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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,2.1899

DOI issue:
No. IX (Juin 1899)
DOI article:
Jacques, G. M.: L' art appliqué et l'architecture aux Salons
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https://doi.org/10.11588/diglit.34202#0117
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L'ART DÉCORATIF

très-importante comme volume, et peut-être
M. Henri Sauvage a-t-il pu déployer plus com-
plêtement aiileurs son juste sens de l'art dome-
stique et ses qualités de dessin ; néannroins, ces
meubles sont d'un excelient esprit, et plusieurs
de leurs dètails — ies parties en bronze par
exemple — tout-à-fait gracieux.
M. Pierre Selmersheim, en grand progrès,
expose notamment un iit bas dont i'ensemble
est bien venu, et certaines parties remarquables,
en particuiier le pied. A d'autres places, un
peu d'exubérance peut-être, qu'expiiquent ies
vingt-cinq ans de M. Pierre Seimersheim ....
et qui passera comme eux. Le dessus de iit
et une jolie frise Roraie qui surmonte le fond
dënotent le goût et ia faciiité de M. Pierre
Selmersheim comnre dècorateur de surfaces.
Un autre jeune architecte, M. Fagnan, ètaie
un grand meubie d'antichambre qui ne manque
pas d'invention, ni de qualitès de dessin. Mais
trop de iignes, trop de bras .... ceià n'est
pas du bois dècoupé, et en a l'air. Quand
M. Fagnan aura reconnu qu'ii faut simpiiher,
ii fera de très-bonnes choses.
La manière de M. G. Serrurier s'est un peu
transformée dans l'ensembe qu'ii nous montre
cette année (une saiie à manger). Le caractère
de simplicitè subsiste, mais reievè maintenant
par queique recherche du dètail. M. Serrurier
garde du reste dans cette recherche la sobrièté
dont on ne saurait sortir sans aitérer ie carac-
tère domestique auquei il tend avant tout, avec
raison; l'abondance et le trop grand dèveioppe-
ment des appliques en cuivre dont ses meubies
sont garnis donnent seuis une note dètonnante.
La prèpondérance accordèe à un moyen de
dècoration si artihciei n'est pas sans surprendre
chez un artiste d'un goût ordinairement sûr.
M. Beilery-Desfontaines, peintre et sculpteur,
nous transporte vers une conception d'art toute
diifèrente. Ici, l'aiiègorie règne sur toute la ligne.
Oiseaux nocturnes sculptès aux pieds, hgure du
silence marquettèe à ia tête. Nous sourions
des Cupidons et des hambeaux d'hymènèe de
nosgrand-pères; prenons garde de tomber de
Charybde en Scylia. On ne peut cependant dire
que i'objet usuel ne soit ici qu'un prètexte à
beaux-arts, comme nous ferons tout-à-i'heure
dans ie cas de M. Carabin. M. Bellery-Des-
iontaines se montre au contraire soucieux de
faire ressorter chaque point d'une bonne con-
struction, d'accuser ies fonctions, de rendre
même i'objet pratique en son empioi. Mais
en mème temps, tous ies moyens de dècoration
imaginabies s'y donnent rendez-vous, donnant
à son caractère on ne sait quoi d'insolite. Chaque
partie est parfaite, i'ensemble n'est qu'ètrange.
Pourquoi? c'est difhciie à dèhnir; ii y a ià

matière à mèditation sur quelque obscure loi
d'unitè.
M. Carabin, lui, n'essaie point de dissimuier.
Ii a le courage de son opinion. Pour iui, un
meuble, c'est une femme sculptée en bois —
et joiiment bien sculptée, car sur ce terrain-ià,
M. Carabin n'a personne à redouter! — le
reste ne compte pas, on ie donne par-dessus
le marchè. 11 fut un temps où celà nous
paraissait un déh au bon sens. Mais on se
fait à tout — et la franchise de M. Carabin
dèsarme la critique. Pour peu qu'ii conhne
sa manière d'entendre l'art appliqué à des fan-
taisies telie que ceiles qu'il nous montre cette
annèe, où la femme tient entrouvert un carton
dressè contre la table où l'on dèposera les pa-
piers qu'on en tire, nous la trouverons pleine
d'esprit; ces bibelots gigantesques ne nous
sembleront pas plus dèplacès dans un milieu
de tailie proportionnèe à la leur que ceux
d'èchelie moindre dans une pièce de grandeur
ordinaire. Malheureusement, les cas sont rares;
où le meuble puisse se rèduire à un simple
jeu d'esprit; M. Carabin n'a pas beaucoup de
chances de doubler la demi-douzaine.
Pour en hnir avec le meubie, il faut citer
encore M. Majoreile. M. Majorelle n'a envoyè
cette annèe que deux meubles de saion, qu'on
ne saurait ranger parmi scs meiiieures pro-
ductions. Ii se rèserve probablement pour ipoo.
Dans le vitrail, peu d'envois cette annèe.
Deux cartons de M. Brangwyn, qui expose à
une autre place d'intèressants tapis. M. Fèiix
Gaudin nous montre une vaste composition
de M. Tardieu, destinèe à l'hôtel-de-ville de
Dunkerque et reprèsentant Jean Bart reçu par
ies autoritës de sa vilie nataie après la victoire
du Texel. Nous n'avons à parler de cette
œuvre d'art ohiciel que pour en reconnaître
les belles qualitès d'exècution. Le joli dessin
d'un panneau de M. Bourgeot, mis en vaieur
par la gamme de rutilances des verres, et
l'harmonieuse distinction d'un autre panneau
de M. Guèrin nous touchent davantage ; ces
œuvres permettent d'attendre beaucoup de ces
jeunes artistes.
Enhn, parmi les dessins d'architectes, — peu
nombreux à la Sociètë Nationale des artistes —
ènumèrons ceux de M. Benouvilie, de M. Plumet,
de M. Gardelle. Quant à ceux de la Sociètè
des artistes français, ils sont trop . . . . et c'est
toujours la mème chose.
Faut-il une conciusion? Nous l'avons dite
en commençant. Pour l'art appliquè, Salon
d'attente, tout juste intéressant. Beaucoup
d'absents, encore plus de redites. Attendons.
G. M. JACQUES.
 
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