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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,1.1899/​1900

DOI Heft:
No. 15 (Décembre 1899)
DOI Artikel:
Reboux, Paul: André Morisset
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https://doi.org/10.11588/diglit.34203#0126

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L'ART DECORATIF

a le respect du ton-sur-ton. Là est la manière
de les marquer au véritable cachet aristocratique.
l'ai dit qu'André Morisset ne modifie jamais
la nature sans une raison suffisante. Il faut
ajouter qu'il n'y cherche comme source d'in-
spiration que ce qui est modifiable.
«Schématiser)), telle est sa formule favorite.
Souvent même il ne tente pas de suggérer
la Heur ou la plante par une représentation
élémentaire. Il y cherche seulement des lignes
harmonieuses, des sujets d'ornements purement
linéaires.
Ce mode est un des plus précieux et de
ceux qui conviennent le mieux à nos âmes.
Nous n'avons plus le temps de fleurir nos
esprits d'images. La pompe extérieure du
XVIL siècle, l'obsession voluptueuse de la
régence, le césarisme romain de l'empire ne
sont plus nôtres. Confus et multiples, nos
aspirations et nos goûts paraissent peu propres
à être divinisés par les artistes et pliés à cette
décoration faite pour charmer nos vies. Les
champs, même, nous attirent médiocrement.

Nous aimerons peut-être les heurs dans les Vases,
mais à la condition que la heur soit étrange
et la vase inattendu; encore faut-il une discrète
dissémination de ces objets à l'intérieur de nos
logis. Inquiets, âpres, incrédules que noussommes,
nous avons perdu la paix de l'existence en même
temps que la paix de notre pensée. Aussi
voulons-nous pour nos yeux ce que le tourment
de vivre refuse à nos âmes, de la douceur, de
la simplicité.
Ses recherches, André Morisset nous en a
fait grâce pour nous présenter seulement le
total pondéré de ses efforts. Son inspiration du
premier moment s'est assagie et a pris possession
d'elle-même. Il ne tombe jamais dans le baroque,
le biscornu et le surchargé; il ne violente pas
notre imagination et ne l'oblige pas à chercher
le sens d'entrelacs compliqués, à reconstituer
la forme trop altérée des choses familières, à
supporter des couleurs heurtées en dissonnance
violentes et laborieuses. Des tons éteints, de
grandes lignes calmes, du repos : tel était notre
vœu intime. Il l'a compris, il l'a réalisé.
PAUL REBOUX


A. MORtSSET

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