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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,1.1899/​1900

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No. 14 (Novembre 1899)
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Jacques, G. M.: Du compliqué au simple
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https://doi.org/10.11588/diglit.34203#0072

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L'ART DÉCORATIF

du progrès, est cette fois un préservatif contre
les insanités qu'on voit surgir à droite et à
gauche sous prétente de rénovation de l'art.
D'ailleurs, la tâche n'est pas seulement de trouver
ce qui n'existe pas encore, elle consiste d'abord
à éliminer ce qui est de trop dans l'existant.
Pour parler un langage concret, le goût, et même
la raison, peuvent-ils approuver qu'on réunisse,
qu'on entasse dans un mêmeintériettr des éléments
qui tous, sans exception, depuis les murs et le
plaiond jusqu'au dernier bibelot, disparaissent
sous une formule décorative à peu près uni-
forme, ne conservant ainsi plus de forme à
eux, plus de caractère à eux, plus rien qui
distingue essentiellement leur mode d'effet sur
nous de celui de l'objet voisin? Qu'est-ce que
les grands artistes inconnus, auteurs des temples
doriques dont je parlais tout-à-l'heure, ces Grecs
dont nous sommes fiers de réclamer la succes-
sion penseraient de cela, s'ils pouvaient revenir
pour un jour en ce monde?
Les formules purement décoratives, quelles
qu'elles soient, les bonnes comme les mauvaises,
engendrent vite la lassitude par leur répétition;
répétition inévitable parceque les imaginations
assez puissantes pour en créer de nouvelles n'appa-
raissent que de loin en loin. Le chapiteau
corinthien — je reprends cet exemple — est
incontestablement une belle formule décorative;
mais de le voir sur la façade de chaque édifice,
de chaque maison, cent fois en un quart d'heure,
on en a la nausée. Le chapiteau dorique, qui
n'a pas de décor, ne fatigue pas ainsi. Vous
pouvez vous promener indéfiniment entre deux
colonnades de cet ordre sans que votre œil
s'en ennuie autrement.
Il n'y a qu'une chose qui ne lasse jamais,
c'est le simple, parceque le vrai n'est jamais
que dans le simple. Dans peu d'années, les
nouvelles formules décoratives paraîtront aussi
fastidieuses que celles d'antan, si nous les pro-
diguons à tort et à travers, si nous en affublons
indistinctement toutes choses avec lesquelles
elles n'ont aucun rapport.
Le premier pas vers un art domestique mo-
derne doit être d'établir plus nettement le
caractère de ceux des éléments de nos inté-
rieurs qui sont d'ordre purement constructif; de
les débarrasser des superfluités d'une soi-disant
décoration à contre-sens, d'en raffermir les
formes émasculées par la trop tyrannique do-
mination du style Louis XV. Les lignes de ce
style sont d'origine orientale, dit-on: c'est-à-dire
qu'elles représentent les instincts, et peut-être
les nécessités matérielles de races bien différentes
de la nôtre. Je ne vois pas du tout que le
Louis XV soit, dans le passé, le style français
par excellence, comme on le prétend souvent;

il m'apparaît au contraire comme une ex-
ception presque inexplicable, une anomalie dans
l'enchaînement de nos styles qui tous, depuis
Clovis presqu'à Napoléon, sauf cette seule ex-
ception, ont toujours eu pour base la ligne
droite. Dans le gothique aussi bien que dans
le roman et dans le néo-romain, tout support
est rectiligne. En tous cas, si l'on veut partir
du Louis XV pour rechercher de nouvelles
formes, il faut en régénérer les lignes par une
transformation profonde; ce n'est qu'à cette
condition qu'elles peuvent entrer dans la con-
struction.
Ici, bien qu'en commençant ces article, je
ne me fusse point proposé d'entretener le lec-
teur de personnalités, je ne peux n'empêcher
de citer le nom d'un homme qui fait, selon
moi, l'œuvre artistique la plus nécessaire à la
France en ce moment, parceque cette œuvre
répond exactement au programme que je viens
d'exposer: celui de M. Ch. Plumet. De quelle
que façon qu'on apprécie le degré du bonheur
avec lequel il accomplit chaque point de cette
tâche, il revient en tous cas à M. Plumet l'hon-
neur — et ce n'en est pas un mince — d'orienter
le premier le goût français vers l'avenir dans
une voie de logique et de raison, en restant
dans les traditions nationales. Dans un article
précédent de cette revue, j'écrivais cette phrase:
«Peu d'artistes ont de fart domestique une
conception si juste que MM. Plumet et Tony
Selmersheim; /C M? TAu/vX/N/ x/v/QX/v/A
^ gwA/wA h 7/77 û/X/Xw/ç X h
M///*?/// hA uû/Xx çvX A est réglée
par eux avec la sûreté du chimiste pesant les
ingrédients d'un mélange sur la balance de
précision.^ Qu'on me permette de la répéter
ici, parcequ'elle précise un des grands mérites de
l'œuvre de ces artistes, et fixe le point d'intérêt
général sur lequel je voudrais appeler très par-
ticulièrement l'attention.
Quelle que soit la valeur —- et elle est
grande — des travaux des artistes qui se sont
tournés depuis quelques années vers l'art déco-
ratif, ces travaux resteront à l'état d'unités
isolées et n'auront pas de résultat général aussi
longtemps que les architectes n'auront pas établi
chez nous — comme ils l'ont fait en Angleterre
- le cadre dans lequel ces travaux doivent
trouver leuryhxX X 7*<Xxu////<3ÛX place. Qu'on
fasse des étoffes, des papiers peints, des meubles,
des vitraux, des bronzes intéressants, parfait;
mais avant tout, qu'on prépare le milieu dont
ces belles choses ne sont que les accessoires;
accessoires nécessaires, mais inutilisables en
bonnes conditions autrement. Notre architec-
ture d'intérieurs a besoin d'être réformée
autant que celle des façades.

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