages au crëpuscule. C'est par ies cieis gris, 1a
lumièreterne.le soirvenant que M.Gaston Prunier
aime à voir et à nous montrer la nature ; toute 1a
tristesse, tout le gris de ces ciels est dans ses
cadres. On 1a retrouve encore dans ses vues de
Paris, des démolitions de Mazas, de 1a Cour des
Comptes, de 1a rue de Vanves, des carrières de la
baniieue dans les champs vagues, toutes scèneries
tristes vues par les temps et aux heures tristes,
dont l'artiste extrait comme 1a quintescence de
mélancolie.
En même temps que les aquareiles de M. Gaston
Prunier. l'Art Nouveau expose une série de
tableaux de Mlle Aiice Munrford, 1a plupart des
portraits, dans lesquelles on retrouve tous les
charmes, et aussi les mièvreries de l'école de
Whistley sous l'embrumage à 1a mode du jour.
Nous venons un peu tard pour parler de l'expo-
sition d'œuvres de l'enlumineur Marcel Lenoirchez
l'éditeur Arnould, le mois dernier. II y a du
dessin, de la couleur, des trouvailles d'arrange-
ment dans ces compositions décoratives, ce n'est
pas l'œuvre du premier venu. Mais que c'est litté-
raire ! Ttop de symboles, de paraboles, d'hyper-
boles ! Qu'un peu moins de Tolstoï et un peu plus
de joies de la vie feraient mieux notre affaire !
Enhn, annonçons que l'exposition du Castel-
Béranger de M.Guimard, auF/Arro, est prolongëe
jusqu'au 20 mai.
Laplace a manqué dans nos premières pages de
texte pour dire quelques mots de 1a salle à
manger représentée par ce numéro. C'est celie de
M. H. Bruckmann, ëditeur du /èz///x/
à Munich. Elle a été exécutée à Munich même,
surles dessins de M. Mackintosh, de Glascovv, et
de Bertsch, de Munich, pour 1a table et les chaises.
L'ensemble offte un spécimen typique d'une des
formes de l'art domestique moderne, confortable
sans fausse rechercbe, distingué sans faux luxe.

/COVOP////./A
AiRches nouvelles :
dZo/oqyr/<?x C0////0/, par Steinlen. — CAüO/ Jz/
Cy^^ ^t /gx /ro/'x Q/////'//k/x, pat* René Péan. —
5G7o/z Ca//f, par Firmin Bouisset.
Livres et Albums :
Le graveur Pierre Vidal vient d'illustrer un
superbe ouvrage, Z/7. V/F h Afc/////7/7/'//'a, sous
couverture lithographique.
Un jeune artiste italien nouvellement installé à
Paris, M. Cappiello, va faire paraître aux éditions
de 1a Revue Blanche un album de caricatures-
aquarelles, intitulé Vcx Ac//'z'rcx.
Cartes postales :
//7 Pa/'/x/F////.? /7z/v <//yà7'c//f<$x ^o^z/</x, par Jack
Abeillé. — D<?z/v <?<7//v-/*c/'Ox, par MHe Formste-
cher. — /.z/Lrz'. — /,<z V/<? ^,z/*/'x/'<?////a. — ///'xfo/'/'a
<Z'z/// <r/*/'///^ (2" série), par E. Couturier. —
d/<7///*</x </e /<z C<7/ /<? ^ox/<7/<? 2^ sërie), par douze
artistes nouveaux, avec aquarelles et cartes-spé-
cimens.
(Publication trimestrielle, ^o, boul. Latour-Mau-
bourg, Paris.)

L'EXPOSITION DE [900

Z,F G/?AVD PA/A/S
Une centaine d'ouvriers travaille en ce moment
à sculpter les motifs d'ornement du Grand Palais
des Champs-EIysées qui sera l'œuvre principale de
l'Exposition de 1900.
Au moment où va s'achever le gros ceuvre, il est
intéressant de dire comment les trois architectes
désignés par 1e concours se sont réparti le
travail.
La façade sur l'avenue centrale l'avenue
Alexandre III comme on l'appelle déjà —, la
grande colonnade, les galeries et principales salles
d'exposition sont de M. Deglane
Les salles d'exposition sur 1e Cours-Ia-Reine, le
grand salon centralet l'escalierd'honneur à double
révolution sont de M. Louvet.
Enhn 1e hall circuiaire, les galeries et petits
salons où hgurera l'exposition rétrospective des
Beaux-Arts depuis 1e début du siècie, sont de
M. Thomas, ex-architecte du Palais de l'In-
dustrie.
Tandis qu'une armée d'ouvriers travaille aux
deux Palais,une èquipe de sculpteurs a attaquë les
ouvragesdècoratifs quiorneront les pilonesd'entrëe
du pont Aiexandre III.

/.I P07? 771 7l/OV//zi/AAr/l/F
Parmi les monumentsnouveauxdontl'Exposition
va nous gratiher, la porte monumentale du Cours-
la-Reine est certainement celui qui aura eu 1e plus
de vicissitudes et l'un de ceux dont on parlera le
plus, après les grands palais des Champs-EIysèes.
Commandée, décommandée, puis admise. elle a
eu les honneurs de la repioduction sous divers
aspects. Nous avons tenu à examiner 1a maquette
dèhnitive et à voir l'état des travaux.
Nous pouvons dire que M. Binet aura surmonté
bien des difhcultés. Pour Finstant il doit détourner
un égout malencontreux et cela n'est pas fait pour
gagner du temps.
La maquette de la porte est excessivement
curieuse comme ingèniositè et réunion des styles
les plus divers. Quoique l'ensemble soit loin d'être
homogènc, on ne peut que trouver amusant le
rësultat d'une collaboration nmltiple où de tout
jeunes gens ont donné libre cours à leur fantaisie.
La combinaison des sorties, en couloir sou-
terrain passant sous les guichets de l'entrëe, cons-
tituera à elle seule une attraction, si Lidëe est mise
à exécution. Mais tout Fintérêt rèsidera, dit-on,
dans 1e mode d'éclairage de cette porte monu-
mentale ; M. Binet a fait appel aux derniers progrès
dc l'èlectricité et a imaginé de consteller le monu-
ment de milliers de petites cloches de verres de
couleurs renfermant des lampes à incandescence ;
d'autres globes de verre savamment disposès feront
Fofhce de miroirs et, nouvelles planètes, rendront
la lumière èmise par les lampes ëtoiles.
Dans l'esprit des auteurs, les visiteurs auront lc
soir Fillusion de passer sous 1a porte ètincelante
cl'un immense feu d'artihce.