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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,2.1899

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No. IX (Juin 1899)
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Rambosson, Yvanhoé: La sculpture aux Salons
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https://doi.org/10.11588/diglit.34202#0112
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L'ART DÉCORATIF

modèle, changeant avec lui selon sa. pensée du
jour. Dans l'état actuel Rodin a su combiner
ce que donnaient des lignes invariables et des
moments contradictoires pour faire d'Alexandre
Faiguière un buste qui restera parmi ses œuvres
une des plus typiques et des plus parfaites. .
Le chef d'œuvre du Salon dit «du Champ de
Mars)) rne paraît étre sans contredit le f/M///'///'///-
de Constantin Meunier. Je suis persuadé qü'à
. cette hgure il n'y a rien à reprendre. Eiie se
dresse victorieuse, au-dessus de toutes les autres,
dans sa simplicité géniale. Le naturei de
l'attitude dans la précision du geste et la sobriété
des détaiis en fait un monument unique dressé
à la glorihcation du travaii dur et honnête.
Ii faut iouer 1a Vilie d'Anvers d'avoir piacé
sur une de ses voies 1e bronze de cette hgure.
On ne saurait donner au prolétaire une image
de lui plus hère et de plus bel exemple.
Jef Lambeaux est cette annëe largement
représenté par quatre de ses oeuvres : A/'///<?/'//s',
groupe en plâtre représentant Adam et Eve
s'enfuyant après lafaute, courbés sous l'anathème
divin. Cette œuvre bien caractéristique du talent
de Jef Lambeaux compte parmi les trois ou
quatre plus belles manifestations scuipturales
de cette annèe. Jef Lambeaux est hamand.
Son art aussi est hamand. Le Aàv/zwvA vit in-
tensément par 1a répartition savante de 1a lumière.
Ce groupe Rambe d'une clarté qu'animent des
ombres habiles, et l'ensemble est coloré comme
unRembrandt. Lacouleur, c'estcelasurtoutque
Lambeaux cherche à obtenir et c'est pourquoi
les questions d'éclairage sont pour sa sculpture
questions de vie ou de rnort. Dans un autre
de ses envois, A//f/'/7'/7, toute l'expression meurt
d'être contemplée dans un jour dèfectueux.
II en est de même pour AA///<v/Ay, groupe en
bronze où la iorme humaine s'enchevëtre avec
celle du tigre dans un duel dont 1e scuipteur
a su exprimer toute 1a violence.
Quant au ^<?/Yr//A Æ A. . . ., toujours
par Jef Lambeaux, il est mieux situé dans sa
lumière. II frappe par ses côtès inattendus et
puissants. Le modèle est un homrne d'une
grosseur peu commune. Son ventre a plusieurs
bases et son menton se stratihe. Jei Lambeaux
a su tirer de cet arnas de chairs humaines une
signihcation imposante. L'homme est ià, ter-
riblement assis dans un fauteuil d'où il s'élève
par étages, un poing voiontaire sur la cuisse
droite et i'autre poing posant sur i'appui du
fauteuil une menace puissante. De cet industriel
JefLambeaux a fait un symbole. Ce n'estpas
là un capitaliste quelconque, c'est la personni-
hcation même du Capital et de i'Industrie dans
leur force inteliigente et inexorable.
M. Emiie Bourdelle sernble devoir être plus tard

1e continuateur de Rodin. 11 est panni les jeunes
celui qui sait allier le plus d'intensité à une vision
personnelle et à un travail consciencieux. Son
groupe intitulè A// C//<f/7'<c et sa tête de A<v Dd-
/ù//y^- sont des preuves de l'ampiitude de ses
conceptions et de l'ènergie de son tempèrament,
de même que le rnarbre des yA/A C/Acfj nous
le montre sentimental et attendri à ses heures.
11 iaut avoir ioi dans l'avenir de ce pur artiste.
Ahd^ AAM de M^'^ Claudel est une sorte
de chef d'œuvre et son Æ/y/Æ/' <A Æ. A- r<?////<?
/A Æ. . . en est une autre. Depuis Carpeaux
on n'a rien fait de plus mouvementë que l'Aor
Ay///t La Jeunesse, personnihèe à genoux, tend
dèsespèrèment les bras à l'homme qui s'èloigne
d'elle et que la Vieiliesse, vers laqueile ii tombe
à regret, attire et guide dèjà. Rien de plus
dramatique et rien non plus de plus vivant dans
le iantastique, tant cet homrne marche et tant
ces deux femmes sont expressives dans leur
mouvement.
Le Ab/V/vz//' Ar Æ A rr////'r <A? Af . . . est
une œuvre d'une rare aristocratie. L'attitude
est hère, le regard est franc et altier, la bouche
sensuelle et sentimentale semble frèmir. C'est
là une beile chose dans la belle matière d'un
marbre unique, poli, luisant et colorè, qui tient
à la fois du stuc, de l'albatre et de la cire.
M. Niederhausern-Rodo expose un Verlaine
que nous connaissons pour l'avoir déjà vu et
dèjà loué. Le sculpteur qui a connu le poëte
i'a représenté tel qu'il ètait dans ses moments
de profonde et pénètrante rèverie.
Le y/'g/ù/' Æ ydw/*<?/'//<? f// ^/'<f/'/'/' de M. Aris-
tide Rousaud est curieux par les deux tendances
qu'on devine avoir successivement dominé
dans la rèalisation de ce monument. La jeune
femme qui surmonte l'ensemble est d'un art
èlègant, proche celui de Lalguière, tandis que les
deux formes enlacëes qui sont au bas du rocher
sont d'un artiste qui a ètudié les œuvres de
Rodin et qui les aime. Que M. Rousaud se laisse
aller à la libre expression de son tempèrament
et nous pourrons beaucoup espèrer de lui.
M. Lix-Masseau se complait, lui, dans des
créations dèlicates et dans des recherches de
patines prècieuses. 11 faut le fèliciter de la
gràce langoureuse des personnages de A<? A<?/*//-
f<?A <f// AA////</ et du charme de ses bustes
patinés.
M. Pierre Roche expose un haut-relief en
plomb d'un certain caractère qu'il intitule A<?
Aù//////<f Æ A<?M, et M. Joly un Æ<gc-////7//'
c<?/'<?/'//' y^<?///' /<? ////M ù f 0/*////// /Zh///?' <?<?/<?//////<f/'
/<?///- /*/?///f<f<?//. Le modelé de cette hgure est
bien vivant et d'une jolie coloration blonde.
Ce reprocherai simplement aux parties infèrieures
d'être trop lourdes.

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