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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,1.1899/​1900

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No. 16 (Janvier 1900)
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https://doi.org/10.11588/diglit.34203#0204

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L'ART DÉCORATIF

leur genre, ces vases sont la perfection, et le
genre est ce qu'on peut rêver de plus exquis.
Dans les porcelaines de la manufacture de
Copenhague, plus anciennes et plus connues
en France, les pâles tonalités du décor flottent
entre les bleus et îes gris-verdâtres. Dans
celles de Rôrstrand, c'est au rose ou au mauve
rosâtre que vire la grisaille des motifs; mais
quel rose! si naissant, si pâle, qu'il est à peine
un reflet sur la neige sur laquelle il gît.
Sur ces vases, tout est fait comme par les
doigts subtils d'une fée du Nord. Le décor
est en relief par places; mais en relief si léger
que ce n'en est pas un. La fleur naît d'un
côté dans le fond même pour se relever un
peu, un tout petit peu de l'autre côté. Cet
admirable doigté trace un décor Aoral que je
n'hésite pas à qualifier d'insurpassable. C'est
le charme et la distinction même dans l'appa-
rente simplicité; apparente, car pour déterminer
avec cette exquise justesse la place du décor
dans l'ensemble, ses rapports d'étendue et ses
relations géométriques à la forme du vase, pour
établir ces groupements de Aeurs qui restent
si modestement subordonnés, qui ne cherchent
pas même l'aumône d'un regard, et qui sont
pourtant la grâce, le charme, le naturel mêmes,
il faut une science peu commune de la com-
position. J'ignore comment est composé le
personnel de décorateurs de la manufacture de
Rôrstrand, s'ils sortent des plus hautes écoles
d'art ou de rangs plus humbles; que ce soit
l'un ou l'autre, ce sont de savants et excellents
artistes, qui font honneur à leur pays. En se
les attachant, leur directeur M. Wallander a
prouvé que les capacités de l'organisateur égalent
chez lui le rare talent de l'artiste. j.

îles idées très-particulières sur la beauté du
^ livre se répendent en Allemagne, au moins
dans la sphère des bibliophiles; c'est â elles que
se rapportent les ornements de livre de M.
R. E. Weiss reproduits ici.
Dans ces idées, le livre prend un aspect
vieillot, sévère.* Il veut être correct, il n'est que
rébarbatif. Il est imprimé en gros caractères
gothiques sur papier à la forme, les croûtes de
la tranche non rognées; sa couverture est de
couleur terne et triste, les alineas du texte sont
remplis par des rangs de clous, faisant de chaque
chapitre une masse compacte et monotone. S'il

y a quelques ornements ça et là, ils prennent
les formes plus que naïves de ceux dont nous
donnons quelques échantillons. D'illustrations,
il ne peut être question; tous les concours oAerts
au livre par l'invention moderne sont refusés
haut la main.
Cela est fait avec beaucoup de soin, et est
assez coûteux.
Evidemment, le caractère gothique demande
un autre traitement du livre entier que le carac-
tère romain, et nous, Français, habitués au
second, n'avons pas qualité pour juger de ce
qu'il faut au premier. Cependant, il semble
que les idées qui viennent d'être résumées sont
plutôt un recul qu'un progrès. Il y a là quelque
chose qui n'est pas de notre temps. Pourquoi,
par exemple, le papier à la forme? L'industrie
d'aujourd'hui produit cent variétés de papier
plus agréables à l'œil que celui-là. Ils sont
mauvais, c'est-à-dire que dans cent ans, dans
cinquante ans peut-être, grâce au chlore qu'ils
retiennent, il n'en restera que de la poussière.
Mais qu'est-ce que celà fait? Les livres ne
sont plus destinés à se transmettre de génération
en génération. Ils sont lait pour maintenant,
et non pour plus tard. On s'en sert, et
quand on en a tiré le plaisir, l'instruction, le
bien moral ou l'utilité qu'on voulait, on les
laisse, c'est Ani. Le vrai caractère du livre
d'aujourd'hui, c'est d'être éphémère. C'est peut-
être un mal, peut-être un bien; en tous cas,
c'est ainsi, et rien ne sert de lui rendre, sous
prétexte de durée, voire même de correction,
l'aspect morose d'autrefois au lieu du plaisant,
du brillant, du saisissant, de l'inAniment varié
que nous tendent des deux mains les ressources
du présent.
Il est assez étonnant que l'Allemagne, où la
renaissance de l'art prend un caractère plus
pratique que dans aucun autre pays, commette
une erreur de ce genre. Elle en reviendra.
o. G.

TAans le n° iq, nous avons reproduit des
^ meubles de salle à manger de M. J. Thorn-
Prikker exposés au salon «Arts and Crafts» à
la Haye. C'est également à l'obligeance des
directeurs de ce salon d'art que nous devions
la reproduction de l'originale cheminée de
M. Thorn-Prikker dans le même numéro.


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